"Sans suite" ne signifie pas innocence, suite Fillon "il les a eus!"

France Inter
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Prescription épargne Baupin mais ne l'innocente pas. Hollande le résident de la république seul en son palais. Fillon les a eus!

La revue de presse, bonjour Hélène Jouan

On commence par une prescription

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Prescription de justice… La presse revient ce matin sur le classement sans suite des plaintes pour agressions et harcèlement à caractère sexuel déposées par 4 femmes contre le député écologiste Denis Baupin ; histoire de mettre les points sur les I et ça ne fait pas de mal. C’est France Inter et Mediapart qui avaient provoqué l’ouverture d’une enquête préliminaire en mai dernier, en révélant le témoignage de 8 femmes racontant le torrent de sms lubriques envoyés par l’élu et les agressions sexuelles dont elles se disaient victimes. Hier l’élu parisien par le biais de son avocat a cru bon se féliciter voir son innocence « prouvée ». Stéphane Durand Souffland dans le Figaro rétablit la vérité : son innocence n’a pas été prouvée dit il, pas plus que sa culpabilité, puisque le parquet n’a pas rendu de jugement. C’est la prescription pénale des faits dénoncés, qui a conduit à ce classement sans suite. Pour autant insiste –t-il, le Parquet a cru bon dans son communiqué d’écrire noir sur blanc, ce qui est assez rare que « ces faits, au terme de déclarations mesurées constantes et corroborées sont pour certains d’entre eux susceptibles d’être qualifiés pénalement ». En clair, traduit Alexandre Fache dans l’Humanité, les accusatrices de Denis Baupin avaient raison mais trop tard. Du coup, hier à l’annonce de ce classement sans suite, ces femmes oscillaient entre la satisfaction d’avoir vu leurs accusations corroborées par la justice, et la déception bien sûr que les choses n’aillent pas plus loin. Ironie de l’histoire si l’on peut dire, la loi Tourret-Fenech, tout juste publiée au Journal Officiel et dont on a également parlé dans l’affaire Fillon, cette loi qui a allongé les délais de prescription en matière pénale, arrive un poil trop tard. Si ces mêmes femmes avaient parlé aujourd’hui, la justice aurait pu donner suite à leurs plaintes…

Hashtag, Jamais trop tard : c’est d’ailleurs le manifeste que lance le magazine Marie Claire qui sera en kiosque demain. Un appel à allonger le délai de prescription pour tous les crimes commis sur les mineurs cette fois, et plus seulement sur les adultes. Alors que selon le conseil de l’europe, un enfant sur 5 est victime d’abus sexuels, la justice a encore bien du mal à passer. Tout simplement parce qu’il faut du temps à un enfant pour libérer sa parole, et souvent quand il le fait, il est trop tard. Témoignage de Flavie FLament qui a raconté, trop tard, le viol qu’elle dit avoir subi de la part du photographe David Hamilton, témoignage d’Agnès B qui raconte l’inceste qui a ruiné sa vie dit elle, témoignage de la comédienne André Bescond qui raconte le déni familial qui empêche de parler. Ces femmes veulent que le délai de prescription soit porté à 30 ans pour les mineurs, 30 ans le temps qu’il faut parfois pour oser parler

On poursuit avec un portrait Hélène…

Ils sont venus pour comprendre ses émotions. Ils ont eu droit à ses analyses. Ils, ce sont les 3 réfugiés syrien et iraniens, parmi les 20 qui ont écrit le Libération en kiosque aujourd’hui, qui sont allés à la rencontre de François Hollande, de plus en plus seul semble t il dans son palais élyséen. « Le résident de la république » : ces réfugiés avaient envie de savoir ce qu’il éprouvait écrivent ils, quand certains de ses électeurs l’accusent de ne pas avoir respecter ses promesses, savoir comment il vivait la trahison, celle de Macron, Hamon ou Valls..ils se sont vite rendu compte que leur projet était horriblement ambitieux, à chaque fois, François Hollande trouve une porte de secours et multiplie les pirouettes. « si ma politique était de droite, la droite n’aurait pas besoin de se trouver un candidat, elle dirait, et bien, que Hollande continue le travail ! tout le monde rit…Il préfère relativiser, mais finit par consentir que ça le touche personnellement. A la question, « vous sentez vous tout seul ? » « Jamais » répond François Hollande. « je représente une force collective, c’est ma famille aujourd’hui qui a du mal à se rassembler… »Mais ses interlocuteurs disent entendre tout le contraire, « son corps semble dire l’inverse de ses mots » écrivent ils. « la position de ses épaules, le regard qui tombe un peu plus ? En tout cas, ce ne sont pas les prises de positions révélées ce matin par Le Monde, de 2 figures de la gauche qui vont lui faire relever les épaules. Le président de l’assemblée nationale Claude Bartolone, qui dit ne pas se reconnaitre dans la campagne de benoit hamon, et l’ex communiste Patrick Braouezec qui appelle carrément à voter Emmanuel Macron pour éviter un duel extrême-droite/droite à la présidentielle

