On combattra le fanatisme par le débat et la théologie, dit à Ouest-France, le Monde, la Croix, un Dominicain!

France Inter
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Adrine Candiard, affirme que les religions ne sont qu'une opinion et le croyant, sur de sa foi supporte la critique, le Figaro, Libération et le Point l'avaient déjà interrogé avant Conflans, il revient nous faire douter. Un strasbourgeois est descendu à Narbonne menacer sa fille étudiante et lesbienne, l'Indépendant.

On parle de Dieu ce matin...

Dieu que les fanatiques ignorent, car ils croient les fanatiques qu'ils sont les propriétaires de Dieu, et le minorent à leur haine quand il est plus grand, "plus grand que ce que l'on peut en dire, plus grand que ce que je peux en comprendre"...  

Ainsi parle ce matin à  une France endeuillée par un islamiste assassin un prêtre dominicain nommé Adrien Candiard. Il vit dans un couvent au Caire en Egypte, il est islamologue, il vient de publier aux Editions du Cerf un livre qui sonne comme un juste glas: "Du fanatisme, quand la religion est malade". 

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Et c'est lui que la Croix, Ouest-France et le Monde ont choisi d'entendre après la tragédie de Conflans-Sainte-Honorine. Sa voix dissone dans l'atmosphère de raison ou de combat laïque qui prévaut dans nos journaux ce matin, quand Libération titre "Liberté, j'enseigne ton nom" à l'imitation du poème d'Eluard sur la résistance.

Candiard prend notre contre pied et explique ceci. Nous sommes en échec face au fanatisme parce que nous le considérons mal. Nous croyons depuis les Lumières  que le fanatisme naît d'un excès de religion, et qu'il faudrait donc la réduire dans l'espace public, Candiard dit au contraire que le fanatisme vient d'un manque de religion, il ne faut pas le considérer comme une déviance sociale ou psychologique mais comme une erreur religieuse, qu'il faut combattre par la théologie...  Et il développe. 

"La principale erreur théologique du fanatisme est de ne pas laisser de place à la foi. Derrière la référence constante à Dieu, il y a un remplacement de Dieu par d'autres objets, tels que le culte ou les commandements, qui ne sont pas Dieu. Ces objets finis et limités sont dès lors appréhendés comme absolus et illimités, ce qui est une erreur théologique bien connue sous le nom d'idolâtrie." face à cette idolâtrie, il faut opposer l'idée de Dieu qui est infini. "Cette infinité est l’antidote : le croyant qui adore Dieu sait qu'il n'aura jamais prise sur lui. Le fanatisme, au contraire, croit pouvoir le posséder »… Et pense le venger quand il n'agit en fait qu'au nom de sa susceptibilité...

Et nous voilà donc ce matin conviés à une discussion sur Dieu quand nous portons de deuil d'un prof de la laïque. Candiard est-il une ruse? Il est selon le Point "l'essayiste catholique le plus vif de notre époque" - le Point qui comme le Figaro et Libération avaient déjà interrogé le religieux avant Conflans-Sainte-Honorine -je vous mettrai en ligne les liens vers tous ces entretiens, où Candiard explique qu'il faudrait réintroduire la religion dans le débat public pour qu'elle soit à nouveau soumise à la critique, sur le fond , car la religion dit-il est d'abord une opinion et ses adeptes doivent apprendre, fort de leur foi, qu'ils n'ont pas à souffrir si elle est discutée. 

Ce n'est pas le plus facile des discours ce matin, mais c'est peut-être une autre manière de rendre hommage à Samuel Paty, qui enseignait aux enfants l'art de la pensée, qui forcément réveille nos inquiétudes, quand nous cherchons, dans la peine à nous rassurer... 

Et nos journaux parlent souvent d'unité...

