Bac: anti-perles d'élèves intelligents contre perles trop faciles. Et si les journalistes se faisaient "moraliser" aussi? il faut lire So Film cet été!
La revue de presse, bonjour Hélène Jouan
On commence par une bonne claque aux idées reçues
« Non, le lycéen d’aujourd’hui n’a pas le QI d’une huître » : c’est le cri du cœur d’une prof de lettres du Val de Marne, Françoise Cahen lasse d’entendre ressasser, ah nos enfants n’ont plus le niveau, lasse de constater que sur les réseaux sociaux et en librairies, certains collègues font leur beurre des « perles » des candidats au bac, ces inepties qu’il est si facile, mais aussi un peu malsain à la longue, de railler.
Françoise Cahen a donc lancé hier soir un site participatif d’anti-perles : ces belles choses trouvées dans les oraux et les écrits du bac. C’est Violaine Morin sur le big browser du monde.fr qui s’en fait l’écho. Succès immédiat. Des profs se sont précipités pour relater les éclairs de génie de leurs candidats, dans toutes les séries, dans toutes les matières. Des parents disent « merci »
Ecrit d’invention du bac S, un élève conclut son devoir après le visionnage d’un film sur les migrants : « quel héros a plus de courage qu’un enfant qui prêt à traverser 1000 tempêtes afin de fuir celles qui l’habitent » écrit-il.
Oral du bac français, Cyrano de Bergerac, la lycéenne sage disserte sur la mort de Cyrano, langue impeccable, explication structurée. Mais à la question de la prof, « Finalement, vous, vous pensez quoi de l’héroïsme de Cyrano ? », Lueur d’orage dans son regard, elle se lâche enfin « sincèrement ? je trouve que ce personnage est nul ! être entravé toute sa vie par un complexe ridicule, son nez, et prendre ça pour de l’héroïsme! Cyrano a tout raté ! son amour ? il est passé à côté et il faudrait le féliciter ? Sa mort, avec cette poutre qui lui tombe sur la tête ? minable »
Eclairs de génie, de poésie, de pensées affranchies, non les lycéens d’aujourd’hui n’ont pas le Qi d’une huître, Françoise Cahen estime même qu’ils sont meilleurs qu’il y a une dizaine d’années à l’oral. Une claque au « c’était mieux avant »
On en vient à la politique, sur des sujets qui vont particulièrement vous intéresser Nicole Belloubet
Un ex d’abord, ex garde des sceaux, ex député socialiste qui de là où il est aujourd’hui…ne défend plus l’Etat d’urgence, qui doit être prorogé une fois encore par l’assemblée nationale aujourd’hui. Oui, la dernière fois Jean Jacques Urvoas avait soutenu cette prorogation, mais c’est pas pareil, il était ministre se justifie-t-il. Désormais il affirme dans Libération « que ce régime d’exception n’est plus utile », d’abord parce qu’il était un outil de réaction, désormais affadi puisqu’il dure, ensuite parce que la loi de juin 2016 a apporté aux enquêteurs les outils manquant à leur efficacité. Du coup, Jean-jacques Urvoas dit aussi ne pas voir de « plus-values » à la future loi antiterroriste du gouvernement qui vise à pérenniser un certain nombre de mesures de l’état d’urgence.
Plus marrant, si je puis me permettre, la contre-attaque de certains sénateurs, énervés par les nouvelles contraintes de la loi de moralisation de la vie publique, mais conscients que toute tentative d’entrave serait mal vécue par l’opinion publique. François Zochetto, patron du groupe UDI au Sénat a eu la riche idée de préparer 2 amendements, pas encore déposés pour imposer la moralisation à d’autres professions, et à qui, devinez ? « Le sénateur qui veut faire la morale à la presse », c’est Nicolas Cori sur le site Lesjours.fr qui sort l’info. Le but serait d’imposer aux journalistes, les mêmes règles qui incombent aux lobbyistes. Tous seraient obligés de communiquer à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique, « les dons ou avantages en nature, ainsi que les colloques, manifestations dans lesquels ils se commettent en échange d’une rémunération » ce qu’on appelle dans notre jargon, les « ménages », interdits par les chartes de déontologie des journalistes, pas toujours respectée il faut l’avouer. A déclarer aussi, tous les voyages, prestation offerts à un journaliste dans le cadre de la préparation d’un sujet. Attention, on ne rigole pas, la haute autorité aurait toute latitude pour contrôler ces déclarations, et pas question de se retrancher derrière le secret professionnel des sources. A la clef une menace réelle, 1 an d’emprisonnement et 15 000 euros d’amende pour le plumitif contrevenant, et même un chantage aux aides à la presse. Les motivations du sénateur Zochetto ? Selon une source off au sénat, elle est toute simple « y a pas de raison que les politiques soient les seuls à trinquer auprès de la haute autorité ».
