J-7 : Petit à petit, la rivière de droite rentre dans son lit. J+7 : 34 listes pour la campagne officielle, vitalité ou illisibilité de la vie politique française ?
La semaine politique, avec vous Yaël GOOSZ, chef du service politique de France Inter. On regarde dans le rétroviseur et on se projette. Et ce que vous retenez de la semaine, Yaël, c’est l’installation d’un autre match dans la campagne ?
REM contre RN, on avait l’habitude ! Mais la droite LR vient perturber le duel installé.
Je pense qu'ils font une profondeur erreur en nationalisant ce scrutin, et qu'ils prennent le risque d'un vrai effet boomerang. Vous croyez qu'Edouard Philippe prend encore des voix à qui que ce soit ? Je ne le crois pas." (Laurent Wauquiez, le 6 mai 2019, à La Ciotat)
Cette droite qu’on avait laissée chaos debout en 2017. Cette droite Fillon/Trocadéro, qui avait fait fuir les juppéistes, réfugiés auprès d'un jeune président, impatient, après avoir fait exploser la gauche, de récidiver à droite.
A gauche, on a vu l’explosion. A droite, on ne voit toujours pas la mèche ! Le socle résiste. Et les transfuges s'inquiètent. Gérald Darmanin, dans Le Parisien, mercredi : « Faire le choix de Bellamy, cela revient à faire celui de Wauquiez, avec, peut-être, la sincérité en plus ».
Car ce n’était pas ça, le plan initial. La recomposition devait aller plus vite. Alain Juppé comme trait d’union, mais il n'est plus là, parti chez les Sages. A-t-il voté pour ce RIP qui embarasse l'Elysée ? Les archives le diront... dans 25 ans.
Combien sont-il encore d'élus LR à vouloir marcher ? Neuf signataires dans une tribune publiée dans le JDD… C’est faible. Christian Estrosi à Nice, Jean-Luc Moudenc à Toulouse, Michel Barnier à Bruxelles, vont voter Bellamy.
La rivière de droite rentre dans son lit. Et ce n'est pas la campagne, soudain très verte, de La REM qui l'en fera sortir.
Le triangulateur Emmanuel Macron se dit qu'en ce moment c'est à gauche et chez les jeunes qu'il faut aller pêcher des voix.
Allez, Yaël, on se projette sur les jours qui viennent...
Un peu de place, s'il vous plaît, on a 34 listes à vous montrer, Nicolas !
Devant cette explosion de candidatures, il va falloir acheter des contreplaqués, ce sont les employés municipaux qui vont faire ce bricolage. Et on va essayer de trouver des endroits où on a des grilles (ou des choses comme ça) pour pouvoir les accrocher." (Jean-André Magdalou, maire d’Alenya, près de Perpignan, au micro de Sébastien Berriot)
Le "bricolage" du maire d'Alenya ! La campagne officielle, c'est lundi, et il faut des panneaux pour tous ! 2686 candidats pour 79 places… Record absolu. Vitalité ou illisibilité de la vie politique française ?
Il vous faudra des lunettes, une loupe et des jumelles. La loupe pour parcourir les affiches lundi : ne vous fiez pas aux couleurs… Le violet fédéraliste de l’UDI est aussi animaliste. C'est facile à repérer, la tête de liste est une tête de chien ! Du rouge, mais quasiment le même, pour Lutte ouvrière, le PC et Raphael Glucksmann. Bleu trompeur, attention à l’illusion d’optique, de Bardella à Bellamy, de Dupont-Aignan à Marine Le Pen, à peine plus pâle pour En Marche. Et puis « La voie de l’insoumission » se décline en gris anhtracite pour Aubry et Mélenchon.
Ensuite, après avoir lu les 34 professions de foi (si, si !), vous prendrez vos jumelles pour voir jusqu’à Strasbourg. Car cette élection en cache une autre. Tentation référendaire pour ou contre le pouvoir en place. D'accord. Mais il faut voir plus loin ! Qui envoyez-vous à Strasbourg ? Pour y faire quoi ? Dans quel groupe ? Les minoritaires en France sont peut-être majoritaires à l’échelle de l’Europe ? Et inversement.
Qu’est-ce qu’un vote utile dans cette élection ? Attention à l’écran de fumée national… Les européennes, scrutin one shot, un tour, mais exigeant et qui exige de voir plus loin que le petit bout de sa lorgnette.
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