"Animal" : un film pour repenser nos liens au vivant

Affiche du film "Animal" de Cyril Dion (2021)
Affiche du film "Animal" de Cyril Dion (2021) - CAPA Studio / Bright Bright Bright / UGC Images / Orange Studio / France 2 Cinéma
Affiche du film "Animal" de Cyril Dion (2021) - CAPA Studio / Bright Bright Bright / UGC Images / Orange Studio / France 2 Cinéma
Affiche du film "Animal" de Cyril Dion (2021) - CAPA Studio / Bright Bright Bright / UGC Images / Orange Studio / France 2 Cinéma
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Embarqués par le réalisateur Cyril Dion dans un grand voyage au cœur de la sixième grande extinction de masse, deux ados réalisent un véritable parcours initiatique qui leur permet de démonter une à une leurs propres idées reçues.

Avec
  • Vipulan Puvaneswaran Membre de Youth for Climate (IDF)
  • Cyril Dion auteur, réalisateur et militant écologiste

Comment arrêter de tout détruire et, en particulier, les espèces animales ? Comment habiter cette planète différemment ? 

Dans Animal on suit le point de vue de Vipulan Puvaneswaran et Bella Lack, deux adolescents de 16 ans. A travers leurs yeux on découvre ce règne animal, grandement menacé, où plus de 50 % des espèces ont déjà disparu en seulement 50 ans. 

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Au fil de leurs rencontres autour du monde ils rapportent une moisson de solutions pour lutter contre les pollutions, la surexploitation et la destruction des habitats naturels. 

Pour Cyril Dion, le désintérêt pour la biodiversité vient de l’éloignement voire de la déconnexion avec la nature. Or nous sommes profondément liés à toutes les autres espèces. 

La question que pose le film en toile de fond est celle de la place de l’humain, qui doit comprendre comme habiter cette planète sans en perturber les équilibres, en cohabitant respectueusement avec les autres formes de vie. 

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Extraits de l'entretien

A l’origine du projet du film, une rencontre avec la jeunesse désespérée

Cyril Dion, : "J’ai commencé à faire des grèves pour le climat avec des jeunes de l’âge des adolescents du film. J’ai été frappé par l’éco-anxiété. Et l’angoisse qu’ils avaient de l’avenir. Et cette idée que le futur était complètement bouché. Je me suis dit que ce n’était pas possible à 16 ans d’être dans un état pareil. Il faut leur proposer d’autres voies. Je les ai choisis car ils sont très différents. Ils ne viennent pas du même milieu et n’ont pas le même rapport à la nature. 

J’ai commencé par lister les cinq causes de l’extinction. Et au bout de quelques semaines, on s’est rendu compte que c’était ennuyeux et que l’intéressant était ces jeunes. Leur regard sur la situation les rencontres qu’ils font grâce à la cause qu’ils défendent…"

Interroger le militantisme écologiste

On a construit une trajectoire de sens pour les interroger dans leur militantisme. Ils sont, pour l’instant, des « militants d’ordinateur » qui vont de temps en temps dans les manifestations. Emmenons-les sur le terrain. Ils commencent à ramasser du plastique en Inde, et se font un peu secouer. 

On leur dit : "C’est bien de faire des tweets, mais à un moment, il faudrait peut-être faire des choses concrètes ?" Ils se rendent compte que récupérer le plastique n’est pas suffisant, qu’il faut changer les lois. 

Ils se rendent au parlement européen et rencontrent Claire Nouvian. Elle leur explique qu’elle a réussi à faire interdire la pêche en eaux profondes et la pêche électrique. Mais c’est un combat de 8 ans et le rapport de force est conditionné par un système, par un grand récit dans lequel on vit. 

A ce moment-là, on comprend que si on continue à agir dans le cadre du récit actuel, nos actions n'ont pas d'impact. Elles sont toutes petites. Elles ne sont que de petits ajustements. On a besoin d'agir à partir du futur, à partir d'un autre récit du monde. Et ce récit, pour moi, il est déjà dans leurs têtes et dans leurs yeux."

