Un quartier de Troyes redoute l'arrivée "des plus pauvres des plus pauvres", Libération Champagne, Est-Eclair.

Façade d'immeuble de logements sociaux
Façade d'immeuble de logements sociaux ©Maxppp - Jean-Marc Quinet
Façade d'immeuble de logements sociaux ©Maxppp - Jean-Marc Quinet
Façade d'immeuble de logements sociaux ©Maxppp - Jean-Marc Quinet
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Des intellectuels noirs américains refusent de se soumettre à un antiracisme qu’ils voient comme une nouvelle religion, Le Monde. Des rappeuses secouent la musique en parlant crûment de sexe et en mimant le porno, Marianne. L'Obs et un livre raniment Ivan Illich, penseur star des années 70 qu'on annula de son vivant.

On parle d'un quartier qui se révolte... 

Dans le quartier des Vassaules à Troyes, comme le racontent l' Est-éclair et Libération Champagne,  on a manifesté contre l'arrivée de familles trop pauvres, "les plus pauvres des plus pauvres", que l'office HLM installerait et qui seraient porteurs d'incivilités, de nuisances, d'insécurité.. 

"Troyes Habitat nous met tout et n’importe quoi, des gens qui n’ont pas l’habitude d’être sédentaires, ils jettent les poubelles par les fenêtres, les enfants sont dehors jusqu’à 2 h du matin, ils sortent des matelas et s’installent dehors pour faire des fêtes ou des barbecues de quarante personnes et ils cassent tout, les voitures, les boîtes aux lettres, et même les branches des arbres. Moi j’ai peur de traverser le parking avec ma voiture, je fais tout le tour. Les portes des halls sont arrachées, ou bloquées avec des tapis, on n’a pas intérêt à dire quelque chose, autrement c’est des insultes et des menaces." 

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On ne dort pas de la nuit, on part au travail le matin avec la peur de retrouver la porte défoncée le soir. On en a marre ! 

Ce sont des paroles de modestes propriétaires, qui ont acheté des logements au bailleur et qui se sentent floués, envahis. Les nouveaux voisins incivils viendraient d'un autre quartier nommé Jules Guesde, que Troyes Habitat voudrait vider, et déverserait sur eux... 

C'est une histoire banale mais elle raconte comment la réalité s'entremêle aux fantasmes, car vérification faite par Est-éclair et Libération Champagne, il n’y a pas de migration de Jules Guesde vers les Vassaules, encore moins d'arrivée, c'est une autre rumeur, d'anciens résidents de Région parisienne. Et les voitures que l'on brûle, ne sont pas victimes de nouveaux locataires mais de jeunes d'un foyer voisin. 

Le mal est là mais l'ennemi était inventé.   

Dans les mêmes journaux, de Champagne, je lis qu'à Villiers-le-Bois, la société Duc est venue présenter un projet de poulailler industriel, qui doit accueillir 29000 poulets sur 1350 m2, élevés sans antibiotiques promis, mais elle s'est heurtée au refus d' habitants du village, d'écolos et de défenseurs des animaux : 

20 poulets au mètre carré vous vous rendez compte ! 

Pour tenir la réunion, le maire avait fait venir une dizaine de gendarmes.   

Le Un cette semaine s'interroge sur nos capacités à débattre encore. Bonne question.   

Dans la Provence, je vois Adam, un homme de principe qui n'a pas débattu en lui-même quand en voiture à Saint-Victoret, il a vu un chauffard coincer une jeune femme qui l'avait klaxonné et la frapper au visage.. 

Je n’ai pas réfléchi, je suis descendu. Il était d’une telle violence. Je l’ai d’abord poussé et il a sorti un couteau de cuisine. Il m’a touché trois fois. J’ai tout de suite pissé le sang, je voyais flou.

