Histoire naturelle du plaisir et de l'orgasme chez les animaux

Histoire naturelle du plaisir et de l'orgasme chez les animaux. Des tortues marines vertes s’accouplent, Australie.
Histoire naturelle du plaisir et de l'orgasme chez les animaux. Des tortues marines vertes s’accouplent, Australie. ©AFP - YVES LEFÈVRE / BIOSPHOTO
Histoire naturelle du plaisir et de l'orgasme chez les animaux. Des tortues marines vertes s’accouplent, Australie. ©AFP - YVES LEFÈVRE / BIOSPHOTO
Histoire naturelle du plaisir et de l'orgasme chez les animaux. Des tortues marines vertes s’accouplent, Australie. ©AFP - YVES LEFÈVRE / BIOSPHOTO
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Les animaux jouissent- ils ? 95 % des animaux ne pensent qu'à ça. Même la mouche jouit !

Dans son nouveau livre “Histoire naturelle du plaisir amoureux (Editions Odile Jacob), Thierry Lodé, naturaliste méticuleux, au fait des derniers progrès de la biologie, s’est lancé dans une histoire naturelle richement documentée du plaisir et de ses origines, qu’il remonte jusqu’aux premières éjaculations mâles et femelles dans l’eau de mer primitive. Quelle est cette force qui impose la biologie de la sexualité ? Quelle est son utilité ? si la génétique seule ne mène pas le monde vivant, qu’est-ce qui l’organise ? S’il n’est pas reproducteur, quel est donc l’avantage de l’orgasme, ce caractère phénotypique, manifestement inoubliable de l’évolution ?  Le sexe constitue la dernière énigme biologique.

La sexualité et le plaisir dans l'histoire évolutive du vivant

La satisfaction charnelle semble étendue chez les animaux. Loin de faire une simple figuration,  l’accouplement de la tortue terrestre des Seychelles Aldabrachelys gigantea paraît s’accompagner d’une béatitude inimaginable. L’œil vague, pattes tenues et bouche ouverte renvoient à une plénitude inattendue. On observa aussi cette félicité chez les singes vervets, les macaques et les babouins, avant la révélation de la sexualité débridée des bonobos, ces cousins dévergondés des chimpanzés. 

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Chez les bonobos Pan paniscus, tout semble prétexte à se choyer. Aux moindres occasions, ces compères s’adonnent à des accouplements, souvent très brefs, mais répétés des dizaines de fois tout au long de la journée. La sexualité des bonobos permit d’aborder enfin d’une manière différente la question sexuelle des animaux. Toutefois, de nombreux scientifiques avaient déjà prudemment avancé sur le problème. Après avoir guetté le plaisir des lionnes et des chevrettes, on surprit l’exultation des canaris, puis celle des oies. De fait, si les observations ont fait émerger des constatations surprenantes, la question fondamentale de l’orgasme animal intéressait les scientifiques depuis au moins les années 1960. 

Comme les humains, les animaux jouissent aussi ! 

Les animaux ne sont pas en reste, bien que la plupart de nos connaissances sur le climax sexuel aient été obtenues grâce à l’expérience humaine. Au cours de l’activité copulatoire, de nombreux vertébrés mâles ou femelles semblent éprouver les manifestations caractéristiques d’un orgasme, comme la respiration rythmique, des changements dans la fréquence cardiaque, des spasmes vaginaux et anaux et des expressions faciales explicites. Parmi les indices de l’orgasme les plus manifestes chez les primates, les contractions vaginales et anales rythmiques, l’hyperventilation, la tension musculaire involontaire, les spasmes, les grimaces et les constrictions utérines accompagnent généralement une tumescence des parois vaginales et leur lubrification.  Les scientifiques ont ainsi pu noter des mouvements pelviens chez des guenons des macaques rhésus et certains mammifères tels que les chiens, les chats, les cobayes, les furets et les rats furent vite reconnus pour pouvoir être stimulés jusqu’à l’acmé par des frictions masturbatoires. 

Enfin, les primates, bonobos, chimpanzés, gorilles, orangs-outans, nasiques, et autres macaques, carnivores et rongeurs, oiseaux, reptiles et même poissons paraissaient définitivement éprouver une réponse orgasmique. Il a même été démontré que l’éjaculation expérimentale provoquait l’activation des neurones Crz, et que, par conséquent, elle était gratifiante chez les mouches drosophiles.

Le plaisir, moteur de l'évolution des comportements

Pour que l’acte sexuel se multiplie, se maintienne dans le courant évolutif et fabrique des engagements amoureux, il a fallu que quelque chose vienne s’ajouter. La jouissance sexuelle y contribue parfaitement. Et cette poursuite hédoniste délibérée et répétée à tâtons peut entraîner la divergence des espèces dans sa dynamique écologique. La vie sexuelle des animaux illustre comment la mécanique du plaisir a participé à la création des interrelations de l’écologie. Et cette expérience positive est partagée par la plupart des espèces. 

Avec 

Thierry Lodé, professeur d’écologie évolutive et directeur de recherches à l’université Rennes 1 et auteur de “Histoire naturelle du plaisir amoureux", préface d’André Langaney. Il est spécialiste des amours et sexualités animales.

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