Syrie, un printemps avorté...et costards toujours en France

France Inter
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6 ans de solitude pour la Syrie, souvenirs d'un printemps miraculeux et avorté. Fillon, mis en examen, attendu mais inédit. Mais Guéant, Buisson et..Lacharrière peuvent se réjouir!

La revue de presse, bonjour Hélène Jouan

On commence par un printemps qui n’est jamais arrivé

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« Le 15 mars 2011, le peuple syrien commençait à se soulever à la suite des printemps tunisien et égyptien. L’étincelle ? L’arrestation de jeunes adolescents de Deraa qui avaient oser provoquer Bachar El Assad en écrivant sur le mur de leur école, « ton tour arrive docteur ». 6 ans ont passé nous rappelle Juliette Bénabent dans Télérama, 6 ans de solitude..Et malgré nous, notre intérêt, notre bonne volonté, nous oublions la Syrie écrit –elle. Parce que de fausses trêves en pourparlers stériles, de bombardements d’hôpitaux en attaque à l’arme chimique, le martyre syrien dépasse notre entendement. Et parce que nous sommes saisis de vertige devant la faillite du droit international »…

Un homme ce matin dans Libération n’a pas oublié lui, cette odeur de printemps, Mustapha ALJARF est un pharmacien d’Alep, aujourd’hui réfugié à Strasbourg. Il se souvient de ces fragrances enivrantes, il veut témoigner qu’il ne s’agissait pas d’un printemps mensonger, d’une illusion ni d’une tromperie. Lui-même se demande encore comment il a contracté le virus de l’espoir, lui qui jusque là avait honte d’appartenir à ce peuple asservi…Mais voilà, il constate qu’à l’époque des gens ordinaires comme lui, des ouvriers, des étudiants, des plombiers, des avocats, des intellectuels, des chômeurs et des repris de justice y ont cru. Ils ont décidé qu’il était temps de prendre possession de leur pays, de cesser d’être des sujets terrifiés pour devenir des citoyens libres. L’espoir dit il, voilà notre péché originel, nous en avons payé le prix fort. Car ces idéaux du 19ème siècle, être maitre de son pays, le principe d’autodétermination des peuples n’ont plus cours au 21ème constate t il amèrement. Mustapha Aljarf désabusé, explique que c’est parce que leur révolte menaçait trop les intérêts géostratégiques de quelques grandes puissances régionales, l’Iran, Israel ou les pays du golfe, et derrière ceux de plus grandes puissances encore, les Etats-unis, la Russie, la Turquie ou d’autres pays du Golfe qu’elle a été instrumentalisée, liquidée. Mais en ce triste jour anniversaire, il veut juste se souvenir du caractère inattendu et miraculeux de cette renaissance avortée…Cette fragrance de printemps qui n’est jamais arrivé

En France Hélène, c’est la mise en examen de François Fillon annoncée hier qui fait de nouveau les titres de la presse

Et les délices des dessinateurs de presse. Willem dans Libération croque un Fillon derrière les barreaux à qui un surveillant vient annoncer « vous venez d’être élu président de la république », Charlie Hebdo est truffé de dessins s’amusant par exemple des slips recouverts de diamants 18 carats reçus en cadeau par le candidat, signé Coco ; Urbs dans Sud-Ouest croque lui l’éducation chez les Fillon. Le père dit à son fils « la petite souris va passer pour ta dent », le rejeton s’inquiète « je vais encore m’endetter sur 20 ans pour rembourser »

« François Fillon mis en examen, Et Alors ? » à la Une du Courrier Picard qui paraphrase la défense du candidat et reprend surtout la défense de ses amis qui n’ont eu de cesse hier de clamer, circulez y a rien à voir. Michel Urvoy à la Une de Ouest-France résume bien la situation en titrant son édito : « un non-événement exceptionnel ». Car oui, dit-il, « l’information était archi attendue. Mais rien n’empêchera l’Histoire (avec un grand H) de retenir que le 14 mars 2017, pour la première fois un candidat à une présidentielle a été mis en examen à 40 jours du scrutin ». Alors, info archi attendue mais néanmoins anticipée par le candidat pour échapper a-t-il dit, au tribunal médiatique. Comment a-t-il fait ?

