Pourquoi sommes-nous si fatigués ?

Enfants, insomnies, vie à 100 à l'heure, travail : pourquoi sommes-nous si fatigués ?
Enfants, insomnies, vie à 100 à l'heure, travail : pourquoi sommes-nous si fatigués ? ©Getty -  CSA Images
Enfants, insomnies, vie à 100 à l'heure, travail : pourquoi sommes-nous si fatigués ? ©Getty - CSA Images
Enfants, insomnies, vie à 100 à l'heure, travail : pourquoi sommes-nous si fatigués ? ©Getty - CSA Images
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"Pourquoi sommes-nous si fatigués ?" C’est la question que pose à sa Une le dernier numéro de "Philosophie Magazine"… En temps normal, c’est dans "Pleine vie" ou "Femme actuelle" que l’on trouve ce genre d’interrogation… et les conseils qui vont avec. Une petite camomille avant d’aller dormir, bien fermer les volets…

Dans nos sociétés occidentales, le temps de sommeil se réduit comme peau de chagrin. Pour certains, la fatigue chronique pourrait même devenir le nouveau mal du siècle. Et elle est donc également un sujet de philosophie, ainsi qu’ on peut le lire dans le magazine du même nom. Faut-il, dès lors, accuser le capitalisme, lequel cherche à nous faire veiller afin de consommer davantage ? Ou s’agit-il, ici, d’un moment historique d’épuisement démocratique

Accuser le capitalisme ? Un épuisement démocratique ? Les réponses sont dans le mensuel, qui a, par ailleurs, interrogé différents experts de la chose. En l'occurrence, des gens qui vivent sur des rythmes décalés. 

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La fatigue, un tabou dans l’univers hospitalier

Une infirmière de nuit. Elle s'appelle Mara Widcoq. Elle ne se plaint jamais, se met "en mode warrior" quand elle part travailler. 

L’avocat Emmanuel Pierrat confie qu’il est atteint d’un syndrome assez rare : "le trouble de l’éveil". Il ne dort que deux heures par nuit.

Témoignage de NiCK-V, DJ et organisateur de soirée. Lui, la fatigue, il la supporte en dansant. 

Quant à Edgar Morin, 98 ans, ce sont les idées qui le maintiennent en forme.

Lorsque les idées viennent, je suis dans un état de transe.

Débattre, discuter, donner des conférences : ce serait ça, le secret de la vitalité du philosophe et sociologue qui, malgré tout, reconnaît qu’avec les années, sa fatigabilité s’accroît.

Quand on a des enfants en bas âge, ça peut également fatiguer. 

La fatigue des parents

Confirmation sous la plume d’Alexandre Lacroix, directeur de la rédaction de Philosophie Magazine. Lui, des enfants, il en a cinq, le dernier a 2 ans.

Cela maintenant dix-neuf ans que je ne sais plus ce qu’est une grasse matinée et qu’ouvrir les yeux à 8h30 le dimanche m’apparaît comme un cadeau inespéré. 

Il évoque les nuits hachées par les rhumes, les fièvres, les pleurs des petits, les allers retours pour des pipis aux toilettes… Ceci, il en parlait d’ailleurs récemment avec un ami écrivain. Un père sur le tard à plus de 50 ans. Et si Alexandre Lacroix le relate dans son édit, c’est car la réponse de son ami fut magnifique. 

La vérité, c’est que les enfants sont un excitant, une drogue. Au même titre que le café, le tabac, l’alcool. Comme toutes les drogues, ils rendent la vie plus intense. Alors, bien sûr, c'est éprouvant, ils mettent notre organisme à rude épreuve. Cependant, grâce à eux, on vit dans une forme d'illumination et de légèreté, le quotidien revêt des couleurs plus vives.  Et l’on devient accro, parce que c’est la meilleure de toutes les drogues

Réponse magnifique, disais-je, mais on peut ne pas partager cet avis.

On nous raconte justement l’histoire d’un petit garçon dans la presse bretonne. Et depuis plusieurs jours maintenant, notamment dans Ouest France

L’histoire du petit Androu, qui vit à Landivisiau dans le Finistère. 

Androu, 10 ans, souffre d'une tumeur métastatique au cerveau

S’il l’on parle de lui, c’est donc parce qu’il est malade et que, pour espérer le sauver, il ne reste, dixit ses parents, qu’une seule solution : l’emmener aux Etats-Unis pour qu’il participe à un essai clinique de deux mois. Option de la dernière chance. Le petit bonhomme se bat contre le cancer depuis déjà quatre années. Le problème, c’est que deux mois aux Etats-Unis, ça coûte très cher. Les parents d’Androu ont chiffré le montant du séjour à 1 million d’euros. Evidemment, ils ne les ont pas. Raison pour laquelle ils ont lancé un appel aux dons. Plus de 60 000 euros ont déjà été récoltés sur la cagnotte mise en ligne. 

