« La vie est pièce de théâtre. Ce qui compte, ce n’est pas qu’elle dure longtemps, mais qu’elle soit bien jouée. » C’est une citation de Sénèque, et c’est à elle qu’on a pensé en lisant deux très beaux papiers publiés dans L’HUMANITÉ et dans LE FIGARO.
Les deux articles nous racontent une représentation qui s’est tenue samedi dernier, au sein de la prison des Baumettes à Marseille. C n'est pas si souvent que les deux journaux font part d'un même ressenti, d'une même émotion. Mais la culture offre parfois des convergences inattendues. Même les descriptions se ressemblent. Une foule en rang d'oignon faisant la queue afin d’entrer dans la prison, avec un écriteau qui affiche le mot « complet » sur la guérite. De mémoire de maton, on n'avait jamais vu cela.
Une représentation de « Marius », jouée devant des familles, du personnel pénitentiaire et une poignée détenus
« Marius », de Marcel Pagnol. L'aventure commence en 2013. Un prisonnier longue peine, Jean Ruimi, dit "Yeux Bleus", fraîchement débarqué à la centrale d'Arles, sollicite un rendez-vous avec la directrice de l'établissement.
Madame, je voudrais monter une troupe de théâtre.
Il n'en a jamais fait, et n'a même jamais été au théâtre, mais la directrice le soutient dans sa démarche. Il recrute des comédiens parmi ses codétenus, écrit lui-même un texte. L'initiative parvient aux oreilles du metteur en scène Joël Pommerat, et celui-ci décide de s'engager dans le projet. « Marius » est le deuxième spectacle qu'il monte avec la troupe. Une version ancrée dans le monde contemporain : Panisse vend des scooters et des antivols sur le Vieux-Port, tandis que Fanny tient un salon de coiffure.
Les détenus ont tout d'abord joué à Arles, dans leur établissement pénitentiaire, puis ils ont réussi à monter une sorte de tournée... Jeudi, on les a transférés en fourgon-carcéral de la centrale arlésienne à la maison d'arrêt marseillaise. Selon LE FIGARO, les acteurs ne tombent jamais dans la caricature. L’HUMANITÉ salue aussi leur authenticité. Avec des phrases qui sonnent parfois plus fort qu’ailleurs, comme cette tirade de Marius...
Je veux être libre. Tu entends, je n'en peux plus ici, j’étouffe !
Jean Ruimi, "Yeux bleus" évoque comme une grande bouffée d'air.
Je sais bien que je ne deviendrai jamais une vedette, mais si je m’en sors, je reprendrai des cours, c’est certain. En amateur. Et je ne suis pas le seul...
Pour L’HUMANITÉ, il s'agit d'une "grande évasion", et l'on retrouve la même expression dans LE FIGARO. Expression que Michel pourrait sans doute reprendre à son compte. Condamné 30 ans de prison, il joue dans la pièce le rôle d’Escartefigue.
Le théâtre m'a rendu l'horizon...
La culture, donc, parfois, peut redonner la vie. La culture, donc, parfois, parvient à rassembler même ceux que tout oppose.
Mais les conflits sociaux divisent. La preuve, ce matin, après le mouvement social du weekend à la SNCF. Le sujet fait la Une de quasiment tous les journaux.
Grève à la SNCF : le coup de force des syndicats
C'est le titre qui s'affiche en Une du FIGARO. De son côté, L’HUMANITÉ dénonce "un pouvoir qui préfère la répression à la sécurité des cheminots"... Cette fois, les émotions, les ressentis sont donc diamétralement opposés... Dans LE PARISIEN, Guillaume Pépy, le patron de la SNCF, assure comprendre la colère des voyageurs et déclare que tous les billets seront remboursables. Pour L'OPINION, cette grève ne recèle que des scandales.. Tonalité bien plus mesurée dans LA CROIX, pour qui "la différence entre droit de retrait et droit de grève est une question d'appréciation".
