

Néolithique, Urbanocène, Plantationocène, Capitalocène... sont les différentes périodes qui ont marqué et laissé des empreintes humaines sur la planète
Dans l'ouvrage "Néolithique Anthropocène. Dialogue autour des 12 000 dernières années" coédité par les Éditions deux-cent-cinq et l’École urbaine de Lyon, sont proposées des réflexions engagées autour de l’empreinte humaine sur la planète : les empreintes transformatrices au Néolithique, révélatrices de l’interrelation de l’humanité avec le reste du vivant, les empreintes prédatrices sur les ressources et les corps de la culture de plantation dès le début du XVIIe siècle, et les empreintes toxiques visibles après la Seconde Guerre mondiale constitutives de la "grande accélération" (Steffen, Crutzen, & McNeill, 2005).
Anthopocène, Urbanocène, Plantationocène, Capitalocène...
L'« Anthropocène », c’est ce moment historique qui s’ouvre après 1945 avec l’enclenchement de la phase de l’urbanisation généralisée de la planète lors duquel il devient incontestable que les activités humaines ont des impacts de plus en plus forts sur les systèmes biophysiques. On observe, partout, ces bouleversements tout à la fois globaux et locaux. À un point tel que l’habitabilité de la Terre pour les humains et les non humains est mise en question.
l’Anthropocène serait peut-être un « Urbanocène ». Le terme Urbanocène a été proposé, notamment, par le physicien théoricien et modélisateur Geoffrey West, à partir de travaux menés au sein du Santa Fe Institute dont il fut directeur. Il s’agirait de postuler l’existence de ce qu’on pourrait appeler, en reprenant une célèbre expression d’Henri Lefebvre, une « révolution urbaine », d’ampleur comparable en un sens à celle du Néolithique ou à la « révolution Industrielle » — deux grandes périodes lors desquelles les humains ont installé des cadres d’existence radicalement neufs. L'urbanisation généralisée, enclenchée dans sa phase la plus active après 1950, avec une accélération depuis 1990 et sans doute une nouvelle poussée après 2008-2010, constitue la principale force instituant et imaginante du Monde contemporain, elle est tout à la fois mondialisée et mondialisante
Depuis quelques années, un autre concept tente d’appréhender le changement global : le Plantationocène
Ce néologisme, formé lors d’un échange entre l’anthropologue Anna Tsing (2017) et la biologiste, philosophe et historienne des sciences Donna Haraway en 2014, fait naître une nouvelle ère géologique, caractérisée par la domination de la nature, la culture extractiviste et la prédation des ressources et des corps, dans la plantation même, au moment de la colonisation des Amériques. Le système « plantationaire » transforme l’environnement en pratiquant la monoculture et exploite les ressources sans limite, les ressources dites « naturelles » comme les ressources humaines avec la mise en esclavage. Il détruit toute diversité qu’elle soit écologique ou humaine. C’est une source d’enrichissement majeure qui entraîne la révolution industrielle, moment auquel le géographe Andreas Malm (2017) et la philosophe Donna Haraway se réfèrent pour faire débuter le Capitalocène.
On peut aussi penser l’Anthropocène au contemporain via le détour, par et avec le Néolithique. On peut faire du Néolithique une période qui nous parle à partir de cette antériorité de plus de 10 000 ans mais nous fait réfléchir au présent au sujet des problèmes que nous avons à affronter aujourd’hui. Comme si le souvenir du Néolithique, tel qu’il est livré par les spécialistes, pouvait venir nous « travailler », en 2021, parce que ce fut un grand et long moment d’épreuve et d’inventivité pour les humains en matière de relations nouvelles à l’environnement.
À l'antenne
Pour en parler, Mathieu Vidard reçoit :
- Michel Lussault ,géographe, professeur à l’École normale supérieure de Lyon et directeur de l’École urbaine de Lyon.
Il codirige avec Valérie Disdier la collection « A partir de l’Anthropocène » et propose " Néolithique Anthropocène : Dialogue autour des 12 000 dernières années", un ouvrage collectif édité par les Editions deux cent cinq et l’Ecole urbaine de Lyon. Ses recherches portent sur les modalités de l’habitation humaine des espaces terrestres, en se fondant sur l’idée que l’urbain mondialisé Anthropocène constitue le nouvel habitat de référence pour chacun et pour tous.
- Christine Chivallon, anthropologue et géographe, directrice de recherche au Cnrs au Laboratoire caribéen de sciences sociales en Martinique.
Elle est spécialiste des Caraïbes. Ses recherches portent principalement sur les univers caribéens et les sociétés à fondement esclavagiste des Amériques et sur la mémoire de l’esclavage.
Aller plus loin
Annonce : l’exposition « La Terre en héritage, du Néolithique à nous » à voir jusqu’au 30 janvier 2022 au musée des Confluence à Lyon
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Programmation musicale
- 14h19
Point sensible (Feat. Lala &ce) Malik DjoudiPoint sensible (Feat. Lala &ce)Lala, Ce
Album Point sensible (Feat. Lala &ce) (2021)Label CINQ 7/ WAGRAM - 14h39
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