J-7 : soutien à la police, comment l'exécutif se couvre avant le couvre-feu. J+7 : Edouard Philippe devant la commission d'enquête Covid à l'Assemblée.
La semaine politique, avec vous, Yael Goosz. On regarde dans le rétro, et on se projette. Et ce que vous retenez de la semaine, Yael, c’est un exécutif qui soigne la police…
Darmanin, Macron, majorité. Tous mobilisés pour garder le contact.
C'est un métier dangereux, on ne sait jamais sur quoi on va tomber, oui c'est un métier usant, depuis deux ou trois ans j'ai l'impression que c'est de plus en plus violent. Ma compagne a peur pour moi quand je pars au travail" (Yannick, brigadier de police à Rouen, mardi, sur France Info)
Yannick, policier en horaires décalés, au micro de David Di Giacomo. « Nuiteux », comme on dit dans le jargon. Comme 22.000 de ses collègues qui dorment le jour. Ceux qui auront pour mission, parmi d’autres, de faire respecter le couvre-feu. Et pour qui l’exécutif augmente les primes, juste avant qu’Emmanuel Macron ne l’instaure, ce couvre-feu. Tiens, tiens…
Prière de ne pas se mettre à dos les fonctionnaires clés dans la crise ! On l’a vu la semaine dernière pour les soignants, avec la rallonge de 50 millions d’euros pour ouvrir 4000 lits dans les hôpitaux et des augmentations de salaires plus rapides… Et ça se confirme cette semaine avec les forces de l’ordre, victimes d’hyperviolence à Champigny, Herblay ou Savigny-sur-Orge.
Et face à cela, l’hyper-réactivité de l’exécutif. Et pas seulement budgétaire. Gérald Darmanin les a cajolées mardi, puis hier encore, avec le Président à l’Elysée, et en présence de qui ? Du Garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti. Et c’est ce continuum qui a plu aux syndicats, toujours très critiques sur la chaîne pénale. Au même moment, deux députés de la majorité déposaient un texte de loi pour mieux protéger policiers et gendarmes : mortiers d’artifice interdits, remise de peine limitées pour ceux qui s’en prennent aux forces de l’ordre.
Emmanuel Macron sait ce qu’il leur doit : des gilets jaunes, à la lutte anti-terroriste, du confinement au futur couvre-feu… Dans cet agenda saturé de Covid, l’insécurité reste un angle d’attaque pour la droite et le RN. C'est cette brèche qu’Emmanuel Macron aura personnellement tenté de refermer cette semaine.
Allez Yael, on se projette sur les jours qui viennent…
Covid saison 2, et si on se repassait la saison 1 ?
L'enjeu, ce n'est pas de mettre des têtes au bout des piques, l'enjeu c'est tout simplement que surtout, on évite qu'une telle crise recommence en étant aussi désarmés que nous l'avons été." (Damien Abad, vice-président de la commission d'enquête parlementaire sur la gestion de la crise Covid, le 2 juin 2020, sur France Inter)
C’était début juin, mode d’emploi de la commission d’enquête par le député LR Damien Abad. Commission qui auditionnera Edouard Philippe la semaine prochaine. Il a rendez-vous, mercredi, 14h, à l’Assemblée.
Exercice délicat et presque anachronique. Rendre des comptes sur une crise inachevée ! Ce calendrier d’auditions, la droite l’avait étiré au maximum. Exprès. Commencer le plus tard possible après le déconfinement, pour finir ses travaux six mois après, en décembre, en anticipant qu’une éventuelle deuxième vague remettrait un coup de projecteurs sur les acteurs politiques de la première.
Après les cartes postales et la "Doudoumania", Edouard Philippe va devoir redescendre dans l’atmosphère et dans l’arène. « Il est passé entre les gouttes, il a sorti le parapluie », me confiait l’un des membres de la commission, « mais lui aussi est comptable de l’échec sur les masques, les stocks, les tests, il n’est pas sorti de l’auberge ! Pourquoi faisait-il campagne au Havre quand Agnès Buzyn l’alertait sur ce virus venu de Chine ? »
Vous l’avez compris, la rencontre s’annonce inamicale, et les arrière-pensées politiques ne seront jamais loin, car Edouard Philippe constitue un sérieux obstacle pour une droite qui peine à se reconstruire.
Mais la Covid n’est-elle pas un obstacle aussi pour lui ? Poursuivi devant la cour de justice de la République ? Perquisitionné hier à son domicile. Pas de défausse, promet son entourage. Edouard Philippe assume d’avoir été prudent, et transparent, de dire quand il savait, mais aussi quand il ne savait pas.
Sa gestion, passée au laser de la commission d’enquête, s’annonce très instructive, y compris pour son successeur Jean Castex, désormais au cœur des tempêtes : « tempêtes sanitaire, économique et sociale », comme l’avait annoncé Edouard Philippe. Ce sombre oracle proféré mi-septembre depuis son Havre de paix, loin des couvre-feu.
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