J-7 : gouvernement, perchoir et groupe parlementaire remaniés, mais quid du parti La REM ? J+7 : réorganisation imminente à l'Elysée, la mission impossible du porte-parole...
La semaine politique ! Avec vous, Yael Goosz, chef du service politique. On regarde dans le rétro et on se projette... Et ce que vous retenez de la semaine, Yael, c’est une reprise en main, incomplète, du mécano macronien…
Le redressement, c’est, peut-être, maintenant ?
C'est pour ça qu'il faut, dans ces périodes, tout à la fois tenir, expliquer et avec force mener ce combat." (Emmanuel Macron, séminaire à l'Elysée, 5 septembre 2018)
Tentative de reprise en main, donc, au gouvernement, avec ce mini-remaniement post-Hulot, et au Parlement, avec les cartes rebattues au groupe et au perchoir. Mais un maillon de la chaîne n’a pas encore été traité, maillon essentiel mais faible aujourd’hui : le parti La République en Marche. Dont la rentrée n’en finit pas d’être reportée, ça devait se faire mardi dernier ! Puis lundi prochain, mais c’est encore repoussé.
Pourtant il y a urgence : la popularité d’Emmanuel Macron s’effondre, et entraîne dans sa chute La REM, créditée de 20% (sondage IFOP) pour les élections européennes. La REM : parti majoritaire mais invisible, même pas une université d’été pour souder et remobiliser les troupes. Le constat fait par l’un des dirigeants est sévère : « c’est un parti qui ne se sent pas comme un parti ». Des adhérents ? Pas de problème il y en a, mais ils s’investissent de manière aléatoire. Zappeurs. Il n’y a pas de moines soldats.
Zappeurs parce qu’on ne leur a toujours pas donné le mode d’emploi du macronnisme. Et ça c’est le chantier, immense, qui va s’ouvrir à l’automne. Emmanuel Macron a demandé à ses relais de « faire émerger une ligne politique ». Jusqu’à maintenant, le macronnisme c’était une méthode, l’efficacité, il s’agit de lui donner un corpus sur le fond. C’est pour cela que fin octobre, le mouvement planchera sur la notion de « progressisme » lors d’un colloque, où des actes seront posés, et publiés. Un changement de culture : la crise de l’an 2 oblige à ne pas remanier que les équipes : pour durer, il faut des idées claires, une doctrine, et sortir (c’est le plus grand risque pour cette jeune formation) de l’ambiguïté du « et en même temps ».
Allez, Yael, on se projette sur la suite, météo politique à 7 jours...
… Et c’est l’autre remaniement qui se profile. A l’Elysée. Nomination à venir d’un directeur général des services (une sorte de super DRH) et refonte de la cellule presse. Une réorganisation par étapes qui commencera en fin de semaine prochaine. Avec cette question, encore non réglée, du porte-parolat de l’Elysée, poste piège quelle que soit la présidence…
Euh... je vous renvoie euh... à... la, la... au discours qu'a prononcé le Président hier... Enfin, pardon, je ne peux pas répondre à ces questions, je ne connais pas tous les éléments du dossier" (David Martinon, extrait d'un point presse à l'Elysée, au début du quinquennat de Nicolas Sarkozy)
Cette archive de 2007, c’est celle de David Martinon, éphémère porte-parole de Nicolas Sarkozy, il a tenu 10 mois et 3 jours… Dix ans plus tard, l’ancien journaliste de France 2 Bruno Roger-Petit, occupe les mêmes fonctions, et il est lui aussi en sursis !
La greffe, évidente à la Maison Blanche, ne prend pas chez nous. Les exemples sont légion : on se souvient par exemple de l’échec de Claude Sérillon auprès de François Hollande, ce président qui préférait assumer lui-même sa propre com’. Fonction redoutablement exposée, terriblement jalousée. Vous vous retrouvez au cœur de la comédie du pouvoir… Vilipendé par vos anciens collègues parce que vous trahissez la carte de presse. Regardé avec méfiance par les historiques de la campagne, ce premier cercle qui vous juge illégitime.
Et au-dessus de vous, il y a ce Président qui vous demande d’être le conteur de ses exploits, le barde qui raconte les promesses tenues… Sauf, sauf, que vous n’êtes qu’un scribe, que le patron, fonction oblige, a peu de temps à vous accorder… Il est sur une autre planète, il arbitre sans vous, pendant que vous affrontez 24 heures sur 24 le questionnement légitime de la presse. Et c’est à vous qu’on demande de monter au front sur une affaire Benalla, au risque de brûler le fusible !
Dans les années 90, - cette anecdote m’a été rapportée par Luc Lemonnier -, un certain Jean Musitelli était le porte-parole de l’Elysée. Comme toutes les semaines, il briefe les journalistes dans les couloirs du Palais, quand un jour, Mitterrand passe par là. Et le président a cette phrase cassante, en présence de son porte-parole : « Je ne sais pas ce que vous pouvez lui demander, je ne lui dis jamais rien… » Silence gêné. Tout est dit. Un président, en France, se sent trop puissant pour laisser un perroquet parler à sa place.
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