Venise engloutie

Palais des Doges et place Saint-Marc inondés par l'acqua alta (marée haute), Venise, Vénétie, Italie.
Palais des Doges et place Saint-Marc inondés par l'acqua alta (marée haute), Venise, Vénétie, Italie. ©Getty - Matteo Colombo
Palais des Doges et place Saint-Marc inondés par l'acqua alta (marée haute), Venise, Vénétie, Italie. ©Getty - Matteo Colombo
Palais des Doges et place Saint-Marc inondés par l'acqua alta (marée haute), Venise, Vénétie, Italie. ©Getty - Matteo Colombo
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Venise et sa lagune sont menacées par le réchauffement climatique et le surtourisme : les inondations sont fréquentes et la montée des eaux menace de tout engloutir. Un joyau incontournable qui nous permet d'aborder plus largement la question de notre déni face à l’urgence de protéger le vivant.

Avec
  • Isabelle Autissier Navigatrice, Présidente de la branche française du World Wide Fund for Nature(WWF)

Le rapport du GIEC datant de septembre 2019 affirme que Venise risque d’être engloutie d’ici 2100. Ce n'est pas de la science-fiction et pourtant, c'est le scénario du cinquième et dernier roman d'Isabelle Autissier, ex-navigatrice, première femme à avoir accompli un tour du monde en solitaire et présidente d’honneur de la fondation WWF France. Elle sera avec nous dans l'émission pour nous raconter comment a t-elle pensé et écrit ce récit inspiré du réel.

A travers plusieurs personnages, elle nous explique d’abord avoir essayé de ne pas être caricaturale mais de décrire différentes visions d'une seule et même catastrophe environnementale. Si Guido, conseiller à la mairie, a des raisons et des intérêts de croire que le développement économique est encore soutenable et que la technologie peut sauver Venise, sa fille Léa incarne cette jeunesse qui prend conscience que l'immobilisme ne pourra pas durer et se radicalise.

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L’erreur fatale que nous continuons à commettre est de dissocier Venise de sa lagune - Isabelle Autissier

Comment préserver l'ensemble du patrimoine vénitien, maintenir une activité économique raisonnable pour les locaux et investir pour restaurer l'écosystème lagunaire ?

L'occasion d'aborder avec nos deux autres invités tous les enjeux scientifiques et environnementaux auxquels fait face la cité italienne : du système de digues MOISE jusqu'aux mesures de lutte contre le tourisme de masse en passant par des projets de restauration écologie de la lagune.

Retrouvez ci-dessous des extraits de l'entretien

Un roman sur Venise

Isabelle Autissier vient de publier " Le naufrage de Venise". Elle explique : "Écrire un roman est un moyen de rendre palpable des rapports du GIEC, de rendre les situations plus proches de nous, et de faire en sorte que les chiffres nous parlent." 

Pour l'écriture de ce roman, elle a rencontré sur place des Vénitiens, des personnes conscientes des problèmes environnementaux que rencontre la ville, et d'autres qui veulent en profiter jusqu'au bout. 

Isabelle Autissier dit avoir choisi Venise, car c'est "un lieu emblématique de ce qui se passe sur la planète : tout le monde veut sauver Venise, mais on ne le fait pas. Les tensions entre intérêts économiques et intérêts biologiques sont très fortes."

Un équilibre fragile

La ville de Venise est située sur une lagune, un écosystème très fragile. Franck Lagarde définit la lagune comme "une étendue d'eau de faible profondeur séparée de la mer par un banc sableux. Les canaux apportent l'eau de la mer. Et ce mélange particulier donne une biodiversité unique, mais le système est très sensible."

La ville menacée depuis le début du XXe siècle

Isabelle Autissier explique qu'au début des années 1900 à Venise, "on a voulu avoir plus de terres pour l'agriculture, puis plus tard pour construire un aéroport… Donc l'eau circule plus, va plus vite."

Conséquence : la ville fait face à un phénomène d'Acqua Alta, de submersion. Les plus célèbres sont celles de 1966, et de 2019 où la ville s'est trouvée sous presque deux mètres d'eau. Les Vénitiens ont pensé financer la rénovation par une taxe sur les cigarettes… Depuis, ils ont trouvé des solutions pour fermer les arrivées d'eau, et limiter le phénomène.

Surmonter Venise

Isabelle Autissier : "Dans les années 1960, Venise s'est affaissée. On avait trop pompé d'eau pour les industries de la région. Donc, les gens voulaient la surélever. L'urgence, aujourd'hui, est d'intervenir sur la brique, une matière fragile. Avant, elle était protégée par la pierre d'en-dessous qui est très dure, la pierre d'Istrie. Mais maintenant, elle se trouve de plus en plus au contact de l'eau et là, il va falloir trouver une solution".

Tourisme

Depuis juillet 2021, les paquebots de croisière sont interdits dans la lagune. Rutger De Wit ajoute qu'aujourd'hui "La population est très informée. La pandémie de Covid-19 a accru une prise de conscience sur les enjeux environnementaux". 

Les Vénitiens ont vu que lorsque l'activité humaine diminuait, l'eau redevenait très vite plus claire.

Isabelle Autissier : "On n'a pensé le développement de la ville que dans un sens : celui de l'hyper tourisme. Mais les habitants partent : à cause des inondations, mais aussi à causes des conséquences du tourisme, et parce qu'il n'y a plus de magasin alimentaires mais que des commerces de nourriture vite faite…"

9 min

Une restauration écologique

Rutger De Wit explique qu'il y a déjà des efforts de restauration écologique dans le Nord de la lagune. Franck Lagarde se veut optimiste : 

"Si on s'attaque à une restauration écologique, comme l'écosystème de la lagune est très sensible aux activités humaines, on pourra le voir très rapidement."

Mais le choix du type et de degré de restauration est politique.

La suite à écouter