Wiesel, Cimino, Bonnefoy et Rocard "Un week-end à mourir" dit Libération, Hommage à l'homme politique qui a peu gouverné mais bcp marqué la gauche, que des héritiers ce matin!
La revue de presse, bonjour Hélène Jouan
La presse qui ce matin se partage entre la joie et les larmes
Soulagement après la victoire des Bleus, on va y revenir, mais tristesse après un funeste week-end. « Un week end à mourir » titre joliment Libération, très beau numéro avec un Libé qui a dû user de sa première page et de sa dernière pour égrener tous les disparus : Michel Rocard, une gauche d’avance, Elie Wiesel, conscience universelle, Yves Bonnefoy poète lyrique, et Michael Cimino, cinéaste maudit
Portrait de chacun, en noir et blanc…hommages aux grands hommes
Et peut-être, en exergue, une phrase de Mickael Cimino, pour trouver un fil conducteur entre tous ces hommes que le destin a fait mourir à quelques heures d’intervalle : « On n’est jamais diminué par l’effort disait Mickael Cimino, on est seulement diminué quand on n’essaie pas, quand on s’économise ». Lui ne s’est pas économisé, auteur maudit d’Hollywood nous dit Eric Neuhoff dans le Figaro, passé du paradis du succès avec « Voyage au bout de l’enfer », à l’enfer de l’échec de « la Porte du Paradis ».
Elie Wiesel, « mémoire éternelle » dit Libération qui passa quant à lui, sa vie à tout faire pour qu’on n’oublie pas les morts, car « oublier serait les tuer une deuxième foi »s disait-il, lui qui ne se pardonnait pas de ne pas avoir été aux côtés de son père pendant sa dernière nuit à Buchenwald. Par peur. « Je ne me le pardonnerai jamais, écrit il dans la Nuit, son texte le plus célèbre, Et jamais je ne pardonnerai au monde d’avoir fait de moi un autre homme, d’avoir réveillé en moi le diable, l’esprit le plus bas, l’instinct le plus sauvage ». Après cette nuit, Elie Wiesel chercha les mots, en français d’ailleurs pour redonner corps à l’effacement dont tout un peuple, son peuple, avait été victime.
Mais c’est à Michel Rocard, dont nous parlons avec nos invités, que la presse ce matin, rend un hommage tout particulier
Rocard, éternelle clope au bec, Rocard et Mitterrand, Rocard et un petit jeunot Manuel Valls, beau port folio dans Libération pour rendre hommage effectivement à l’homme de la deuxième gauche qui laisse des réformes essentielles et un sens aigu de la morale en politique écrit Libé. 15 pages :Rocard, parcours d’une vie marquée au départ par l’opposition à son père, Rocard surnommé Hamster érudit chez les scouts protestants, Rocard et la rupture avec la vieille SFIO qui se fourvoie dans la guerre d’Algérie, Rocard et son plus vieil ennemi François Mitterrand, « je ne comprends rien à ce qu’il dit » lâchait méprisant le président, quand Rocard défendait lui le parler vrai et la complexité des choses. Rocard, qui il y a tout juste un an raconte Renaud Dély sur le site de Marianne, accusait encore Mitterrand « d’être le tueur intellectuel du socialisme ». Rocard, ses ambitions, ses succès, ses ratés et ses héritiers…Rocard qui a cru jusqu’au bout aux valeurs qu’il défendait, mais fatigué, triste de constater que rien n’advenait. Poignant témoignage toujours dans Libé, de Pierre Larrouturou qui raconte son dernier rendez vous avec lui. Il lui proposait de signer une tribune commune dessinant une alternative à la loi Travail, Rocard avait décliné « j’en ai marre disait il le 4 mars dernier, toute ma vie j’ai eu une certaine vision de la politique, et ils agissent tout à fait autrement, à rebours, c’est de la forfaiture, j’en ai marre » Hollande, Valls et tous ceux qui leur laissent le champ libre, écrit Larrouturou, Ils ont tué Jaurès et désespéré Rocard ».
