(Patrick Cohen) Dans la presse ce matin : plongée dans l'arène
Et avant de replonger dans la politique, un grain de légèreté. L'une des performances sportives de l'année et même davantage. Rafael Nadal, 7ème titre hier sur la terre battue !
"Force 7 sur l'échelle de riche terre", titre L'Equipe . Ou plus simple : "Légendaire !".
Les grands mots sont de sortie. Car avec 7 victoires à Roland Garros, Nadal fait mieux que Borg. Borg ses cheveux longs, son bandeau, ses vêtements Fila, ses matches contre Mc Enroe... Toute une époque.
"En dépassant Borg à Paris, écrit Fabrice Jouhaud dans L'Equipe , (Nadal) balaie des tranches de la vie de chacun, à moins qu'il les ravive. Le voilà à son tour incarnation du pouvoir absolu sur terre. Héritier autant que croque mort d'une légende vivante"
Même si Nadal, avec son jeu tout en muscles et ses victoires sans suspense sur le court central, n'est pas le plus populaire des champions, Fabrice Jouhaud enfonce un peu plus la couronne de lauriers sur ses cheveux bruns : "Se lasser de l'excellence serait une défaite complète"
L'Espagne à la Une, loin de l'excellence. 100 milliards dépensés pour sauver les banques espagnoles. Mais ce plan de sauvetage "ne rassure pas les marchés", selon Les Echos .
Dans ces conditions, on comprend que pour oublier la grisaille, le site Internet d'El Païs se laisse aller aussi au plaisir des superlatifs à propos de Nadal : c'est le plus grand sur la terre.
Et la presse française est entre les deux sets des législatives
Ce qui se joue dans cet entre deux tours aura des répercussions bien au delà de dimanche prochain, à droite en particulier. Le ni-ni de l'UMP, ni Front National, ni Front républicain...
C'est "Le ni-ni cra-cra de la droite" pour Libération .
Parmi ceux qui condamnent moralement et fermement, Claude Cabannes, L'Humanité :
"Le 15 mai 1987, Michel Noir, une des figures de la droite à l'époque, lançait : 'Il vaut mieux perdre une élection que perdre son âme' La formule n'a pas vieilli d'un pouce et est toujours tranchante comme une lame (...) Nicolas Sarkozy et la droite ont depuis longtemps les yeux de Chimène pour l'extrême droite. La stratégie de campagne de l'ancien président de la République (...) a fait sauter une ligne de démarcation qui tenait à l'écart le territoire néo-fasciste. (...) La soi-disant dédiabolisation du Front National est un leurre dangereux"
Dans Le Figaro , Paul-Henri du Limbert répond avec une autre formule...
Signée Pierre Bérégovoy. Le Front National est "la chance historique" de la gauche avait dit l'ancien Premier Ministre de François Mitterrand.
Quant au front républicain... "Si le but de la manœuvre était de lutter contre la progression du parti d'extrême droite, personne n'osera affirmer qu'il s'agit d'un franc succès. (... Et puis) à quoi servirait-il d'inviter un électeur de droite à voter pour un candidat PS alors qu'on lui explique depuis des mois que le programme socialiste est mortifère ? (...) Le procès instruit par le PS est une stratégie électorale pour saisir à nouveau la fameuse chance historique dont parlait Pierre Bérégovoy"
Pour Bruno Dive dans Sud Ouest , il y a bien à droite une intransigeance vis à vis de l'extrême droite qui est en train de flancher.
A la base singulièrement. Beaucoup rappellent ce sondage selon lequel 2 électeurs de l'UMP sur 3 sont favorables à un désistement en faveur du FN s'il est mieux placé pour battre la gauche.
Le Parisien-Aujourd’hui en France analyse ce ni-ni en pensant au congrès de l'UMP qui se tiendra à l'automne. "Celui qui prendra une position trop dure sur le FN pourra être sanctionné par les militants", analyse un ex-ministre.