Et nous invitent à y croire et à nous mirer dans des unes aux slogans bienveillants, TOUS ENSEIGNANTS, Vosges Matin, UNIS CONTRE LE HORREUR, Vaucluse matin, LA FRANCE DEBOUT, la Dépêche,  Le Télégramme dit les musulmans bretons solidaires et peinés comme tout le peuple, le Courrier picard raconte l'union des religions à Beauvais, mais à peine lit-on plus avant, que viennent des failles. Tiens dans Mediapart une humoriste nommée Samia Orosemane raconte que hier, dans la manifestation parisienne, une femme s'est approchée d'elle et l'a pointé du doigt, en disant « bande d'assassins ». Elle porte le foulard...  

Ces larmes comptent-elles? L'assassinat de Samuel Paty « fait vaciller toutes nos convictions » reconnait l'éditorialiste du Courrier Picard, François Wojtalik, qui se demande si la justice et avant elles, Des associations fraternelles ont eu raison de soutenir dans leur recherche du droit d'asile la famille du tueur, contre « ceux qui ne voient derrière les demandeurs d’asile musulmans que des terroristes en puissance »... Wojtalik veut le croire, pour ne pas ajouter une débâcle morale à l’horreur.

Le Figaro, lui, ne doute pas, qui en appelle à l'émotion et la colère et peut revendiquer un combat mené depuis longtemps,   que son directeur Alexis Brézet rappelle.  "Le bourreau de Samuel Paty et les militants islamistes qui ont créé les conditions de son acte ne nourrissent aucunement le rêve de bâtir leur société islamique à côté de notre République, ils ont le projet de la remplacer, territoire après territoire, par un régime «pur» gouverné par la charia. Les islamistes ne sont pas des séparatistes, ce sont des conquérants." Et le journal décline ensuite sa vision de notre crise, de notre guerre, et raconte des enseignants qui s'autocensurent, ne parlent plus du Coran ou de l'islam, je lis des témoignages similaires dans le Républicain lorrain, dans Nice-matin... 

Vendredi dernier, comme pour prendre date, le Figaro magazine mettait en une des femmes de confession ou de culture musulmane en lutte contre l'islamisme... L'une d'elle, Fatiha Agag Boudjhalat, est enseignante, et a souvent raconté son travail à Toulouse comme une mission républicaine. Dans Nice-Matin, elle dit ce qu'elle doit à l'école de la République mais aussi, que les profs sont souvent « lâches », « trouillards », qui n'affirment pas l'autorité ni la laïcité. Je lis dans l'Opinion que pour Jean-Pierre Obin, ancien inspecteur qui avait dénoncé les dérives religieuses dans l'Education nationale, « l’islamo-gauchisme » serait majoritaire dans les salles de professeurs... 

Voilà qui tranche avec l'amour des enseignants que l'on portait hier, et encore aujourd'hui...

On parle enfin de menaces...

Qui montrent comment tant de petites barbaries nous assaillent. 

Je lis dans l'Indépendant qu'un homme  a traversé la France depuis Strasbourg où il habite pour descendre à Narbonne menacer sa fille étudiante, qui venait de dire à sa famille qu'elle était lesbienne et vivait avec son amie. ...

Je lis dans le Parisien qu'une dentiste espagnole exerçant à Sathonay-Camp a été dénoncée comme arborant des tatouages nazis par un groupe antifa sur Facebook,  ses employeurs la défendent, elle portait une blouse. 

Dans le Vosges-matin, et d'autres journaux de l'Est de la France, je lis que des joueurs de tennis se font insulter ou menacer sur les réseaux sociaux quand ils perdent un match,  « Tu es une honte pour ce sport », « Prends ta retraite », « j'espère que tu vas mourir ». Les insultes viennent de parieurs déconfits et frustrés d'avoir mal misés

Il est pour nous consoler Arsène Wenger, sémillant septuagénaire dont paraissent les mémoires et qui dit à Libération que son héros est Moïse, qui fut le premier entraîneur du monde, il donnait des règles à suivre à faire respecter, et guida... Dieu et ses hommes, décidément. 

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