François Hollande qui a un point commun avec un autre homme du jour Hélène…

Alain Juppé, et son nouveau renoncement d’hier. D’ailleurs dans Sud Ouest, le dessinateur Large croque Hollande consolant Juppé « tu vas voir combien le renoncement est populaire ». Populaire peut-être mais douloureux si l’on en croit le récit d’Anne Fulda dans le Figaro, qui raconte que le seul finalement, qui aurait pu convaincre Alain Juppé de se lancer dans le fameux plan B, c’est Jacques Chirac, « qui lui aurait passé une raclée pour qu’il aille au front » témoigne du juppéiste. Chirac absent, que lui a-t-il manqué d’autre ? sans conteste le soutien de Nicolas Sarkozy, décrit dans la presse ce matin comme celui voulant encore tirer toutes les ficelles, mais changeant de pied régulièrement au gré des événements. Récit toujours dans le Figaro, des dernières heures dans les coulisses de « les Républicains » pour ceux qui essaient encore de comprendre ce qui se passe chez vous Gérard Larcher : Vendredi, Nicolas Sarkozy a été très dur avec Fillon au téléphone, convaincu que sa situation n’était plus tenable. Et puis revirement ce week -end, il trouve finalement les séquences Trocadéro et France 2 très réussies, et en plus dimanche, en faisant son footing, il croise des passants nous raconte le Figaro, qui lui disent « il faut que fillon tienne ». Ca l’a marqué parait il…A quoi ça tient en politique, un pouce levé ou baissé, à un footing donc... En tout cas, c’est bien lui qui enterre le plan B de Juppé. «S’il avait eu un feu vert de sarkozy, les choses auraient été différentes, mais là c’était un feu clignotant » dit un juppéiste dans L’Opinion. Pour autant, l’ex chef de l’Etat a du mal à convaincre ses propres amis : autour de lui rue de miromesnil hier matin, ses fidèles. « il y avait autant de positions que de participants raconte un témoin ». « Hortefeux cherche toujours à débrancher Fillon, Baroin vise déjà Matignon en cas de victoire, Wauquiez joue Fillon pour récupérer le parti, Estrosi lui voit baroin à l’élysée…. »j’arrête. Tout cela s’est néanmoins conclu par une belle Unanimité au comité politique. Et par une promesse de rassemblement arrachée au candidat, qui devrait surtout se concrétiser par un ticket Fillon/Baroin dans les jours prochains nous dit Le parisien, Baroin celui qui vise MAtignon. le Parisien qui avec son titre de Une résume bien le sentiment dominant :« Il les a eus ». Il c’est François Fillon bien sûr. Qui Vous a donc tous eus…

On termine par une lettre…

Lettre signée par 10 enseignants et publiée sur le blog d’une enseignante également Laurence de Cock, hébergé par Mediapart. Lettre adressée à Michel Field, directeur de l’information de France télévision, après l’interview dimanche soir sur France 2 de François Fillon par le présentateur Laurent Delahousse. Lettre d’inquiétude : « une des difficultés de notre métier est de donner aux élèves les outils pour déconstruire les scénarios complotistes, auxquels ils sont si sensibles ». Or dimanche, sans aucun recul critique écrivent-ils, le journaliste demande « avez-vous une idée de qui a orchestré tout cela ? » Qu’un journaliste, du service public, entretienne par la formulation même des questions qu’il pose l’idée que le travail de la justice quand il concerne des responsables politiques serait orchestré par un esprit malin travaillant dans l’ombre, voilà qui est inacceptable », il a cautionné accusent ils, une vision conspirationniste de la justice, des medias et de la politique.Comment exiger des enfants un recul critique après cela ? »

Intéressante interpellation sur la déontologie des journalistes, ceux du service public en particulier