Il est également question de justice dans la presse. Avec, dans NORD ÉCLAIR, le procès d’un entrepreneur que l’on dira peu scrupuleux. Un plombier de 32 ans appelé par une cliente lilloise pour un problème d’infiltration. Il lui fait signer un devis, et un chèque de 13 000 euros. Avant de partir, un joli geste : il accepte de remettre en place le flexible de sa douche. Le problème, c’est qu’ensuite, il n’est jamais revenu. Plus de nouvelles, et son entreprise a été liquidée… La cliente a donc payé 13 000 euros pour le changement d’un flexible de douche. L’homme ne s’est pas présenté au tribunal. Il a écopé de 6 mois de prison avec sursis.
Autre procès dans LE PARISIEN. Il débute ce lundi à Toulouse.
Le procès de "la dépeceuse du canal du Midi"
Une femme jugée pour le meurtre d’une collègue, dont elle a ensuite découpé la dépouille, avant d’en disperser les morceaux tout le long du canal du Midi. Sauf la tête qu’elle a enterrée dans un jardinet. Il faut toujours se méfier de ses collègues.
Le quotidien se fait aussi l’écho de la mésaventure d’une habitante du Nord. En 2015, la police lui a saisie sa voiture. Une Audi qu’utilisent désormais les enquêteurs de la PJ de Versailles. Mais l’ex propriétaire de la voiture saisie continue de recevoir les contraventions pour des infractions commises par les policiers. Un total de 6000 euros que le Trésor public l’oblige à rembourser.
La vie, parfois, tient de la comédie de boulevard.
Une réjouissante enquête dans LIBÉRATION.
« Le petit Robaire des prénoms inventés »
Enquête sur les prénoms que choisissent désormais les parents français. De plus en plus singuliers : Jésunette, Rolce-Roméo, Alkapone, Lola-Poupoune… Ils inventent, et fusionnent parfois deux prénoms : Kylienzo, Jenifael… Parfois, l’état civil refuse, quand ça peut porter préjudice aux bambins. Clitorine, c’est non. Vagina aussi, de même que Fish and Chips pour des jumeaux. Mais tout cela témoigne vraiment de l’époque, analyse le sociologue Baptiste Coulmont dans le journal.
Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, le prénom n'était pas utilisé en dehors de la famille proche, ni même à l'école, où les enfants étaient appelés par leur nom de famille. Les choses ont changé depuis. Le prénom a changé de fonction.
En l'occurrence, dorénavant, et surtout depuis l'anti-institutionnalisme des années 68, le prénom a supplanté le nom de famille dans les interactions sociale. Désormais, c'est le prénom qui dit notre identité. En même temps, Lola-Poupoune, je ne sais pas trop ce que ça dit…
Et puis, on parle aussi d’amour dans les journaux.
« Il meurt en plein ébat amoureux avec une inconnue »
L’amour, qui n’a pas d’âge, mais est par moments trop fugace. C’est l’histoire que nous raconte VOSGES MATIN. L’histoire d’une septuagénaire qui, jeudi, se promenait dans une commune des Vosges. Elle croise le regard d’un inconnu. Même génération, le coup de foudre… L’attirance est si magnétique que les deux tourtereaux, n’y tenant plus, se rendent au domicile de l’un des deux, mais l’histoire s’arrête brutalement car, au beau milieu de leurs ébats amoureux, l’homme est victime d’une crise cardiaque. Les secours ne parviendront pas à le ranimer… Est-ce si triste ? Est-ce une belle mort ? Chacun se fera son opinion.
La vie, parfois, tient de la tragi-comédie.
Enfin, c’est également d’amour qu’il est question dans LE FIGARO qui, sous la plume de l’inénarrable Stéphane Bern, nous raconte une splendide cérémonie.
La cérémonie d'un mariage princier
C’était samedi, à Saint-Louis des Invalides, et il n’y avait que du monde pour applaudir l’union entre Jean-Christophe Bonaparte, 33 ans, prince Napoléon, l’arrière-petit-neveu de ce dernier, et la belle Olympia von und zu Arco-Zinneberg, l’arrière-petite-fille de l’ultime empereur d’Autriche… 600 invités, tout le gotha européen, des hommes en jaquettes, des femmes chapeautées, et Bern entame son récit avec une phrase magnifique.
Plus de deux siècles après les noces de l’empereur Napoléon 1er avec l’archiduchesse Marie-Louise de Habsbourg, les deux dynasties se sont retrouvées pour un mariage d’amour qui veut aussi sceller l’union européenne…
La vie est une pièce de théâtre. Certains mariages le sont aussi.
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