J-7 : après les ronds-points, la politique... Du gilet jaune à l'écharpe tricolore ? J+7 : joyeux Noël, les "technocrates" !
La semaine politique ! Avec vous, Yael Goosz, chef du service politique. On regarde dans le rétro et on se projette... Et ce que vous retenez de la semaine, Yael, c’est l’entrée en politique des gilets jaunes.
Tentatives, multiples, pour passer des ronds-points aux urnes…
La France est une vache à lait qui tète le pi de son veau (...). C'est-à-dire que même si, un jour, on me dit, Francis, tu es tête de liste, je ne serai pas le leader du mouvement" (Francis Lalanne, le 17 décembre 2018, au micro de Sébastien Sabiron).
Nous on va être dans quelque chose d'horizontal, tous les mandats sont révocables, les adhérents vont décider qui va être sur cette liste" (Hayk Shahinyan, le 17 décembre 2018, au micro de Sébastien Sabiron).
L’inénarrable Francis Lalanne, d’un côté, prêt à se porter caution bancaire à hauteur de 800.000 euros. Hayk Shahinyan de l’autre, le jeune porte-parole des Gilets Jaunes-Le Mouvement. Tous les deux au micro au Sébastien Sabiron. Mais chacun dans leur couloir pour l’instant…
Cette semaine on a aussi vu les communistes annoncer, pour les européennes de mai, qu’il mettrait du jaune sur leur liste. Et puis Bernard Tapie, sur Inter, qui les appelle à s’organiser, et pourquoi pas à tenir leurs AG dans la salle des rotatives de La Provence, son journal.
Y aura-t-il une liste Gilets jaunes prête pour mai ? C’est possible… Mais représentative de qui, en fait ? Car entrer dans ce processus, cela signifie renoncer au mythe de la pure horizontalité, sortir de la démago-cratie directe version facebook… En ont-ils envie ?
Ce ne serait pas la première fois qu’un mouvement social se reconvertit dans le champ politique… Mais les échecs sont légion. Après mai 68, Rocard avait fait moins de 4% à la présidentielle. En 2014, les Bonnets Rouges avaient présenté aux européennes une liste, bretonne : résultat 3%.
En réalité, la perspective d’une liste Gilets jaunes intéresse surtout La République en Marche, car elle viendrait mordre les mollets de Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen.
Allez, Yael, on se projette sur la suite, météo politique à 7 jours...
Joyeux Noel et bonnes fêtes à tous les technocrates !
C'est le retour de la décision politique (...). Peut-être que parfois, l'emprise de la technostructure nous a empêché d'avancer suffisamment vite. Et bien ça, c'est fini." (Stanislas Guerini, délégué général de La République en Marche, le 14 décembre 2018, sur LCI)
Le nouveau story-telling, comme on dit en anglais, d’Emmanuel Macron : si c’est trop lent, si sa parole n’est pas immédiatement traduite en acte, ce n’est pas de sa faute, c’est à cause de tous ces hauts fonctionnaires, déconnectés, qui feraient écran entre sa volonté et celle du peuple.
Une fable ? Non, pas complètement : le couac de la semaine, cette annulation de l’annulation de 130 millions d’euros de chèque énergie, illustre bien ce décalage entre expertise comptable et flair politique.
Exagéré ? Certainement. Car les administrations sont ce que le législateur en a fait. C’est lui qui a produit ces usines à gaz, en fixant ces taux complexes à manipuler, qui font que quand le politique appuie sur un bouton (CSG, prime d’activité), tout ne peut pas s’exécuter dans la minute…
Et cette guerre contre les technos est d’autant plus déplacée de la part du Président, qu’il en vient, qu’il en est lui-même le produit. Et que cette élite, décriée aujourd’hui, il l’a mise au pouvoir en 2017. Et que quand tout allait bien, tout allait vite (sur les ordonnances travail, la SNCF, le dédoublement des classes de CP), Emmanuel Macron ne se plaignait pas !
Une technostructure qu’il avait promis de dompter, c’est ce qu’on appelle le « spoil-system » (le haut fonctionnaire doit être au service du politique qu’il a nommé)… En réalité, Emmanuel Macron a changé deux fois moins de directeurs d’administration que François Hollande, quatre fois moins que Nicolas Sarkozy. Le 12 décembre, il avait prévu de les remettre au pas, lors d’une grande convention managériale, mais gilets jaunes oblige, tout cela a été renvoyé à février.
D’ici là, il n’y a pas que les hauts fonctionnaires qui vont subir le bashing présidentiel. Les petits fonctionnaires, aussi, vont passer un hiver rude, en particulier ceux du Trésor Public, sur qui repose le succès du prélèvement à la source… Emmanuel Macron avait hésité, à la fin de l’été, à y renoncer, on s’en souvient, car il se méfiait, déjà, de son administration… Alors que l’exécutif fait tout pour déblayer la piste d’atterrissage avant le grand débat, le moindre bug aurait des effets politiques et psychologiques ravageurs. Et le bouc-émissaire technocrate serait tout désigné.
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