Le recours à la médiation animale est en pleine expansion. Comment est née la pratique ? Quels sont les bénéfices réels du contact animalier pour l'homme ?
Parce que leur contact est bénéfique pour les humains qui les côtoient, des animaux sont de plus en plus utilisés dans une démarche de médiation sociale, et même thérapeutique, que ce soit pour des enfants atteints de troubles du spectre autistique, des étudiants stressés, des personnes âgées isolées, des SDF ou encore des détenus…
**Quels sont plus précisément les bienfaits du contact animalier? Qui sont les professionnels de la médiation animale ? Comment la science s'intéresse-t-elle à ces données ? Au-delà du psychique les effets du contact animalier sont bénéfiques sur le plan physiologique… Comment se développent aujourd'hui ces pratiques ?
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Dans son enquête Quand les animaux nous font du bien, publiée chez Buchet Chastel (2022), Laurence Paoli est allée à la rencontre de celles et ceux dont le compagnon a changé la vie ainsi que des scientifiques qui étudient ces relations.
Auteur d'une thèse intitulée Panser avec les animaux, Sociologie du soin par le contact animalier (Presses des mines, 2014) le sociologue Jérôme Michalon est spécialiste de l’historique de la médiation animale.
Depuis plus d'une dizaine d'années, la chercheuse en éthologie et psychologie Marine Grandgeorge s'intéresse particulièrement au lien entre les enfants avec troubles du spectre autistique et leurs animaux. Elle a publié L’animal et l’enfant avec troubles du spectre autistique : une relation au quotidien, L’harmattan (2020).
Les animaux et les humains, nous sommes complémentaires
- Laurence Paoli
La révélation du pédopsychiatre Boris Livingston, dans les années 1960
Les bénéfices de la médiation animale ont émergé dans les années 60 à la suite de plusieurs études scientifiques menées autour de la santé mentale. Depuis, les travaux se sont élargis à différentes pathologies en montrant la capacité des bêtes à nous faire nous sentir mieux par des effets physiologiques ou psychologiques.
Jérôme Michalon : "Cela date des années 60, à partir du moment où on a essayé de constituer ces pratiques comme des pratiques spécifiques (zoothérapie, médiation animale…).
A l'époque, c'était le pédopsychiatre Boris Livingston qui explique avoir un jour, par hasard, croisé un enfant mutique qui avait rendez-vous pour une séance alors qu'il était en train de promener son chien. Immédiatement, il y a eu cette interaction entre l'enfant, qui avait vraiment du mal à sortir de sa coquille, et ce chien dont la présence était un peu inopinée et qui a suscité de l'intérêt pour l'enfant, qui n'a pas fui, et est même entré en interaction avec le chien"
Les vertus du contact avec les animaux (en particulier chez les enfants autistiques)
Marine Grandgeorge : "Il existe un faisceau de preuves qui, aujourd'hui, nous montrent que l'animal au quotidien peut aider ces enfants autistes à mieux communiquer, à être moins stressés, à diminuer le stress parental et avoir une meilleure cohésion familiale qui soit.
Il y a des rôles physiologiques. Interagir avec l'animal va changer notre expression hormonale. Comme le cortisol, l'hormone de stress, qui va diminuer. L'ocytocine, hormone de l'attachement, est plus secrétée notamment quand on regarde son chien dans les yeux. Et puis, des fondements psychiques, la présence d'un chien ou d'un autre animal. C'est un être différent. On apprend l'altérité et on apprend aussi à être quelqu'un qui ne nous juge pas pour ce qu'on est.
Notre rythme cardiaque va s'abaisser. La présence d'un animal a vraiment cet effet anxiolytique sur notre corps
Un bon outil de socialisation (notamment chez les plus démunis)
Marine Grandgeorge : "L'animal a un rôle de catalyseur social. Il va faciliter les interactions entre les gens notamment lorsque vous allez vous promenez avec votre animal, il permet de partager beaucoup de choses avec les gens qu'on croise qui souvent prennent en affection votre animal de compagnie.
Vital pour de nombreux sans-abris
MG : "Les personnes sans abri ont souvent avec eux des chiens car ils cultivent de vrais échanges de tendresse avec eux pour se protéger socialement, notamment lorsqu'ils dorment. Certains se réchauffent avec leur animal par temps de grand froid. Et le chien n'est absolument pas malheureux. Il fait plaisir et soutient son maître".
Laurence Paoli : "Cet animal joue un rôle et fait famille pour eux. Ce n'est pas qu'un simple chien, c'est la personne qui les réchauffe, les accompagne, les aiment, protègent leur dignité d'êtres humains parce qu'ils s'en occupent parfois même mieux qu'eux-mêmes. Abandonner leur chien est absolument impossible, c'est pourquoi lorsqu'ils essaient de se réinsérer, les associations d'encadrement doivent absolument prendre en compte l'animal qui accompagne ces sans-abris".
Dans l'administration pénitentiaire aussi
Laurence Paoli : "Le chien sert de réconfort et sert de médiateur pour aller récupérer des prisonniers qui sont en état de chute libre, en état de désespérance. Avec le chien, on arrive à leur reparler, on arrive à mieux réussir leur" réinsertion potentielle".
Dans les EHPAD (exemple du cheval Peyo réconforte les personnes âgées)
La suite à écouter…
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