Sécheresse : pourquoi la situation est-elle préoccupante ?

C'est normalement en hiver que les nappes phréatiques se rechargent, mais les précipitations se sont faites très rares ces derniers mois.

S'il n'y a pas suffisamment d'eau, cela aura des conséquences majeures sur la végétation en train d'éclore et les futures récoltes. Selon le bulletin de situation hydrogéologique au 1er mars 2022 du BRGM, le manque de précipitations efficaces à partir de janvier a entraîné une inversion des tendances. Les nappes réactives sont globalement en baisse. Les nappes inertielles demeurent en hausse ou stables mais la recharge est fortement ralentie. Seules les nappes inertielles du Bassin parisien, du Bassin Artois-Picardie et des formations fluvioglaciaires du Rhône observent des niveaux plus favorables, proches ou plus hauts des moyennes mensuelles.

Les prévisions de Météo France ne sont guère optimistes pour la recharge des nappes : sur les mois de mars à mai 2022, les scénarios plus chauds et plus secs que les normales sont les plus probables. La hausse des températures, la reprise de la végétation et donc l’augmentation de l’évapotranspiration vont limiter nettement l’infiltration des pluies d’ici quelques semaines. En cas de précipitations insuffisantes, la vidange pourrait se poursuivre sur les nappes réactives et se généraliser rapidement aux nappes inertielles. L’état des nappes devrait alors continuer à se dégrader.

Emma Haziza, hydrologue, spécialiste de l'adaptation face au changement climatique et présidente fondatrice du centre de recherche  Mayane . Elle est la directrice scientifique de la Chaire de recherche sur l’adaptation au changement climatique à  Paris Dauphine.