

Après 4 ans d'attente Greta Thunberg accorde une interview exceptionnelle à la Terre au carré, à l'occasion de la sortie de son livre "The Climate Book". La jeune militante écologiste suédoise, âgée de 19 ans, parle aussi de son engagement, de sa vie aujourd'hui et de ses ambitions pour l'avenir.
C'est l'histoire d'une adolescente qui, du jour au lendemain, est devenue la porte parole de toute une génération, celle du climat. C'est en 2018 qu'elle acquiert une renommée internationale en lançant une grève scolaire devant le Parlement de Stockholm. Son mouvement s'étend comme une traînée de poudre dans le monde entier. Et en quelques jours, cette jeune femme de quinze ans à l'époque, s'impose comme la voix de la lutte contre le réchauffement climatique.
Quatre ans plus tard, elle continue le combat et affirme participer à des manifestations essentiellement le vendredi, en fonction de son emploi du temps. Elle est pour la première fois l'invitée de "La Terre au Carré, à l'occasion de la publication du Grand Livre du Climat, qu'elle a dirigé, et qui est publié en France aux éditions Kero. Près d'une centaine de scientifiques et intellectuels internationaux abordent des thèmes comme la fonte des glaces, l'avenir de l'alimentation, la fast fashion, la question du Greenwashing, et dressent un état des lieux pour comprendre tous les enjeux de la crise écologique avec chiffres, graphiques et photographies à l'appui, en abordant tous les sujets depuis la fonte des glaces, la disparition des espèces, la déforestation aux pénuries d'eau. Elle a fait intervenir plus de 100 contributeurs scientifiques, parmi lesquels également des économistes comme Thomas Piketty, Lucas Chancel, mais également des auteurs, la romancière Margaret Atwood, Naomi Klein...
Il s'agit de faire entendre une multitude de regards différents sur la question. La culture, la littérature sont un moyen, selon elle, de parler aux gens, de mobiliser et de cultiver l'espoir d'une plus grande conscience environnementale. Un ouvrage censé suggérer des clés, des actions concrètes à tous les niveaux de la société. D'ailleurs, elle confie que si les gens ne sont pas suffisamment conscients de la crise actuelle, c'est parce que ce qu'il manque globalement, selon elle, "c'est la connaissance et la responsabilité morale d'agir".
« C’est le sujet le plus important au monde, et il doit être porté par un maximum de voix, pour toucher le plus de personnes possible »
- Greta Thunberg
La terre au carré l'a interviewée en duplex de sa maison de Stockholm.
Penser l'urgence climatique à l'échelle globale
La militante commence par confier quelles ont été les motivations et les objectifs de ce travail collectif autour de la question du climat. Un travail qu'elle a voulu le plus pluridisciplinaire possible afin de rendre compte de la nécéssité de penser plus globalement les enjeux du changement climatique aujourd'hui : "L'intérêt de ce livre a été de se concentrer sur l'état de la science et faire parler des experts issus de différents milieux, comme des narrateurs qui, dans leur domaine, dans leur champ de compétences, expliquent ce que veut dire ce changement climatique à travers leur prisme de compréhension. Moi j'ai surtout condensé, supervisé des informations qui puissent faire ressortir plein de facettes différentes de cette crise climatique. L'idée principale, c'est de relier les pointillés, penser un trait d'union entre les différents aspects de l'écologie. Aujourd'hui, on s'intéresse trop aux questions indépendamment les unes des autres et on n'a pas conscience qu'il y a des liens très complexes entre tous ces différents sujets. On ne pourra pas régler la crise si on règle un problème de manière isolée. Il faut penser les enjeux pris dans leur ensemble et dresser les liens".
"Agir vite et fort" : essayer de sauver tout ce qu'il est encore possible de sauver
Elle rappelle ensuite combien il est plus qu'urgent de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour limiter autant que possible les niveaux d'émission et éviter de déclencher des réactions en chaîne irréversibles, quand bien même nous sommes déjà en train de subir de terribles conséquences sur le court terme : "Nous n'avons plus le luxe d'établir des priorités. La crise est déjà tellement importante et nos dirigeants ont tellement attendu qu'il faut agir vite et fort. Il nous faut réduire considérablement les émissions à la source. Il n'y a pas de solution miracle, mais on peut faire tout ce qu'on est en capacité de faire pour faire avancer les choses. Il y a d'ores et déjà des gens innombrables qui souffrent des conséquences de ce réchauffement. Il ne sera jamais trop tard pour faire tout ce qu'on peut faire, mais le contexte environnemental actuel va compliquer la vie de beaucoup de gens. Des millions de gens vont souffrir de la crise climatique si on dépasse le 1,5 °C.
L'écologie politique dans une impasse
Le grand problème selon elle, actuellement, c'est qu'il n'y a pas de véritable volonté politique qui soit à même de convertir les volontés individuelles d'agir pour le climat, et que sans changement structurel, cette dynamique nous mène nulle part : "Beaucoup de pays, surtout en Occident, ne se donnent pas les moyens d'agir suffisamment. Malheureusement, nous marchons dans la mauvaise direction. Nombreux sont les hommes politiques qui utilisent le greenwashing et des techniques de relations publiques pour faire croire qu'ils font des choses qu'ils ne font pas en réalité. S'ils essaient d'édulcorer les choses, c'est parce qu'ils se rendent compte que les gens commencent à prendre conscience de cette crise globale, mais les personnalités politiques, en tous cas pour l'instant, continuent d'utiliser ces arguments contre nous. Les seuls petits gestes du quotidiens ne suffisent malheureusement pas, car c'est structurellement qu'il faut s'attaquer au problème".
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