Les Echos et le Figaro analysent la pénétration d'Amazon en France, terre encore rétive. Le Monde raconte un acteur et un policier ex-chippendale qui s'engagent pour l'égalité et l'accès aux soins en banlieue isolée. A Muret, dit la Dépêche, on est allé chercher pour l'hommage à Samuel Paty une élève exclue du lycée.
On parle de boites jaunes...
Un mur de boites jaunes protégées par des codes, des consignes donc, des consignes Amazon, on appelle ça une borne relais ou un Amazon locker où le client de la multinationale peut récupérer ses achats, et cet Amazon locker, dit le Journal du Centre, a été installé au magasin Monoprix de Nevers rue François Mitterrand, donc en centre ville, vendredi dernier et les commerçants déjà mis à rude épreuve par les consignes sanitaires, n'apprécient pas cette concurrence de plus, cette intrusion. Chez Amazon on ne voit pas le mal, c'est une innovation pratique et même écologique puisqu'un livreur ne fait plus qu'une seule course depuis l'entrepôt jusqu'au locker, chez Monoprix non plus on ne se sent pas coupable, Amazon est un partenaire, il y a en France 135 bornes Amazon lockers dans les Monop'... Et d'ailleurs Monoprix va accueillir des petits commerçants pour les aider pendant le confinement, alors...
Alors quelque chose cloche, on le sent bien, le Monoprix de Nevers n'a pas autorisé le Journal du Centre a photographier le locker de la discorde, la photo qui illustre l'article est celle d'une autre borne relais, installée il y a un an à la gare SNCF, Amazon est partout?
Partout pas encore, mais elle y travaille Amazon qui tisse sa Toile, décrivent les Echos, pédagogues sur deux pages, à l'aide d'une carte de France je vois la stratégie "en entonnoir" de la multinationale, des Centres de distribution géants, Amazon veut en ouvrir un chaque année, qui alimentent des centres de tris, qui alimentent des agences de proximité, ensuite c'est chez nous ou la gare de Nevers. Amazon veut conquérir le Grand Ouest pas encore investi, mais tout n'est pas si simple quand l’opportunité du confinement cristallise aussi la rancœur, les ministres Le Maire et Bachelot et le socialiste Faure ont attaqué Amazon, des maires s'en méfient, alors Amazon ménage l'opinion rétive, elle a stoppé sa campagne publicitaire pour le Black Friday, elle n'est pas sans concurrence en France dans la vente en ligne, disent les Echos, et même, ça je le lis dans le Figaro, Amazon a perdu des parts de marché dans le premier confinement: le patron d’Amazon logistics en France Ronan Bolé a les oreilles qui sifflent dans le groupe, il évolue dans un marché atypique, dans un pays qui sacralise ces jours-ci le petit commerçant menacé.
L'Opinion analyse cet engouement pour les boutiques et librairies en berne et interroge les contradictions du consommateur, qui aime la librairie mais aussi sa liseuse et c'est commode d'acheter des livres en ligne après minuit, et accepterons-nous de payer plus cher pour mieux rémunérer les salaires des caissières des employés de la vente physique...
Et au-delà de l'Amérique qui choisit son destin et le nôtre, puisque nous dépendons d'elle quel que soit la conclusion de ce jour d'élection -c'est bien expliqué, encore dans l'Opinion- les journaux de France regardent ce matin une contradiction une inquiétude de France. Donc la confusion des rayonnages fermés des grandes surfaces "le grand bazar", joli, dit l'Union, "mais où va-t-on faire ses courses", le Parisien, la ruée vers les derniers jouets Lego encore en vante hier dans un hypermarché d'Armentières, la Voix du Nord, la fronde des petits commerces et des élus, l'Eveil de la Haute-Loire, mais aussi la bascule électronique à laquelle nul ne semble pouvoir échapper, et le petit commerce doit s'organiser ou périr...
Dans Vosges-matin, qui fait sa Une sur l'atrocité du monde et l’attentat de Vienne, je lis qu'à Vittel, le café COF veut se lancer, via un site, dans la livraison de plateaux repas aux entreprises, et à Épinal, Séverine, du magasin de prêt-à-porter Fleur de Lys, 49 rue Léopold Bourg, profite de sa fermeture sanitaire pour lancer son site de vente en ligne, elle ambitionne de créer UN emploi.
On parle aussi d'égalité...
Et de militants qui veulent la protéger, cette égalité, pour que ne se renouvelle pas le scandale du printemps dernier, quand on s'est aperçu que la pandémie frappait avec plus de cruauté les quartiers populaires. Le Monde est allé rencontrer des personnages étonnants et décrit des scènes revigorantes... Tiens à Champigny-sur-Marne, quartier du Bois l'abbé, où un médecin est mort, il n'en reste que deux, dans un magasin où l'on vend des téléphones et où l'on répare des ordinateurs, une petite pièce abrite une borne de téléconsultation médicale, accessible sans rendez-vous; une infirmière guide les patients dans cette électronique équipée d'un thermomètre connecté, tensiomètre, stéthoscope, dermatoscope, oxymètre de pouls, otoscope, et qui est branchée sur un réseau de 200 médecins. Cette borne existait en pharmacie, c'est la première fois qu'on l'installe dans une cité - l'idée en revient à un entrepreneur et acteur herculéen, Mahamadou Coulibaly, dont un ami, Igor Lechardeur, policier à Bussy-Saint-Georges et ancien Chippendale et as de la machine à coudre, se fabrique des costumes de super héros pour visiter les enfants malades à l'hôpital Necker à Paris... et fait le lien entre les médecins de Necker et les patients isolés des cités oubliés, qui n'osent pas seuls aller à la pharmacie, poursuivre leurs traitements...
S'il est un policier qui incarne pleinement la République, c’est bien celui-là avec son tatouage spider-man...
Nous pouvons lire ainsi de jolies choses dans notre enfer. La Nouvelle République me raconte qu'un centre d'insertion, à Autrèche, enseigne à ceux qu'elle remet sur pied à faire des confitures, 3000 pots cette année, la production a presque doublé...
On parle d'un livre pour finir...
Qui par son âge et son histoire peut défier le temps si nous le voulons... Le Figaro me dit que la Bibliothèque nationale lance un appel aux dons pour acquérir une édition originale de "Du coté de chez Swann", orné d'une longue dédicace de la main de Proust à une amie, ces lignes ténues valent bien 350000 euros...
Dans Libération, je découvre un écrivain de 39 ans, Antoine Dole, qui est riche et célèbre par une fillette insupportable et mordante qui ravit nos enfants en BD, Mortelle Adèle mais qui écrit aussi de livres durs, sans afféterie, pour les adolescents, un jour une collégienne l'a attendu après une conférence pour lui dire que son livre lui avait sauvé la vie...
Comment sauver les gosses. Je lis dans la Dépêche qu'à Muret, au lycée Pierre d'Aragon, on est allé chercher hier une élève de 16 ans qui avait agressé une enseignante après une discussion en classe sur le voile islamique et l'égalité hommes-femmes, afin qu'elle participe à l'hommage à Samuel Paty... La jeune fille a-t-elle compris son erreur par une minute de silence, par une lettre de Jean Jaurès? Sa présence a choqué certains professeurs, elle fait peur comprends-je elle connait bien du monde... Faut-il espérer pour elle, pour nous?
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