Alors, tous rocardiens ce matin ? »Oui, de Brigitte Bardot à Jacques Chirac » s’amuse le Parisien en collectant les hommages des uns et des autres. « Cet homme de la gauche moderne » reconnait le Figaro. « cet homme qui rejoint Mendes France au panthéon bien particulier relève Cécile Cornudet dans les Echos, de ces hommes politiques ayant suffisamment gouverné pour avoir marqué leur camp, et suffisamment peu pour n’avoir pas abimé leur image d’éthique ». Le chantre du dialogue va en tout cas réussir ce tour de force de réunir, peut être une dernière fois, toute la gauche jeudi aux Invalides, « de Jospin à Manuel Valls en passant vraisemblablement par Jean Luc Mélechon », ces gauches qui ont longtemps vécu ensemble et qui semblent aujorudh’ui irréconciliables. Tous rocardiens donc ? non, une notable exception ce matin. L’Humanité, « cœur à gauche, tête à droite » titre le journal. « la mise en œuvre des idées de michel Rocard par son poulain Manuel Valls s’avère un désastre » dénonce son éditorialiste.
Mais ce matin, vous l’avez dit, il y a aussi des sourires à la une de la presse française
Ceux, épanouis, des joueurs français hier après leur victoire sur l’Islande, les bras levés ou les poings serrés sur quasiment toutes les Unes, et une presse qui s’en donne à cœur joie, jeux de mots à gogo : « La France éteint le volcan islandais » à la une de Paris Normandie, » Un volcan s’éteint, une équipe s’éveille » s’enthousiasme la Voix du nord, « Reija-vik fait, bien fait » tente Libération, « la France coule le bateau viking » exulte Libération Champagne…et sur le site du monde.fr, un dessin de Plinpopossum pour célébrer cette victoire sans appel, que dis je cette « patée » infligée ! On y voit 2 Vikings, à l’eau, accrochés à ce qui reste de leur drakkar, ils regardent le navire France s’éloigner et comme dans Astérix et Obélix quand les pirates croisent les gaulois, ils lâchent fatalistes : « pas de chance d’être tombés sur eux »
Bon, mais après le volcan ? et bien, après le volcan, c’est l’Everest prévient l’Equipe. L’Everest c’est évidemment l’Allemagne…pour retrouver trace d’une victoire bleue face aux cousins germains dans ce type de compétition, il faut remonter à la coupe du monde de 1958 …c’est dire si ça met la pression note le Parisien, le Parisien qui rappelle surtout le France/Allemagne resté dans la mémoire collective. Demi finale du mondial 82 à Séville, « chaque français de plus de 40 ans connait par cœur » dit le journal « l’histoire de ce match où la France, qui mène pourtant, doit finalement s’incliner aux tirs au but et subir surtout l’injustice de l’agression du gardien de but Schumacher contre Battiston, injustice jamais sanctionnée ». Et bien, c’est peut-être le moment de demander réparation !
Ce matin pour finir, Hélène 2 interviews croisées
De deux hommes qui vont se retrouver aujourd’hui sur le terrain, en Corse ; long entretien de Manuel Valls à Corse Matin pour sa première visite dans l’île depuis qu’il est à Matignon. Et interview dans L’Opinion de Jean Guy Talamoni, président, indépendantiste de l’assemblée de Corse…Talamoni qui ne fait pas semblant de vouloir arrondir les angles à quelques heures de cette rencontre : « Manuel Valls répète qu’il n’y a qu’une seule nation, la nation française ? Vous savez, lance-t-il au journaliste Stéphane Grand, en recherchant bien dans les archives, quelques mois avant l’indépendance de l’Algérie, vous retrouverez les mêmes réponses savoureuses de membres du gouvernement…(Corse/algérie, même combat donc). En décembre dernier, les nationalistes ont accédé au pouvoir en corse poursuit il. Cela veut dire, que les corses ont affirmé que la Corse était une nation »…Ah…on n’avait pas cru comprendre que les élections territoriales étaient un référendum d’autodétermination…Jean Guy Talamoni réitère par ailleurs une vieille demande des nationalistes corses, amnistie pour ce qu’il appelle lui, « les prisonniers politiques, amnistie globale insiste t il ce matin, y compris pour les crimes de sang », c’est-à-dire qu’il inclut les membres du commando Erignac condamnés pour l’assassinat du préfet. Autant dire que le dialogue au moins sur ces questions-là va être compliqué ! Dans Corse matin, Manuel Valls affirme que les membres de ce même commando continueront à purger leur peine sur le continent, et puis il réfute une nouvelle fois, la dénomination « prisonniers politiques ». « Soyons précis sur les termes employés, dit le premier ministre, évitons de répandre des contre vérités, il n’y a pas de prisonniers politiques , il n’y aura pas d’amnistie »
L’un des albums de Pétillon s’appelle vous vous en souvenez, « Bons baisers de corse, et d’ailleurs »…Ca ne devrait pas être tout à fait cette ambiance là aujourd’hui
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