Ce matin, la presse est aux anges : tous les journaux se félicitent de l’heureux tirage au sort qui a eu lieu hier.
Il s’agit du tirage au sort pour désigner les équipes qu’affronteront les footballeurs français en phase de groupe lors de la prochaine Coupe du Monde en Russie. En l’occurrence, dans leur groupe, il y aura donc le Pérou, le Danemark et l’Australie. Des adversaires que chacun juge vraiment à la portée des joueurs de Didier Deschamps.
D’où le grand enthousiasme du jour. « Bonne pioche pour les Bleus », titre à sa Une SUD OUEST. « La bonne étoile des Bleus », titre LE TELEGRAMME. « Les Bleus bien servis », approuve PRESSE OCEAN. « La France bien lotie », renchérit LA NOUVELLE REPUBLIQUE, tandis que L’INDEPENDANT évoque « un tirage qui donne le sourire ».
« La France a donc le sentiment d’avoir gagné au tirage, note pour sa part Jean Levallois dans LA PRESSE DE LA MANCHE. Et elle va s’efforcer maintenant de ne pas perdre au grattage. » Ne pas perdre au grattage. Ne pas perdre, surtout quand la partie paraît aisée.
Mais il peut arriver que des footballeurs perdent, y compris face des adversaires pourtant à leur portée. On dira que c’est la loi du sport. Sauf que, parfois, ça sent l’arnaque. Et c’est ce que nous raconte ce matin LE MAGAZINE L’EQUIPE.
« Truqué ! »
C’est le titre à la Une. Un match de foot très suspect entre Fréjus et Colomiers, des paris à l’autre bout du monde, deux joueurs mis en examen, et même l’ombre d’un réseau criminel asiatique. Une enquête et des révélations du reporter Grégoire Fleurot, qui nous montre comment une simple rencontre de National dévoile la mécanique mondiale de la corruption. Il faut lire son papier. Honnêtement, c’est passionnant. Et au départ, il y a ce match du 9 mai 2014.
« On joue depuis trois minutes dans le petit stade Eugène-Pourcin de Fréjus. Le soleil couchant rougit les ruines de l’aqueduc romain voisin, visibles depuis la tribune principale. Sur le terrain, le défenseur central et capitaine de l’Etoile Fréjus Saint-Raphaël, Matar Fall, adresse une passe en retrait vers son gardien, Dominique Jean-Séphirin. Le ballon file devant lui, et termine sa course au fond des filets. Sur ce but, contre son camp, comme sur les trois qui suivent rapidement, les deux joueurs semblent à côté de leurs pompes, comme au ralenti. Après seulement vingt-deux minutes de jeu, l’Etoile est menées de quatre buts à domicile par Colomiers, qui n’a pourtant plus gagné depuis treize matches. Les 400 spectateurs sont médusés. Certains quittent déjà le stade, d’autres sifflent. Mais comment leur équipe, dixième au National – la troisième division française – et favorite, peut-elle se faire humilier ainsi, à domicile, par un club relégable ? »
Humiliation
Comment leur équipe a-t-elle pu se faire humilier ainsi ? Eh bien donc, tout bonnement, parce que le match était truqué. Le défenseur et le gardien de l’équipe de Fréjus avaient été payés pour faire perdre leur camp. Aujourd’hui, ils sont mis en examen pour « corruption passive » et « participation à une association de malfaiteur », et dans le cas probable d’un renvoi devant la justice, le premier procès du genre en France pourrait se tenir dès l’année prochaine.
Des images cette fois sans trucage à la Une aussi ce samedi
Des images malheureusement sans trucage. Ce sont ces images qui ont fait le tour du monde il y a deux semaines, et qui ont indigné la planète entière.
Des images diffusées sur la chaine CNN, reportage qui montrait une vente aux enchères de migrants africains dans une maison près de Tripoli . Des garçons grands et forts vendus pour le travail de ferme. 400 euros. 700 euros. Un marché aux esclaves, filmé en caméra cachée. Et c’est le sujet en Une du PARISIEN : « Esclaves en Libye, que peut vraiment faire Macron ? »
Et le quotidien de préciser que, face à l’émotion provoqué par la diffusion de ces images sur CNN, le chef de l’Etat a décidé de monter au front contre les passeurs. Pour ce faire, il mobilise ses homologues africains. Reste à savoir comment. Et c’est là que ça coince.
Emmanuel Macron a dénoncé « un crime contre l’Humanité » et, comme le note Stéphane Albouy dans son édito, « faire un diagnostic, aussi cruel qu’il soit, est parfois le premier pas vers une guérison. Les déclarations du président de la République étaient donc nécessaires. Mais reste une foule de questions. Quels pays vont intervenir et selon quelles modalités, et que deviendront les migrants dont la vie est menacée dans leurs pays d’origine ? »
Le président français, auquel s’intéresse également LE FIGARO ce matin, mais avec un angle nettement moins dramatique.
« Comment Macron impose son style au Palais de l’Elysée »
C’est le titre à la Une. Cérémonial républicain pompeux, dorures monarchiques chargées, protocole pesant : le président n’aime guère ce lieu impersonnel et il tente, avec son épouse, de modifier les habitudes. et même la décoration.