Et tandis que le chauffard s'enfuyait, Adam qui se vidait de son sang a été sauvé, par le conducteur d'un corbillard qui passait par là et lui a dit de s'accrocher. On voit sa photo à Adam dans la Provence, il est tailladé, pansé, sanguinolent mais heureux, la jeune femme qu'il appelle "la petite" est venue le remercier, elle dit qu'il est son héros.   

On parle aussi de violence aussi aux Etats-Unis...  

Et de la peur encore qui pousse peut-être bientôt à l'insurrection armée, c'est l'analyse froide d'un ancien militaire, David Kilcullen autorité mondiale en matière de violences et d'insurrection, dont Slate relaie le constat; il décrit un pays dans un climat pré-insurrectionnel où des milices d'extrême droite affrontent les plus radicaux des groupes de gauche sous les encouragement de leurs communautés dans les réseaux sociaux. 

Les autorités du pays poussent au crime, Donald Trump réserve ses attaques à Black Lives Matter et aux Antifas et ne dit pas un mot contre les milices d'extrême droite qui le soutiennent. On a vu pendant des émeutes des policières lancer des bouteilles d'eau à des militants armés en les remerciant de leur aide.

Libération explore également ces milices d'extrême droite qui posent en défenseurs de la loi et de l'ordre. Il est impressionnant ce mastard tatoué armé, du nom d'Angry Viking (Viking fâché,) photographié à Louisville Kentucky, devant un bâtiment officiel.

Mais l’Amérique n’est pas seulement violence, on essaye aussi d'y penser et même à contre courant de sa famille: le magazine du Monde raconte, le papier est en ligne, des intellectuels noirs qui refusent les discours d'un antiracisme contemporain qu'ils comparent à une religion. 

Ils sont : Coleman Hugues, essayiste et podcasteur de 24 ans, Thomas Chatterton Williams, écrivain trentenaire qui vit chez nous en France. Ils refusent de tout ramener à la question de l'esclavage et nient qu'un privilège blanc résumerait le pays. Ils disent que chaque année des blancs tombent comme des noirs sous les balles de la police - bref ils disputent, on peut donc encore, c’est aussi l’Amérique.  

Dans l'Obs sur internet, je lis l'histoire de deux amies écrivaines, qui sentant leur relation se défaire, sont allées chez le psy et ont suivi une thérapie pour préserver ce qui est un autre amour, les entendre est piquant, et là aussi, tellement américain...  

Dans Marianne, je lis d'autres femmes, qui parlent et chantent crûment le sexe, les chanteuses Cardi B et Megan Thee Stallion qui écrasent le marché de la musique avec leur nouveau morceau, Wet ass pussy, littéralement "cul chatte mouillée". 

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Et à partir de cet ovni de danses lascives et culture porno, Marianne raconte l'histoire du sexe dans le rap des filles, et la tension entre la provocation et l'avancée féministe quand les conservateurs s'étranglent... 

Elles sont bien sages en comparaison nos lycéennes qui se battent pour le droit au nombril à l'air en dépit des mauvaises pensées supposées des hommes, Libération nous dit qu'elles sont aussi des combattantes, cela fait sens.    

Et on parle d'un philosophe oublié...   

Dans l'Obs papier, je lis un beau portrait d'un penseur qui fut une star il y a un demi-siècle et qu'une biographie nous ramène en librairie, il s'appelait Ivan Illiche, il critiquait la civilisation de la technique et de la bureaucratie et il avertissait contre les pièges de l'école où l'enfant apprend à se sentir inférieur et de la médecine dont nous devenions dépendants... 

Ivan Illich, un homme beau, un chrétien passionné, qui en tenait pour l'individu et une société conviviale que le vélo incarnerait, est-il actuel, mais un jour son éditeur, le Seuil, refusa son manuscrit, l'historien Michel Winock l'avait jugé has been, et Illich fut annulé de son vivant et puis mourut de maladie, de trahison, de désespoir... "Un homme peut mourir de plusieurs choses à la fois", dit joliment Eric Aeschimann dans l'Obs...