

En mars 2021, l’ONG Oxfam révélait que les activités industrielles des multinationales du CAC 40 nous conduisent vers un réchauffement planétaire de + 3,5 °C d’ici la fin du siècle – soit un enfer sur Terre. Qui sont ces entreprises criminelles climatiques ?
En juillet 2017, des travaux scientifiques pionniers ont jeté une lumière crue sur la réalité sociale du dérèglement climatique. Basé aux États‑Unis, le Climate Accountability Institute, principale autorité scientifique mondiale sur le rôle des compagnies énergétiques dans la crise climatique, et le Carbon Disclosure Project une organisation britannique qui étudie l’impact écologique des multinationales, révélaient que :
Cent entreprises étaient responsables à elles seules de 71 % des rejets de gaz à effet de serre imputables à l’activité humaine, depuis 1987. Plus de la moitié des émissions mondiales industrielles sont attribuables à seulement 25 firmes
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Cette centaine de sociétés sont toutes productrices de pétrole, de gaz ou de charbon. Si parmi les plus grands régurgiteurs de CO2 on retrouve les célèbres mastodontes Shell, Total, ExxonMobil, Chevron ou BP, les trois premières multinationales climaticides au monde sont peu, voire pas du tout connues du grand public.
Premier exportateur international de pétrole, Saudi Aramco est la firme la plus émettrice de carbone de la planète. En deuxième position apparaît China Energy avec 1,55 milliard de tonnes équivalent CO2 rejetés dans notre atmosphère, toujours en 2019. Ce gigantesque conglomérat chinois est la plus grande compagnie énergétique sur Terre mais surtout un leader du charbon. Enfin, talonnant le champion chinois de la houille : Gazprom. Premier producteur international de gaz, ce fleuron de l’économie russe émet chaque année 1,53 milliard de tonnes équivalent CO2.
Saudi Aramco, China Energy et Gazprom. Pétrole, charbon et gaz , c’est la sinistre trinité des énergies fossiles. Si aujourd’hui ce trio climaticide était un pays, il incarnerait la troisième nation la plus émettrice de gaz à effet de serre, derrière la Chine et les États‑Unis.
Dans son dernier livre « Criminels climatiques. Enquête sur les multinationales qui brûlent notre planète » Éditions La Découverte du journaliste Michaël Correia dévoile comment ces trois multinationales les plus "climaticides" au monde déploient activement et avec cynisme tout un arsenal de stratégies pour maintenir notre addiction aux énergies fossiles : pillage écocidaire des dernières réserves énergétiques, soft power, corruption, néocolonialisme, introduction en Bourse, mensonges à la communauté internationale, recherches technologiques ou encore greenwashing...
Quelques chiffres vertigineux qui illustrent les méfaits de cette sinistre trinité des énergies fossiles financée par des banques :
Rien qu’entre 1988, année de création du Giec, et 2015, date de l’accord de Paris, Gazprom a éructé dans notre atmosphère 35 milliards de tonnes d’équivalent CO22. Soit environ deux fois et demie plus que ce qu’a émis la France sur la même période. Ses sinistres tuyaux courent sur plus de 175 000 kilomètres, soit de quoi réaliser quatre fois le tour de la Terre. Pour s’aventurer dans les mers polaires, Gazprom bénéficie de l’appui financier de JP Morgan Chase, une des plus grandes banques étatsuniennes. Le leader bancaire de Wall Street, qui coopère avec Gazprom depuis 2004, est le chef de file du financement des projets d’extraction de combustibles fossiles dans les eaux profondes de l’Arctique. Entre 2016 et 2018, JPMorgan Chase a fourni aux industriels 1,7 milliard de dollars pour exploiter les sous‑sols marins du Grand Nord. Première exportatrice mondiale de pétrole, détentrice à elle seule de 10 % des réserves de brut mondial, Saudi Aramco est l’entreprise la plus rentable au monde. Mais elle est aussi climaticide car depuis 1965, Aramco a déjà rejeté à elle seule 60 milliards de tonnes d’équivalent CO2 dans l’atmosphère. Des émissions comparables à plus de 600 centrales au charbon vomissant en continu leur feu à partir de cette date. Après le gaz, le pétrole voici le charbon ! Il ne manque plus que China Energy qui a régurgité dans l’atmosphère 1,549 milliard de tonnes équivalent CO24. Soit plus de trois fois et demie ce qu’a émis la France la même année en termes de gaz à effet de serre. En plus de sa cinquantaine d’exploitations houillères, China Energy compte à elle seule développer à l’avenir huit futurs projets miniers. De quoi ajouter à son parc climaticide l’équivalent des rejets de gaz à effet de serre annuels de la Suisse...
Avec
Michaël Correia , journaliste à Mediapart spécialiste des questions climatiques et auteur de « Criminels climatiques. Enquête sur les multinationales qui brûlent notre planète » Éditions La Découverte.
Lucie Pinson, fondatrice et directrice générale de l ’ONG Reclaim Finance , et a reçu le Prix Goldman pour l’environnement en 2020.
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