Des tapis déplacés, des rideaux nettoyés, des tableaux remplacés : Brigitte et Emmanuel Macron se sont livrés à une sorte de nettoyage de printemps au Palais de l’Elysée. Et le Mobilier National a même reçu des demandes pour venir y installer des objets d’art contemporain. « Le président s’efforce d’imprimer sa marque, avec une obsession : tout faire pour se démarquer de ses prédécesseurs », résume le quotidien de droite.
Une initiative artistique
A la Une de NORD ECLAIR. La mairie de Lille a fait appel à des artistes pour décorer les fameux blocs de béton dressés dans les rues afin de sécuriser l’espace public. Des blocs pour tenter d’éloigner la menace de voitures-béliers qui fonceraient dans la foule. Il y en a désormais dans de très nombreuses villes. Et à Lille, ils vont donc se transformer en œuvres d’art.
Dans L’ECHO DE LA HAUTE-VIENNE, photo des salariés de l’enseigne CASTORAMA qui, hier, ont manifesté pour dire leur refus de la délocalisation d’une part des activités de l’entreprise de bricolage en Pologne. 750 postes pourraient disparaître en France.
J’ai noté par ailleurs cette généreuse initiative dans AUJOURD’HUI LE PARISIEN. Des associations proposent « un calendrier de l’avent inversé ». Principe de ce calendrier : offrir, chaque jour avant Noël, un petit présent à quelqu’un dans le besoin.
Demi-sexuel
Et puis j’ai découvert un nouveau mot dans le mensuel PSYCHOLOGIE MAGAZINE : c’est le terme « demi-sexuel », je ne sais pas si vous connaissez ? Eh bien, pour votre information, sachez donc que « demi-sexuel » désigne celles et ceux qui ne peuvent éprouver du désir que pour une personne avec qui le lien affectif est très fort : autrement dit, donc. un ami. A distinguer des « graysexuels », je ne sais pas si vous connaissez ? « Graysexuels », ça désigne les femmes et les hommes éprouvant rarement du désir. Ce qui n’est donc pas le cas du « demi-sexuel » : lui, il éprouve du désir, mais uniquement pour ses amis. Et maintenant, Eric, vous savez, mon ami.
Servir
Enfin, dans les journaux, on s’intéresse à deux succès culturels du moment. Tout d’abord le succès d’un livre : « Opération best-seller pour Pierre de Villiers ». C’est à lire dans LIBERATION.
Quatre mois après sa démission très médiatique, suite à sa passe d’arme avec Emmanuel Macron, l’ancien chef d’Etat-major de l’armée a donc publié un bouquin. Une sorte de traité sur la défense française. Le titre, c’est « Servir », et il se vend comme des petits pains. Mais alors pourquoi ce succès, s’interroge le journal. sans vraiment apporter de réponse.
Le général analyse différentes notions : souveraineté, autorité, sécurité, humanité, liberté, imagination. Il montre également à quel point l’armée est performante, tout en expliquant que le matériel laisse à désirer. Il souligne par ailleurs, idée intéressante, qu’aujourd’hui en France, « l’antimilitarisme a complètement disparu ou presque »..
Pour le reste, pas d’anecdotes, mais une multitude de citations imagées. Citation de Lyautey : « Quand j’entends les talons claquer, je vois les esprits qui se ferment. » Citation de Thucydide : « La force de la cité n’est pas dans ses remparts, ni dans ses vaisseaux, mais dans le caractère de ses hommes. » Et puis, il y a cette formule de Pierre de Villiers lui-même :
Seuls les poissons morts suivent scrupuleusement le sens du courant
Son livre a été tiré à 120.000 exemplaires, qui s’écoulent donc sans aucune difficulté.
Cela étant, il faut dire qu’on l’a vu énormément à la télévision et, bien évidemment, ça aide, d’avoir une bonne couverture dans les médias. C’est d’ailleurs aussi ce dont a bénéficié le premier film de la comédienne Nawell Madani.
Le film s’appelle « C’est tout pour moi », en salle depuis mercredi, mais là, il y a polémique si l’on en croit LE PARISIEN : « Trop de bonnes notes pour ce film », commente le journal, en évoquant même l’hypothèse d’une tricherie. Alors donc, de quoi s’agit-il ? Eh bien de la moyenne des notes mises par les spectateurs sur AlloCiné.fr : 4,7 sur 5, soit l’une des meilleures moyennes de l’histoire de ce site respecté. Moyenne impressionnante, mais moyenne étonnante, quand on la compare aux critiques assez moyennes de la presse, et même à celle du journal, qui lui a accordé la faible note de 2 sur 5.
Alors, y a-t-il eu une manipulation ? Les notes parues sur le site viennent-elles vraiment de spectateurs qui ont vu le film ? Voilà le nœud de l’affaire qui, nous dit-on, passionne de nombreux internautes. Bien sûr, la réalisatrice dément : elle explique que ces très bonnes notes sont le fruit d’une excellente stratégie de terrain. Stratégie payante aussi en termes de tickets vendus : 58.000 entrées le jour de sa sortie. C’est un beau démarrage pour Nawell Madani. Et cette fois, les chiffres sont insoupçonnables. Il n’y a pas de trucage.
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