J-7 : pré-remaniement, la machine infernale à meubler... J+7 : une commission d'enquête test pour un Sénat réhabilité
La semaine politique ! Avec vous, Yael Goosz, chef du service politique. On regarde dans le rétro et on se projette... Et ce que vous retenez de la semaine, Yael, c’est ce non remaniement !
On ne devrait même plus parler de semaine, mais de quinzaine ! Un cas d’école, cette attente, pour ma profession… D'ailleurs, Emmanuel Macron s’en amuse : à l’Elysée mercredi, il a eu cette phrase : « Cette séquence n’intéresse personne… A part les journalistes politiques qui n’ont rien d’autre à faire ». Critique excessive ? Non, il a raison : un point pour lui ! Car la source, la seule, celle qui décidera du dénouement, c’est lui… Et son Premier ministre. Tiens parlons-en, d’Edouard Philippe.
Personne jamais ne mettra le début du commencement de la moitié d'une feuille de papier à cigarette entre le Président de la République et le Premier ministre" (Edouard Philippe, 10 octobre 2018, à l'Assemblée nationale)
Il faudra arrêter un jour avec la cigarette, c’est passé de mode et c’est nocif pour la santé… Pourquoi je vous parle d’Edouard Philippe, parce que dans l’attente du remaniement, et comme il faut meubler, vous voyez fleurir sur lui les théories les plus contradictoires. Version A : Edouard Philippe est affaibli ! Il n’a pas réussi à forcer la main du Président… A placer ses hommes du centre-droit. C’est un désaveu. Et puis vous changez de chaîne, et c’est l’inverse ! Version B : Philippe, le maillon fort, refuge d’une macronnie déboussolée, plus populaire que le Président, il lui résiste et retarde le remaniement. Faudrait se mettre d’accord ! On peut aussi lever les stylos et attendre. Mieux vaut commenter intelligemment après, plutôt qu’anticiper sur des pseudos infos de coulisses.
Et pour répondre à Emmanuel Macron : oui, ce remaniement nous intéresse, c’est normal ses proches l’ont survendu, « nouveau souffle, acte 2, etc ». Mais un remaniement, ça n’a jamais fait vibrer les Français… Alors un remaniement qui tarde, c’est encore pire. Et à l’heure de l’info continue et des réseaux sociaux hystériques, c’est la boite à baffes garantie.
Allez, Yael, on se projette sur la suite, météo politique à 7 jours...
Et si la politique, la vraie, se faisait à un train de sénateur…
Il faut toujours faire confiance au Sénat : il rassemble des grands professionnels qui connaissent exactement les textes qu'ils ont à appliquer" (Jean-Pierre Raffarin, 3 octobre 2018, Public Sénat)
De l’utilité d’avoir deux chambres au Parlement ! Les travaux, sereins, de la commission d’enquête sur l’affaire Benalla l’ont prouvé…
Mais cette fois - et on sera fixé mercredi prochain-, le Sénat est attendu sur un sujet de société majeur. Enquêter ou ne pas enquêter sur les abus sexuels dans l’Eglise. Le tabou a sauté en Allemagne, aux Etats Unis, mais on sait peu de choses en France… Silence de l’Eglise. Impossible de quantifier : "1% de prêtres pédophiles", estime la conférence des évêques de France. Et difficile de faire parler.
C’est justement ce que va tenter de faire le groupe socialiste. Il utilise, son droit, une fois par an, à demander une commission d’enquête sur le thème de son choix. Dans la foulée de la pétition lancée il y a dix jours par Témoignage Chrétien…
Autant vous dire que cela secoue dans les rangs de la droite, et au-delà. La commission des lois, à dominante LR, dira mercredi si la procédure est recevable… ça crispe, ça heurte, au nom de la séparation de l’Eglise et de l’Etat, Bruno Retailleau par exemple est favorable à une telle commission, à condition qu’on l’élargisse aux abus sexuels dans tous les organismes, y compris laïcs, partout où il y a contact avec la jeunesse.
Peut-on s’ingérer dans la vie de l’Eglise ? Oui, à partir du moment où il y a trouble à l’ordre public ! Avec cette limite, le Sénat n’est pas un tribunal, il ne l’a pas été dans l’affaire Benalla, et ne le serait pas davantage sur la pédophilie dans l’Eglise. En cas d’échec, il faudra l’expliquer aux 88% de Français favorables à cette commission, sondage Odoxa. On verra si le Sénat est au rendez-vous.
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