Dans la Réserve des Ramières au bord de la Drôme : épisode 3 du podcast Le printemps dans la Drôme

La Drôme, rivière sauvage
La Drôme, rivière sauvage ©Radio France
La Drôme, rivière sauvage ©Radio France
La Drôme, rivière sauvage ©Radio France
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La Terre au carré patauge dans l'eau de la Drôme, la dernière rivière sauvage d'Europe, qui coule au milieu de la Réserve Naturelle des Ramières à Allex dans la Drôme , en compagnie de Sabine Girard, Phillippe Lloret, Lucile Béguin et Stéphanie Gentihlomme, passionné.e.s par leur rivière Drôme.

"Elle est belle, dynamique, tortueuse, précieuse, sauvage…" Les qualificatifs ne manquent pas pour décrire la Drôme, une des dernières rivières sauvages d'Europe couronnée du River Prize. Elle coule et traverse sur 10 kms la Réserve Naturelle des Ramières, une réserve naturelle protégée, située en basse Vallée de la Drôme, entre Crest et Livron. La rivière Drôme est la colonne vertébrale de cette réserve avec ses 106 kms. Son fonctionnement naturel et spontané offre des milieux de vie diversifiés et riches.

La réserve naturelle des Ramières, au bord de la rivière Drôme, est l'une des 20 réserves naturelles fluviales de France

Philippe Lloret, responsable de la Gare des Ramières et de la Réserve naturelle des Ramières et Lucile Béguin écologue et conservatrice de la Réserve embarquent l'équipe de la TAC se promener  au bord de l'eau pour découvrir la famille de castors qui s y est installée et a construit des barrages, les libellules bio indicateurs de la santé des lieux, les loutres qui montreront peut être le bout de leur nez, les papillons du printemps, les hérons, et aussi le petit gravelot qui revient du Sahara et qui niche sur les galets . Toute cette faune vit au bord de la rivière Drôme et près de la forêt alluviale composée de peupliers noirs et de saules.

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Philippe LLoret et Lucille Béguin sont les gardiens de cette réserve naturelle nationale qui est un outil de protection de la nature  dont les 3 missions sont la protection, la gestion et la sensibilisation. Créée en 1987, elle s'étend sur 371 ha de nature protégée  composée d'habitats naturels indispensables pour la faune et la flore sur une zone de 10 km, le long de la rivière Drôme.  Parmi tous les milieux représentés (rivière sauvage, bancs de graviers et îlots, ripisylve de saules et peupliers, prairies à orchidées, résurgences phréatiques), son originalité tient à plusieurs caractéristiques : cours d’eau en tresses d’une longueur assez rare (108 km) pour les Alpes occidentales, absence de grands aménagements (pas de barrage sur son bassin versant), fonctionnement hydrologique non perturbé, valeur écologique exceptionnelle de certains secteurs.

Pour la faune, on compte 46 espèces de libellules (dont l’agrion de Mercure), plus de 200 papillons, plus de 280 espèces de vertébrés dont 17 poissons (dont l’apron du Rhône), 6 amphibiens, 10 reptiles, 17 mammifères (loutre et castor d’Europe), 200 oiseaux dont 70 nicheurs (aigrette garzette, milan noir, faucon hobereau, petit-gravelot, guêpier d’Europe, matin pêcheur) et 100 migrateurs (cigogne blanche, cigogne noire, balbuzard pêcheur, bécasseaux) et hivernants (mouettes rieuses, cormorans…).

La flore compte 680 espèces végétales dont 1 protégée sur le plan national (nigelle de France) et 5 au niveau régional, plus de 100 espèces d’arbres et arbustes, douze orchidées et 15 plantes aquatiques (potamot coloré).

Une expérience citoyenne autour de la gestion de la rivière Drôme

Sabine Girard est  chercheuse en géographie à l’INRAE, ingénieure agronome, ancienne élue de Saillans et habitante du bord de la rivière Drôme. Elle a mis en place entre 2015 et 2018, le projet Spare, une expérience citoyenne autour de la gestion de la rivière Drôme . Quand elle   parle de sa rivière, elle en parle avec beaucoup d'émotion : "Elle a une place quotidienne dans notre vie, elle est un élément de repère géographique important car on passe toujours près de la rivière, on en parle, on l’observe, puis on va s’y baigner l’été, on se promène près de l’eau. La rivière fait partie du paysage et on s’inquiète aussi pour elle car elle baisse de niveau, on a déjà pris un arrêté sècheresse, on voit bien qu’il y a un soucis.. On espère que la pluie revienne et elle a remonté, elle est variable et dépendante des pluies".

Elle en parle mais elle agit aussi  en mettant en place une expérience participative citoyenne  sur la rivière Drôme entre 2015 et 2018. La vallée de la Drôme a été l’une des 5 vallées alpines pilote retenues pour l’expérimentation de nouvelles formes de participation citoyenne pour la gestion de l’eau et des rivières au travers du projet SPARE (Strategic planning for alpine river ecosystem).  Cette expérience s’est déroulée en amont du travail de révision du prochain Schéma d’aménagement et de gestion des eaux (SAGE) afin que les résultats puissent être pris en compte avant toutes décisions stratégiques. Et cette expérience a permis aussi de faire entrer l'expertise d'usage des citoyens à côté de l'expertise professionnelle.

Le citoyen est un expert d'usage qui peut renseigner sur ses pratiques concrètes, peut renforcer et être acteur de l'action publique à mettre en place. Parmi les propositions d'action collectées et discutées par les citoyens participants durant cette expérience Spare, la gouvernance, l’information et la sensibilisation du public sont les plus cités et pointent un besoin. La gestion des aires de baignade et des accès à la rivière sont également un point saillant des propositions d’actions.

Pour sa 3ème édition Festival Les Yeux dans l'eau nous fera voyager au fil de trois rivières la Drôme, le Roubion et le Rhône du 6 mai au 2 juin.

Stéphanie Gentilhomme , co-organisatrice du Festival Les yeux dans l’eau  a eu  un coup de cœur pour la vallée de la Drôme et Crest, en partie à cause de la belle présence de la rivière Drome  qui  a une grande importance dans l’identité du territoire. Elle a choisi la vallée de la Drome car il y a un terreau local d'initiatives riches culturelles et environnementales.

Les Yeux dans l'eau est un festival qui espère amener à la rivière, à la sensibilisation et à la protection des ressources naturelles via l’image filmée , la poésie, l’émotion, qui sont parfois beaucoup plus efficaces que tous les grands discours.  Les Yeux dans l'eau, festival éco-conçu de proximité,  propose des projections au cinéma ou en plein air, des ballades, des promenades, des explorations botaniques et naturalistes.