Hommage à Shimon Peres, rire de Daech pour le contrer, débat sur la liberté d'expression en France, et Lançon à lire comme tous les mercredis dans Charlie hebdo
La revue de presse, bonjour Hélène Jouan
On commence évidemment par l’hommage rendu ce matin à Shimon Peres, qui vient de disparaitre
« Mon rêve n’était pas d’être président, mon rêve, c’était d’être berger, ou poète des étoiles », confidence de Shimon Peres en 2007, reprise à la Une du journal israélien Haaretz…Ni berger, ni poète des étoiles, Shimon Peres fut de toutes les luttes politiques pour le pouvoir pendant 60 ans dans son pays, « comploteur infatigable » dira de lui son plus vieux rival depuis vieux frère Itzack rabin, mais ce matin, c’est avant tout l’homme de paix qui est célébré sur tous les sites de presse du monde entier.
« Shimon Peres, l’un des derniers survivants de la fondation d’Israel, qui fit plus que n’importe qui pour mettre sur pied la puissance militaire de son pays, père du programme nucléaire israélien et qui oeuvra ensuite, plus que tout autre pour la paix » résume le New York Times. Le quotidien qui rappelle que c’est lui, qui brisa le tabou de parler directement avec l’Olp de Yasser Arafat, lui qui permit de sortir de l’impasse …Lui qui persuada Rabin de la nécessité des accords d’Oslo. Parler avec les arabes, imaginer la paix, « Hier un rêve, aujourd’hui un engagement » disait il. Le Guardian met en ligne un port Folio de la longue, très longue carrière politique de Shimon Peres, passé du labor à kadima, de patriote donc comme disait Bernard Guetta il y a quelques instants, à colombe. Photo de la fameuse poignée de mains avec Arafat en 94 à Oslo, sous le regard de Rabin, tous 2 co récipiendaires du Nobel de la paix, et de Bill Clinton. Photo de rêves brisés, mais hommage unanime ce matin pour celui que Gilles Paris dans le Monde, définit comme « le plus ancien et le moins israélien des responsables de ce pays ». Cet homme cultivé, épris de littérature, parfois visionnaire, et en même temps sinueux, âpre avec ses adversaires comme avec ses alliés, et comme incapable de résister à l’attrait du pouvoir. » Un homme qui rêvait donc d’être berger, mais qui fut président et Nobel de la paix
Comment lutter contre la propagande de l’Etat islamique ? Question souvent posée, et un début de réponse ce matin…
Et s’il suffisait d’en rire ? c’est le site Rue89 qui nous présente une web-série d’animation, où l’on découvre des djihadistes crétins, un chef hypocrite, parodie d’Abu Bakr El Bagdadi, turban noir, barbe longue et rollex au poignet qui passe son temps à jouer à Pokemon go, et sa femme, entièrement voilée, surnommée « fleur d’instagram » pour son amour des réseaux sociaux, mais pas franchement soumise, et même largement critique contre son époux. Ca s’appelle « le Bigh Daddy show », c’est réalisé par un groupe d’activistes, journalistes, écrivains, artistes, spécialistes de l’animation, certains vivent dans les territoires contrôlés par l’Etat islamique.. un des auteurs a confié à Chloé Domat, le sens de leur démarche « l’état islamique a mis la main sur les réseaux sociaux pour terroriser les gens, nous voulons contrer leur discours en occupant la toile avec de l’humour ». On y découvre dans leur quotidien un chef attablé à un festin pendant le ramadan, les soldats qui oublient de combattre trop occupés avec leurs esclaves sexuelles ou encore des djihadistes surveiller l’actualité pour pouvoir revendiquer des attentats qu’ils n’ont pas commis. …Videos sous titrées en anglais, certaines en français, dont le but avoué, est d’engager le dialogue avec les candidats au djihad dans le monde entier. Chaque épisode enregistre aujourd’hui entre 400 000 et 1 million de vues…
En France, Hélène, un amendement du gouvernement qui fait débat