Nicole Belloubet, si ses amendements devaient être déposés par le groupe UDI au Sénat, les soutiendrez-vous ?
Que disent-ils ? la réticence de certains politiques à aller plus loin dans la contrainte et la transparence, le ressentiment de certains ?
On poursuit avec la politique, en bref Hélène
Le parti Les Républicains, perturbé pour le moins par sa défaite à la présidentielle et éparpillé façon puzzle face à Emmanuel Macron et son gouvernement, a lancé hier soir ses Ateliers de la Refondation. On apprend dans le Figaro grâce à Jean-Baptiste Garat que s’ils ne sont pour l’instant d’accord sur rien, date du congrès, chef, ligne politique etc, ils ont en tout cas UN modèle de stratégie. La compagnie G7. Les taxis, oui. « quand les taxis G7 ont failli disparaitre face à la poussée d’Uber, ils ont tout repris à 0 en faisant un audit complet. Aujourd’hui, ils ont une offre renouvelée qui fonctionne très bien. C’est comme ça que ça marche dans le monde de l’entreprise, c’est comme ça qu’on veut procéder avec les Républicains » explique un représentant de la nouvelle génération du parti. Entreprise, ton horizon indépassable…
Et puis est-ce encore de la politique ? Mais après tout pourquoi pas, puisque le président a promis de lui créer un statut. « Brigitte Macron cherche sa voix », curieusement orthographiée avec un X et non un E, nous dit Le Parisien ce matin. Elle sera ce matin aux côtés de son mari pour lancer le 4ème plan autisme, un sujet qui lui tient à cœur, elle songe d’ailleurs à créer une fondation mais craint par-dessus tout parait il, d’empiéter sur le territoire des ministres en charge du dossier. En tout cas, si elle cherche sa voix, elle a trouvé ses meubles ! Gala, est sans doute l’un des très rares hebdos cette semaine à assumer faire sa Une sur Brigitte Macron, et pas sur Simone Veil. Article dithyrambique sur la « brigitte touch » à l’élysée, « femme cultivée, volontaire, qui protège de la pression par sa bonne humeur », et reportages photos fournis par Bestimage, l’agence de la désormais célèbre Mimi Marchant: on y voit Brigitte Macron faire son choix de tapis dans les réserves du Mobilier national, et opter pour un bureau très moderne créé par Matali Crasset, « une femme » souligne la légende. « la parité passe aussi par le mobilier »… Rien n’est laissé au hasard
On termine par un conseil de lecture
Une injonction à lire So film ! Numéro d’été qui s’intéresse aux liens politique et cinéma. Un sourire, à quoi reconnait-on un mauvais film de gauche ? 20 indices dont celui-ci, « il fait gris et y a des usines en arrière plan ». Plus sérieusement, en piochant vous y découvrirez que Pablo Iglésias, le héros de Podemos en Espagne est aussi prof d’analyse politique de ciné à l’université, que le cinéma lui permet d’expliquer des concepts politiques très complexes, et que le plus grand acteur politique pour lui, c’est de Gaulle ! de gaulle…vous y découvrirez les ivresses du pouvoir des Saddam Hussein ou Mouamar Kadhafi qui allèrent jusqu’à se faire les scénaristes de leurs propres films à leur propre gloire, ou encore le dialogue passionnant entre réalisateurs français sur la difficulté de filmer le pouvoir. Ca se montre comment, à l’image le pouvoir, la prise de décision ? So film, vous avez tout Juillet/août pour en profiter. C’est de la politique, mais « en même temps », comme dirait l’autre, c’est du cinéma
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