Les lacs et tourbières vosgiens : épisode 3 du podcast L'automne dans les Vosges

Le lac de Retournemer dans les vosges
Le lac de Retournemer dans les vosges ©AFP - GRARD GSELL / PHOTONONSTOP
Le lac de Retournemer dans les vosges ©AFP - GRARD GSELL / PHOTONONSTOP
Le lac de Retournemer dans les vosges ©AFP - GRARD GSELL / PHOTONONSTOP
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Aujourd'hui, La Terre au Carré embarque sur le lac de Retournemer et sur la tourbière acide de Lispach, guidée par Pierre-Olivier Lausecker, Mathilde Esselin et Thibault Hingray.

Les lacs vosgiens et les tourbières acides sont des écosystèmes fragiles et sensibles surveillés par des scientifiques vosgiens passionnés. 

Les lacs vosgiens  sont des lacs de moyenne montagne, situés entre 663 m et 776 m d’altitude sur les communes de Xonrupt-Longemer pour le lac de Longemer et le lac de Retournemer et sur la commune de Gérardmer pour le lac de Gerarmer. Les lacs du massif vosgien sont des éléments incontournables du paysage montagnard. Ils sont apparus au moment du retrait du glacier qui recouvrait le massif au moment du Würm (80 000 à 10 000 ans av. J.-C.). Les traces des glaciers s’observent toujours dans le paysage avec les moraines, roches moutonnées et verrous glaciaires.  Cette succession de lacs s’achève par une moraine qui ferme la vallée.  Ces lacs sont des lacs dimictiques qui se mélangent naturellement deux fois par an, une fois au printemps et une fois à l’automne. Ces mélanges sont très importants pour la régulation des températures de l’eau, la distribution des éléments minéraux et l’oxygène

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La partie tremblante de la tourbière de Lispach est une des zones les plus riches du massif en terme de biodiversité inféodée aux tourbières.  Les tourbières acides sont des milieux particuliers qui accumulent de la matière végétale sans la dégrader (du fait de l'humidité, du froid et de l'acidité qui empêchent toute activité biologique) sur des milliers d'années.  Sur les massifs montagnards acides, elles sont assez fréquentes mais ont toutes souffert des activités de l'Homme (extraction de tourbe, plantation, drainage, guerre, activité de loisirs, barrage hydroéléctrique...). Au point qu'aucune d'entre elles n'est intacte à ce jour dans les Vosges. Selon l'intensité des dégradations, certaines ont pu maintenir une végétation caractéristique, d'autres non. Tout le gradient existe.

L'état de santé des lacs vosgiens et des tourbières malades de la pollution. Ces lacs ont été très impactés par l’urbanisation, l’industrialisation de la vallée à travers l’artificialisation des berges, la création de routes dans leurs bassins versants, le rejet de polluants et d’eaux usées… mais également par  un grand nombre de balles, bombes, grenades tombées à proximité des lacs lors des combats ou déversées dans les lacs après-guerre pour s’en débarrasser . Le changement climatique est aussi un problème qui vient s’ajouter aux problèmes préexistants que rencontrent les lacs. Les changements globaux du climat risquent de générer de nouvelles perturbations du fonctionnement des lacs ou d’amplifier les problèmes déjà identifiés.  Certains impacts sont déjà visibles comme par exemple la réduction du temps d’englacement des lacs en hiver. Un plan d’action à l’échelle du territoire de ces 3 lacs est mis en place depuis 2015, pour organiser, prioriser et agir sur leurs états en réunissant les compétences et domaines d’action des nombreux acteurs de ce territoire comme l’Agence de l’Eau Rhin Meuse (AERM), ou le CENL.

Le lac de Retournemer, Vosges
Le lac de Retournemer, Vosges
© Radio France - France Inter

Des scientifiques vosgiens au chevet des lacs et des tourbières

Pierre-Olivier Lausecker est écologue des milieux aquatiques et chargé d'interventions « Milieux humides et biodiversité »  pour l’Agence de l’eau Rhin-Meuse,  qui surveille l’état de santé des lacs vosgiens et  de la ressource eau sur le territoire Rhin-Meuse. Pour restaurer le bon état de santé des lacs, un  plan d’action « grands lacs naturels vosgiens » est en cours d'élaboration avec tous les acteurs du territoire autour de leur préservation sur le long terme.  

Mathilde Esselin est chargée d’études scientifiques au CENL, le Conservatoire d’espaces naturels de Lorraine,  une association de naturalistes qui se sont  regroupés pour avoir une gestion foncière et avoir la maitrises des espaces naturelles afin de les  préserver  En lien avec le plan grands lacs et le changement climatique, le CEN Lorraine a installé en 2021 des dispositifs de suivis de la température sur le long terme des trois lacs naturels de la vallée selon une méthodologie nationale. Le CENL souhaite connaitre comment le changement climatique les affecte, notamment au travers de la température de l’eau, et de l’efficacité des mélanges . Le suivi des températures est assuré par un dispositif de sondes enregistreuses de températures qui sont réparties le long de la colonne d’eau sur la verticale la plus profonde du lac. Plus la température de l’eau est élevée moins l’oxygène est soluble...

Reportages

Sur le lac de Lispach où les principales perturbations ont été la création d'un barrage hydroélectrique, l'exploitation de la tourbe et actuellement l'utilisation des tourbières pour le ski de fond.Thibault Hingray est botaniste et chargé de mission scientifique et territorial pour le Conservatoire d' espaces naturels de Lorraine, spécialiste des lacs et des tourbières acides. Les acteurs de la protection de l'environnement protègent activement ces écosystèmes depuis plus de 40 ans mais ce n'est pas suffisant encore, du fait notamment des conséquences à venir du changement climatique. La modification du régime des pluies, la baisse de l'enneigement, l'augmentation de l'évapotranspiration sur ces milieux ouverts risquent d'accentuer les problèmes de fonctionnement de ces écosystèmes, problèmes rappelons le initiés par les activités humaines. Les conséquences sur le cycle de l'eau en montagne, l'étiage des cours d'eau en été, l’atténuation des crues, le stock de carbone sont en jeu. .

Le surtourisme avec l’association Gérardmer Patrimoine Nature de Camille Crosnier

La coupe du bois avec l’entreprise « Mathieu transformation » à Saint-Nabord d'Anaëlle Verzaux

Merci aux rameurs du lac de Retournemer : Hugo Basquin chargé de mission pour le plan grands lacs et Julien Felix photographe à Sapois