Amendement déposé aujourd’hui au sénat, en cette journée mondiale pour le droit à l’avortement, amendement qui vise à renforcer l’arsenal législatif pour contrer les sites internet distillant, sous couvert de neutralité, de fausses informations sur l’avortement. Le texte précis de laurence Rossignol est à retrouver sur le site Les nouvelles News. Mais ce matin, la Croix pose la question de la liberté d’expression. Si le gouvernement a réaffirmé qu’être hostile à l’avortement est une opinion que chacun peut exprimer librement, certains, les sites visés en premier lieu bien sûr s’insurgent et parlent déjà de délit d’opinion. Comment définir une « présentation faussée », celle que le gouvernement reproche à ces sites de tenir dans le but de dissuader les femmes d’avorter? Au-delà de l’avortement, est posée la question de l’engrenage affirme Adrienne Charmet de la quadrature du net citée par la Croix, il est toujours délicat de sanctionner des mensonges et allégations, quand c’est l’état qui fixe la vérité… »
Un candidat qui fait débat et qui se débat un peu ces jours ci. « Sarkozy, ses amis, ses affaires, ses emmerdes », je pourrais la faire en chantant, à la une de Libération, Libération qui énumère les boulets qui plombent la campagne du candidat à la primaire, du livre accablant de son ex conseiller Patrick Buisson , à ses amis en difficulté comme Bernard Squarcini toujours en garde à vue, jusqu’aux sondages qui ne montrent pas tous la pleine réussite de son effet de Blast.. Et puis il y a ces millions libyens qui refont surface. Enquête de fabrice Arfi et Karl LAske dans Médiapart qui détaille le carnet de note laissé par l’ancien ministre du pétrole de Kadahafi, une pièce aujorud’hui exploitée par la justice. Un petit carnet qui consigne une série de versements occultes au profit de l’ancien chef d’Etat français pour au moins 6 millions et demie d’euros lors de la présidentielle 2007. Un document, nous expliquent les journalistes qui vient briser le principal argument sarkozyste dans l’affaire de ces financements libyens selon lequel le soupçon n’aurait été qu’une construction a postériori du régime Kadhafi pour se venger de la France, pays leader dans la guerre en Libye. Or ce carnet manuscrit, est bien daté de 2007.
Et puis je vous recommande la belle enquête publiée dans le Monde cet après-midi, déjà disponible sur son site sur « les ouvriers de la république ».
« on se plaint que ce sont toujours les mêmes qui font la politique, et bien pour que la politique change, il faut en faire » explique Emmanuel Mezeray, 15 ans à la forge, aujourd’hui conseiller régional socialiste de Normandie. Perrine Mouterde est allée à la rencontre de ces ouvriers, souvent ex syndicalistes, de Gad, d’Arcelor Mittal, aujourd’hui élus, et encore tellement minoritaires dans nos institutions politiques. Ils ont du mal parfois avec le costume-cravate, sont plein de complexes quand ils doivent prendre la parole, en public, devant les media, ce monde nouveau qui fait preuve de tellement de mépris social. Mais tous disent leur volonté de ne pas perdre contact avec la réalité. Il y a les grands discours sur le changement, le renouvellement, et puis il y a eux, qui montent au front, qui y vont, qui osent se colleter à la réalité
On termine Hélène par des nouvelles de Philippe Lançon
Philippe Lançon, grièvement blessé lors de l’attaque contre Charlie Hebdo, livre chaque semaine dans son journal la chronique de sa reconstruction. Je ne vous en parle pas chaque semaine, mais il faut la lire chaque semaine, pour son intelligence, son écriture, sa distance, sa drôlerie parfois…et pour tenter de mesurer ce que vivent sans doute tous ceux qui doivent se re-construire, au propre comme au figuré. C’est son visage, arraché par un tir des frères Kouachi, que Philippe Lançon reconstruit pas à pas. Sa chirurgienne cherche un expandeur pour regonfler son menton. Elle hésite, un double, ça le ferait ressembler à un crapaud buffle vietnamien, ça lui plait bien à Lançon, mais finalement non « on va vous faire un balladur » lui dit elle. « adieux rizières, bonjour Matignon » Lançon s’inquiète « dans quelle mesure ça va altérer ma vie sociale ? » moue de la chirurgienne « à mon avis, pas plus que votre visage actuel ». Suis-je défiguré se demande t il ? Comment mon ancien visage vient il fréquenter le nouveau ? » Questions de menton, d’être plus que de paraitre, Philippe Lançon dans Charlie Hebdo
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