Addiction aux Smartphones, Camouflage & Afrique

Mardi 24 juin 2014

La question de l’addiction aux smartphones est de nouveau débattue notamment en Asie (par Axel Villard-Faure), deux stratégies de camouflages (par Cécile Bonneau), et le rôle de l'agriculture revu concernant l'histoire de deux peuples africains (par Sophie Bécherel).

Y a-t-il vraiment une addiction aux smartphones ?

Peut-on vraiment parler d’addiction aux téléphones portables connectés ou aux smartphones ? La question revient de plus en plus dans l’actualité et se pose notamment chez les adolescents, mais elle se pose surtout différemment selon les pays. A Singapour, où 87% des habitants sont équipés, les psychiatres sont en train de militer auprès des autorités médicales pour faire passer l’addiction au téléphone et à internet comme maladie mentale. En Asie aussi, en particulier en Corée du sud, à Taiwan ou en Chine, les problèmes comportementaux liés aux téléphones portables se posent de plus en plus. Comment définir une addiction dans ce contexte ? Ne sommes-nous pas dans le même genre d’impasse qu’il y a quelques années avec la supposée addiction aux jeux vidéo qui n’est toujours pas tranchée ?

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Certains psychologues pensent qu’il n’y a pas de maladies.

Adolescents, écrans, sommeil et réussite scolaire.

Histoires de camouflages

Une araignée reine du camouflage vient d'être découverte par des chercheurs de la Collection nationale d'arachnides de l'Université nationale autonome du Mexique, qui l'ont nommée Paratropis tuxtlensis. Elle est entièrement recouverte de particules de terre qui adhèrent à son corps, ce qui lui procure un camouflage parfait. Elle est quasiment indétectable aux yeux des prédateurs.

Paratropis tuxtlensis
© Jorge I. Mendoza - Jorge I. Mendoza

La grenouille dendrobate à tapirer (Dendrobates tinctorius ) n'a pas la même stratégie a priori: elle arbore au contraire des couleurs très voyantes pour bien se faire remarquer… en tant que proie toxique à éviter! Ses motifs jaunes, noirs et bleus font sur ses prédateurs l'effet d'une tête de mort sur une fiole de poison. C'est la stratégie de l'aposématisme, qu'emploient également les papillons monarques avec leur couleur orange vif (ils sont de fait toxiques pour les oiseaux, qui les évitent soigneusement).

Mais les grenouilles dendrobates posaient jusqu'ici un problème aux biologistes: leurs motifs diffèrent beaucoup selon les individus. Pourtant, pour afficher un signal repoussant très clair, mieux vaut que ce signal soit constant, peu variable. Les prédateurs peuvent ainsi l'identifier et le retenir facilement! Quel intérêt les dendrobates trouvent donc à ses variations? Bibiana Rojas de l'Université Deakin, en Australie, et ses collègues finlandais et guinéennes ont peut-être trouvé la réponse.

Ils ont remarqué que les grenouilles dont les motifs étaient linéaires avaient tendance à se déplacer en ligne droite, et celles dont les motifs étaient marbrés se déplaçaient plutôt en quinconce, selon un parcours aléatoire et imprévisible. Un tel comportement suggère qu'ils cherchent ainsi à éviter de se faire repérer pendant leurs déplacements! Les dendrobates cumuleraient donc camouflage et aposématisme…

Dendrobates tinctorius
© Biniana Rojas - Biniana Rojas

Histoire des peuples en Afrique : le rôle de l’agriculture revu

Jusqu’à présent, les scientifiques pensaient que l’émergence de l’agriculture en Afrique il y a 5 000 ans avait eu un rôle majeur dans l’expansion démographique des agriculteurs bantous et sur leur différenciation génétique avec les communautés pygmées de chasseurs-cueilleurs. Une équipe internationale révèle qu'en réalité l’histoire de ces peuples s’est jouée bien avant. Les deux types de populations résulteraient de plusieurs dizaines de milliers d’années d’adaptation à leurs différents milieux. Le boom démographique des ancêtres des Bantous date de 7 000 à 10 000 ans, ce qui remet en cause l’impact de l’agriculture, apparue plus de 2 000 ans plus tard.