Les malheurs d’un autre couple sont à lire dans Le Dauphiné. L’histoire de Boris et Morgan, un couple de garçons, qui habitent Montalieu-Vercieu en Isère. Ils vivent ensemble depuis 12 ans, mais voilà maintenant 18 mois qu'ils sont victimes de harcèlement homophobe de la part d’un groupe d’adolescents de la commune… Des insultes, des jets de pierre, même des coups. Ils ont plusieurs fois déposé plainte, plaintes pour l’heure restées sans suite. Ils pensent à déménager. Parfois, il y a de vraies raisons qui empêchent de dormir… 

Lire les journaux, d’ailleurs, n’est sans doute pas la meilleure façon de trouver le sommeil. Partout, la souffrance des hommes… 

"Sur l’île de Lesbos, une jungle qui rend fou"

C’est à lire dans La Croix. Le triste quotidien des 13 000 réfugiés installés sous des tentes dans le camp Moria, sur l'île grecque de Lesbos. 

La Grèce, où le nombre de migrants est reparti à la hausse pour la première fois depuis 2015. Ce sont majoritairement des Afghans et des Syriens, dont des milliers d'enfants et de mineurs non accompagnés. La nourriture qu'on leur distribue est si mauvaise qu'ils font eux-même leur pain, dans des fours de fortune creusés à même le sol. Des journées à attendre et à espérer... Avec, parfois, des jeunes enfants qui s’automutilent ou tentent de se suicider.

Tous les journaux reviennent aussi sur cette funeste découverte, hier, en Grande-Bretagne. 39 cadavres dans un conteneur près de Londres.  Il pourrait là aussi s’agir de réfugiés. Le Parisien évoque " le camion de l’horreur". Pour Libération, c’est "le camion de la honte"

Libération nous parle également de souffrance animale.

Maltraitance animale : "Les porcelets hurlent de douleur"

Le quotidien nous décrit une vidéo choquante. Des images tournées en caméra cachée par l’association Welfram, association d’activistes pro-animaux, montrant des cochons que l’on castre sans anesthésie. Ça se passe dans un élevage situé près de Bordeaux, et l’on y voit deux salariés de l’abattoir coupant au scalpel les testicules de porcelets, puis les laissant la plaie ouverte. Ils portent des casques anti-bruit car, comme l’explique l’un des responsables de l’association, "les porcelets hurlent de douleur". Une souffrance qui dure plusieurs jours. Ils restent prostrés, pris de tremblements et de spasmes. Si on les castre, c’est pour éviter que leur viande, par la suite, ait une odeur trop forte, "l’odeur de verrat". Mais ailleurs, dans d’autres pays d’Europe,  on procède autrement. Sans castration. Sans imposer cette souffrance aux animaux. "Une réalité choquante mais banale", souligne le quotidien. 

Chaque année en France, 10 millions de porcelets sont ainsi castrés dès leur première semaine de vie, avant l’âge de 8 jours.

Heureusement, on trouve çà et là des choses moins sinistres.

Dans La PROVENCE, rencontre avec Elias et Laëtitia, deux jeunes entrepreneurs qui viennent d'ouvrir le tout premier bar à tiramisu de France... Oui. Un bar à tiramisu. Sept parfums différents. Le resto se trouve à Marseille. 

On reste dans la nourriture, et l'on revient à Libération. Dernière page : le portrait d'un boucher parisien. Ironie de la pagination... En pages intérieures : la souffrance des porcelets castrés en abattoirs. Dernière page : un boucher qui raconte sa passion pour la viande. Cela étant, il ne semble pas totalement insensible au bien-être animal. Il est meilleur ouvrier de France et s’appelle Romain Lebœuf ; pour un boucher, ça ne s’invente pas… 

Et puis, sur Slate, info rassurante à propos des réseaux sociaux Facebook, Snapchat et autre Instagram :

Les réseaux sociaux peuvent aussi faire du bien aux ados

On a pourtant l'habitude d'entendre pis que pendre sur les écrans. Comme l'écrit le site, "l'utilisation des nouvelles technologies par les adolescents provoque angoisse et fantasme chez les parents, à tel point qu'acheter un smartphone à son enfant équivaudrait presque à lui donner de la drogue". Mais la réalité serait moins alarmante.

De récentes enquêtes montrent que les ados connectés se portent bien, et que les réseaux sociaux, grâce aux échanges qu'ils suscitent, peuvent leur apporter une forme de bien-être... Ceci dit, faut quand même éviter de zieuter les écrans toute la nuit. Après, on est crevé. 

Pourquoi sommes-nous si fatigués ? Parfois, parce qu'on se couche trop tard… Et puis, parfois aussi, parce qu'on se lève trop tôt !

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