Dans Ouest France Michel Urvoy essaye de voir un peu plus loin. Au fond, le ni-ni, « ce non choix peut se comprendre : appeler à voter à gauche pour contrer le FN renforcerait la thèse de l'"UMPS" de Marine Le Pen. (...) Mais cette défense érigée à la hâte ne règle pas la question de la pertinence d'un parti unique de la droite. (…) Un même discours, un même parti peuvent-ils à la fois reconquérir un sud-est exaspéré par l'immigration, le chômage et le banditisme et, dans le Grand Ouest, pallier une démocratie chrétienne dissoute dans le socialisme ? »
Au delà de la stratégie électorale d'un parti, Paul Quinio dans Libération s'inquiète de la porosité idéologique entre UMP et FN.
Conclusion à Hubert Coudurier dans Le Télégramme : "L'héritage de Nicolas Sarkozy, qui a ouvert la voie à des valeurs communes avec le Front National, va être soumis à un droit d'inventaire".
A propos de Nicolas Sarkozy, une information de Paris Match sur son site Internet
La sécurité de l'ancien président sera assurée par 10 gardes du corps, dont 2 chauffeurs. C'est nettement plus que Jacques Chirac qui est protégé par 6 agents + un pour son épouse.
Facture annuelle : 700.000 Euros par an. « Tout ça a été vu avec le ministère de l'Intérieur », assure l'attachée de presse de l'ancien président.
A gauche maintenant, l'épine dans la rose s'appelle Ségolène Royal, ou Olivier Falorni c'est selon.
La candidate officielle du PS, qui postule à la présidence de l'assemblée, face au dissident local de l'étape à la Rochelle.
Philippe Waucampt pour Le Républicain lorrain voit dans le casse tête rochelais "un joli précipité des contradictions dans lesquelles les socialistes de retour aux affaires risquent de se noyer.
La présidente de la région Poitou-Charentes a droit à des égards en raison de son passé de présidentiable et de mère des enfants du chef de l'Etat.
Mais pétri de déontologie, normal, aimant les gens, le nouveau pouvoir ne peut se permettre de jouer, en plus petit format un remake de l'Epad à la présidence duquel le précédent monarque avait laissé son fils postuler. (…)
Résultat, c'est Martine Aubry et Cécile Duflot qui s'y collent en allant aujourd'hui à La Rochelle militer contre l'élection d'un dissident socialiste avec les voix de la droite. Pas vraiment convaincant, même s'il y a un gros fond de vérité », conclut Waucampt.
Dans La République du Centre , Jacques Camus tire déjà une conclusion de ce feuilleton : il souligne « les limites des consignes ou des accords d'appareil, souvent rejetés par la base. (…) On ne force pas la main des électeurs. »
Retour au sport pour finir.
Un mot du match nul de l'équipe de France (1-1) hier face à l'Angleterre. Les titres sont variés, pour La Provence , il n'ya « pas de quoi la ramener ».
20 minutes a vu « Des bleus pâles »
Pour Le Parisien-Aujourd’hui « Il y a de l'espoir »
Ce qui fait parler aussi, c'est le geste de Nasri après son but : le doigt sur la bouche, le regard noir en direction de la tribune de presse et ces quelques mots : « ferme ta gueule ».
La presse a souvent été critique ces derniers temps avec Samir Nasri. Dans L'Equipe , Christophe Dugarry, qui avait eu un geste similaire pendant la coupe du monde 98 trouve des excuses au joueur de l'équipe de France : « Quand tu marques un but dans un stade plein dans une grande compétition t'es dans un état second. »
Nasri a exprimé quelques regrets.
Pour Rue89, cet « incident Nasri, c’est un peu gênant dans le contexte de reconquête populaire des Bleus, que l’épisode des sales gosses de Knysna poursuit toujours. Le plan com’ de l’équipe de France est salement amoché par ces quelques mots de Nasri.
Les Français aimeraient sans doute que les footeux qui les représentent soient un groupe de 23 gars sympas, cultivés et propres sur eux. Ça n’a jamais été le cas mais tant qu’ils jouent au foot, on ne leur en demandera pas tant. »
A demain !
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