Une crise de la sensibilité à l'origine de nos maux

Vipulan Puvaneswaran : "Baptiste Morizot ne pose pas le problème de l’écologie, comme on le fait habituellement. Lui dit que nous sommes dans une crise de la sensibilité. C'est à dire qu'aujourd'hui, on a perdu tout un tas de concepts, d'histoires, et d'anecdotes pour appréhender les autres formes de vie. 

Baptiste Morizot dit que pour lutter contre cette crise de la sensibilité, il faut créer une alliance entre une culture de lutte dont on hérite en grande partie en France. On a eu les grèves pour le climat, Notre-Dame-des-Landes et les Gilets jaunes… Et une nouvelle culture du vivant qui serait une nouvelle attention aux vivants non-humains. 

Ce philosophe ne parle pas du tout en termes de catégorie dualiste la nature contre la culture, l'humain contre l'environnement… C'est une révolution dans la pensée écologique. Jusque-là, on considère l’environnement comme extérieur. Je dis souvent qu'entre le début du film et la fin du film, j'ai un peu passé d'un environnementaliste à un écologiste.

L'environnementalisme, pour moi, c'est vouloir protéger une nature qui serait extérieure aux humains, qui serait essentialiste. Pour reprendre les mots de Pierre Bourdieu, c’est une adversaire complice de l'idéologie du système économique actuel, qui consiste à voir la nature comme une simple matière inerte à exploiter l'environnementalisme dans sa manifestation la plus contemporaine. 

C'est aussi une espèce de hiérarchisation des luttes. On considère que lutter contre le changement climatique et préserver cette nature extérieure serait supérieur aux autres luttes. Alors que des gens qui meurent de violence au travail, de précarité. 

L’écologie vise à repenser et à acter des relations nouvelles libérées, et libératrices entre le vivant non-humains et aussi à l'intérieur du vivant humain. Ce qui implique de défaire toutes les formes de relations aliénantes pour en construire de nouvelles. 

Faire un tour du monde en avion pour parler d’écologie est-ce cohérent ? 

Cyril Dion : "Sans voyager, on n'aurait pas pu filmer exactement la même histoire Par exemple on n'aurait pas pu montrer l'ensauvagement au Costa Rica où le couvert forestier est passé de 20% à 50%. Ce qui ne s'est pas produit en France. 

On n'aurait pas forcément non plus pu faire rencontrer de la faune sauvage aussi facilement à nos deux jeunes. Or c’était notre enjeu : voir leurs réactions face à la faune sauvage. C’est pourquoi nous sommes allés au Kenya ou au Costa Rica, où c'était beaucoup plus simple. 

Moi, je ne prends pas l'avion dans ma vie de tous les jours. Mes enfants de 16 et 13 ans l'ont pris une fois dans leur vie. La question du transport s'est posée avec  Vipulan Puvaneswaran et Bella Lack. C'était d’ailleurs une de leurs réticences.

Mais on s'est dit qu’avec les déplacements, le film aurait un impact sur plus de personnes dans le monde. Comme avec le film Demain, on espère que cela déclenchera beaucoup d'actions. Et que l’effet positif sera supérieur aux quelques billets d'avion que l’on a pris. 

On a aussi compensé de façon « traditionnelle » en plantant des arbres avec. En choisissant avec Reforest action et Pur projet en choisissant de l'agroforesterie avec des communautés locales, qui choisissent où on plante les arbres, les essences d'arbres dans le respect de la diversité des espèces. 

Et puis, on a financé des initiatives de relance réensauvagement, avec l'ASPAS ( Association pour la  protection des animaux sauvages) qui achète des terrains qui laissent en libre évolution, c'est à dire que ils laissent les animaux évoluer. Les animaux, les humains ont le droit de rentrer, mais pas le droit d'exploiter ces endroits. On a financé le Centre Athéna, la fondation de Jane Goodall, pour essayer, avec l'argent qu'on a levé pour le film, d'avoir aussi un effet positif.

La suite est à écouter....

Pur, que dit la nature ?

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