Le combat contre les algues vertes en Bretagne

Le combat contre les algues vertes en Bretagne : ici dans le golfe du Morbihan, sur l'île Berder à marée basse, laissant apparaître des algues vertes, mars 2021
Le combat contre les algues vertes en Bretagne : ici dans le golfe du Morbihan, sur l'île Berder à marée basse, laissant apparaître des algues vertes, mars 2021 ©AFP - VALENTINO BELLONI / HANS LUCAS
Le combat contre les algues vertes en Bretagne : ici dans le golfe du Morbihan, sur l'île Berder à marée basse, laissant apparaître des algues vertes, mars 2021 ©AFP - VALENTINO BELLONI / HANS LUCAS
Le combat contre les algues vertes en Bretagne : ici dans le golfe du Morbihan, sur l'île Berder à marée basse, laissant apparaître des algues vertes, mars 2021 ©AFP - VALENTINO BELLONI / HANS LUCAS
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Apparu en Bretagne à la fin des années 60, le phénomène des marées vertes est un fléau environnemental, sanitaire et économique malgré les Plans de lutte contre les algues vertes (Plav) territorialisés sur les huit baies les plus touchées.

Un rapport provisoire de la Cour des comptes, révélé par « Le Télégramme », démontre l’inefficacité de la lutte contre les algues vertes en Bretagne menée depuis 2010.

Aujourd’hui retraité, Alain Menesguen, chercheur océanographe biologiste de l’Ifremer retraité et auteur de Les marées vertes, 40 clés pour comprendre, au Edition Quae, a scruté pendant trente ans la prolifération des algues vertes ou brunes, sur le littoral breton ou d’autres sites dans le monde entier. 

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Il a commencé à étudier le phénomène en 1988, au départ du point de vue physique, puis sous tous ses aspects.  Tant qu’elles sont bien vivantes, les  macroalgues  vertes  en  général  ne  sont  absolument  pas  toxiques ni pour l’homme, ni pour la faune. Deux espèces du genre Ulva sont d’ailleurs officiellement autorisées dans l’alimentation humaine, à condition qu’elles aient été collectées vivantes dans une eau marine non polluée. 

La dangerosité des algues vertes 

Elle résulte donc uniquement de leur décomposition, surtout en mode anaérobie.

Outre que ces centaines de tonnes de matière organique en décomposition entraînent une pullulation bactérienne sur les estrans, leur évolution en mode anaérobie s’enclenche dès qu’elles restent entassées quelques jours, soit exondées en dépôts épais sur les hauts d’estran, soit ensevelies par les apports de sédiments dans les  vasières  d’estuaire. En haut de plage, décolorées par la photolyse des pigments  et  desséchées  par le soleil et le vent, les ulves en surface des dépôts constituent vite une croûte blanchâtre rigide.  Imperméable  aux  échanges  gazeux, cette croûte  empêche la diffusion d’oxygène depuis l’atmosphère et bloque en sens inverse le dégazage de l’hydrogène sulfuré produit  par la fermentation sulfato-réductrice des algues entassées.  

Un animal ou un humain marchant dans ces dépôts en décomposition, en crevant la croûte superficielle, libère alors instantanément un jet très concentré d’hydrogène sulfuré et d’ammoniac, d’autant  plus dangereux qu’on le respire près du sol. Dès les années 80, les scientifiques ont affirmé le rôle clé des nitrates dans la genèse des marées vertes, et leur origine majoritairement agricole.

Comment lutter contre ces marées vertes dangereuses pour les hommes les animaux et la bidoversité ?  

Plusieurs plans ont été mis en place pour limiter la prolifération des algues vertes depuis 2007 sur les 8 bassins bretons les plus touchés. La participation des agriculteurs y est volontaire. Ces plans consistent à limiter les épandages et rejets de nitrates et à créer des zones humides qui filtrent l’azote avant qu’il n’arrive en mer. 

Mais un rapport provisoire de la Cour des comptes, révélé par « Le Télégramme », démontre l’inefficacité de la lutte contre les algues vertes en Bretagne menée depuis 2010. Et ce, malgré une enveloppe de plus de 110 millions d’euros.... Les associations locales, régionales et nationales de défense de l'environnement ainsi que les scientifiques  dénoncent le manque de volonté  de l'Etat et des pouvoirs publics et le déni face à ce scandale sanitaire. 

Avec

Alain Menesguen, chercheur océanographe biologiste de l’Ifremer retraité et auteur de Les marées vertes, 40 clés pour comprendre, Alain Ménesguen, Quae, Edition 2018

Arnaud Clugery, directeur et porte-parole de l’association « eau et rivières de Bretagne" pour la pétition « Je dis stop aux marées vertes. Une pétition portée par Eau et Rivières de Bretagne et soutenue par 100 associations et personnalités »

D'autres lectures

"Algues vertes, un scandale d'Etat. Nitrates et gaz toxiques, 50 ans de déni" de Yves-Marie Le Lay (Edition Libre et Solidaire)

"Algues vertes, l'histoire interdite" de Pierre Van Hove et Ines Leraud (Edition Delcourt). 

Et une autre pétition à l'intitiative de deux associations Sauvegarde du Trégor Goëlo Penthièvre et Halte Aux Marées Vertes