Dans Aujoud’hui en France/le Parisien, récit des coulisses de l’audition d’hier devant les juges de François Fillon, récit signé Jean-Michel Décugis et Eric Pelletier. « en fin de semaine dernière racontent les journalistes, François Fillon a demandé à être entendu à l’abri des médias. Les négociations ont duré tout le week-end, ultra confidentielles, mais les 3 juges ont réservé leur réponse jusqu’au dernier moment. Pourquoi ? parce qu’il y avait embouteillage dans le bureau du juge Tournaire. Il a d’abord dû annuler une confrontation prévue dans le cadre d’un autre dossier, celui dit des sondages de l’élysée : Claude Guéant, ancien secrétaire général de l’Elyséen Emmanuelle Mignon ex directrice de cabinet de Nicolas Sarkozy et Patrick Buisson auteur de ces sondages contestés, devront donc repasser » ! Et voilà…Quand le malheur des uns fait le bonheur des autres…

Et un autre homme pourrait bien se féliciter des révélations du Canard Enchainé autour de François Fillon…

« Merci qui ? lance ce matin ironique le même palmypède. Grâce au Canard poursuit-il, l’homme d’affaires marc Ladreit de Lacharrière peut se vanter aujourd’hui d’avoir récupéré 50 000 euros. Le 27 février, le milliardaire a en effet reçu un chèque de ce montant signé par un certain..françois Fillon ! » et le Canard de raconter que le candidat, entendu pour la première fois par les enquêteurs fin janvier, se rend vite compte que ses comptes bancaires vont être passés au peigne fin et que les enquêteurs vont forcément tomber sur ce versement de 50 000 euros…Or, comment justifier ce flot d’argent frais de la part de l’employeur de Pénélope, client de sa société conseil, et récipiendaire d’une grand croix de la légion d’honneur accordée par un certain Fillon ? Le candidat préfère prendre les devants, et le 27 février, il signe donc un chèque de remboursement de prêt, qui n’a par ailleurs laissé aucune trace écrite. Un remboursement opportun donc, même s’il n’empêche pas aujourd’hui la mise en examen du candidat pour entre autre, « non déclaration de ce prêt à la Haute autorité de la Transparence de la vie publique ».

Last but non least, Mediapart révèle ce matin, un nouveau nom parmi les clients de la société de conseil de François Fillon, 2F : un homme d’affaires libanais milliardaire, leader mondial du pipeline. Une identité et un manque de transparence sur les contrats passés qui posent de nouveau la question d’éventuels conflits d’intérêt pour le député que Fillon était alors, ou du président qu’il pourrait être demain.

On finit par 2 portraits de l’étranger

Vous savez sans doute désormais tout, de Geert Wilders, le leader anti islam à la chevelure peroxydée qui pourrait faire une percée aux élections législatives qui se tiennent aujourd’hui aux Pays-bas, Libération propose ce matin le portrait de son exact contraire. Jesse Klaver, jeune leader de la gauche verte. « sourire poupin de Justin Trudeau, techniques de communication de Barack Obama et programme de Bernie Sanders », il a revivifié dit Libé, une campagne plombée par la rhétorique populiste et islamophobe. Programme optimiste, europhile, écolo, opposé à l’évasion fiscale, favorable à l’accueil des réfugiés et au multiculturalisme. Son parti pourrait quadrupler son nombre de sièges et être l’un des pivots d’une future coalition, voire le faiseur de roi de l’élection. Un autre regard sur ces élections tant scrutées chez nous, en France

Et puis pour ceux que l’hermétisme du régime de la Corée du nord fascine d’une certaine façon, il faut lire l’enquête de Sébastien Falletti dans le Figaro sur la mystérieuse quadragénaire qui murmure à l’oreille de Kim, leader suprême nord coréen. Il s’agit de sa demi sœur, on n’a pas sa photo, pas même sa date de naissance, la population ne la connait pas. Mais c’est elle qui en coulisses tirerait les ficelles, ferait front avec son frère contre le grand ennemi américain, et l’aiderait à nettoyer, criminellement parlant, tous ceux qui lui font de l’ombre à l’intérieur même du clan. On se souvient de l’assassinat de son demi-frère dans l’aéroport de Kuala Lumpur il y a un mois. Terrifiante dynastie fratricide, à chaque coin de voile levé, on se demande vraiment si on est dans un roman ou au XXIème siècle

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