Le 23e James Bond est un bon millésime. Les spectateurs lui ont réservé un bon accueil dans le monde. Peu de films remportent plus d'un demi milliard de dollars après deux semaines de sortie mondiale.
On entre au cinéma comme dans une vie parallèle… Après un film d'action comme Skyfall, on sort épuisé, nerveusement fatigué et en même temps, je ne sais comment, libéré d'un amas d’émotions qui restent d’ordinaire nichées à l’intérieur, dans la vie de tous les jours.
Au menu de notre heure ensemble !
Nous retrouvons Pierre Lemarquis dans un instant : ce neurologue nous expliquera, du moins je l’espère, comment le spectacle de la beauté aide à vivre mieux au quotidien. Et puis nous appellerons l’Agence France Presse en direct en Somalie, une fois n’est pas coutume. Le journaliste correspondant là-bas nous racontera son reportage sur la déforestation et surtout sur le trafic de bestiaux en général et de moutons en particulier qui a cours à la frontière avec le Golfe d’Aden. Et puis comme le présent ne peut se comprendre qu’avec le passé, nous reviendrons sur un évènement qui a changé le visage de la Syrie, il y a tout juste 42 ans : en novembre 1970, Hafez el Assad, alors ministre de la défense, prenait le pouvoir grâce à un coup d’Etat. Son fils aujourd’hui, s’accroche toujours à toutes forces au pouvoir. Ne manquez pas nos oubliettes du temps, à 6h-10.
L'ACTUALITE AU BOUT DU MONDE. NOUS APPELONS BORIS BACHORZ - PARTENARIAT AFP
Malgré la guerre, les maquignons somaliens exportent le bétail par millions (MAGAZINE) Par Boris BACHORZ =(PHOTO)= HARGEISA (Somalie), 12 nov 2012 (AFP) - Vendeur et acheteur se saisissent les doigts sous le keffieh, dans la poussière du marché aux bestiaux de Hargeisa: ils négocient le prix d'une bête, un geste maintes fois répété dans un secteur, l'élevage, qui prospère en Somalie malgré la guerre et la disette. "Si je presse un doigt, cela signifie 100 shillings. Toute la main, 500. Une phalange, neuf shillings". Le muet marchandage se mène prestement sous le keffieh d'un des protagonistes, "car on veut cacher les tractations des yeux des autres marchands", explique Mohamed Iid, vingt ans d'expérience en la matière. Les maquignons d'Hargeisa, au nord de la Somalie, viennent de boucler la saison de l'Aïd, au cours de laquelle ils réalisent près de la moitié de leur chiffre d'affaires annuel. Le sacrifice rituel du mouton, selon la religion musulmane, fait s'envoler les transactions, ainsi que les exportations vers les pays du Golfe voisins -- le Yemen n'est qu'à environ 200 km du nord de la Somalie, séparé par le golfe d'Aden. Les exportations de chèvres, moutons et chameaux rapportent 250 millions de dollars par an (194 M EUR) à la Somalie. Le secteur a cependant failli sombrer quand l'Arabie Saoudite, le plus gros client, a interdit toute importation de la Corne de l'Afrique de 2000 à 2009 par crainte de la maladie de la fièvre de la Vallée du Rift. Depuis la levée de cette interdiction, 4,3 millions de bêtes ont été exportées en 2010, 4,7 millions l'année suivante -- alors que la Somalie était frappée par une famine historique -- et sans doute près de 5 millions cette année. Les bêtes sont exportées depuis les ports de Berbera, au Somaliland, et de Bossasso au Puntland, les deux entités du nord de la Somalie, indépendante ou autonome, qui ont à peu près échappé aux deux décennies de guerre civile qui ont ravagé le centre et le sud du pays. "L'élevage, c'est notre vie", résume derrière ses épaisses lunettes noires Mohamed Aden, 78 ans, dont 21 à la tête du marché aux bestiaux d'Hargeisa, la capitale du Somaliland. "Cela nous donne nos ressources, notre travail, et le gouvernement peut récupérer des impôts". Le secteur contribue pour 40% au produit national brut somalien, pour 80% à ses rentrées de devises étrangères, et il emploie 65% de la main d'oeuvre, selon l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). Si seulement 1,6% des terres somaliennes sont cultivées, ce qui explique, entre autres, les disettes ou famines à répétition, 69% du territoire, un sol rocailleux parsemé de broussailles, sert de pâturage aux animaux. viande somalienne "bio" ========================= "Ce sont des animaux élevés à l'air libre, ils sont bio", fait valoir Ali Gulud, chef des services vétérinaires de Berbera. Construit par les Soviétiques puis prolongé par les Américains, au gré des changements d'alliance de la Guerre froide, Berbera a exporté trois millions de bêtes déjà cette année. "Le port est la principale source de revenus du pays, et contribue à 80% au budget du Somaliland", soit 120 millions de dollars (93 M EUR) l'an dernier, se félicite son directeur adjoint, Omer Abokor Jama. L'activité marque une pause en cet après-Aïd, mais une poignée de marins indiens du Mehaboobekasami s'apprêtent à embarquer plusieurs centaines de bêtes sur ce large boutre en bois, à destination d'Oman. Le commerce se fonde sur des relations ancestrales entre la Corne de l'Afrique et la péninsule arabique. "C'est facile de faire du commerce avec eux, ce sont nos partenaires commerciaux traditionnels", relève Dhamac Barud, dont l'allure frêle et le port modeste ne laissent pas deviner qu'il est un des marchands les plus prospères d'Hargeisa, revendiquant un chiffre d'affaires annuel d'un million de dollars grâce à son bureau en Arabie Saoudite. La principale raison pour laquelle la Grande-Bretagne avait fait du Somaliland un protectorat (1888-1960) était du reste pour approvisionner en viande le port d'Aden qu'elle contrôlait de l'autre côté du Golfe, d'où le surnom de Berbera de "boucherie d'Aden". Aujourd'hui, le ministère britannique de la Coopération investit l'équivalent de 16 millions d'euros sur trois ans pour développer l'élevage en Somalie, avec le soutien de la FAO, y compris de façon inattendue. A Hargeisa, une quarantaine de femmes extraient la moelle des os de chameaux abattus. Ajouté à de l'encens récolté localement et à de la soude, les déchets animaux permettent de fabriquer 500 savons par jour, les premiers produits au Somaliland, et vendus deux fois moins chers que ceux importés du Golfe. bb/ayv/cac Une déforestation massive menace de transformer la Somalie en désert (MAGAZINE) Par Boris BACHORZ =(PHOTO+VIDEO)= JALELO (Somalie), 11 nov 2012 (AFP) - Hassan Hussein coupe quarante arbres par mois pour les transformer en charbon, parfaitement conscient des dommages qu'il cause à son environnement; mais c'est la dernière ressource qui reste à cet éleveur privé de bétail. En Somalie, des centaines de milliers de nomades, la majorité de la population, font de même chaque jour, au risque de transformer bientôt en désert des pans entiers de ce pays déjà aride et pauvre de la Corne de l'Afrique. "J'étais un éleveur, j'ai perdu mon troupeau à cause des sécheresses et des maladies, et je suis l'aîné de la famille", avec dix bouches à nourrir, ses deux enfants, ses sept frères et soeurs et sa mère, explique le jeune homme de 27 ans. Il y a quatre ans, Hassan Hussein avait 25 chameaux et 300 chèvres; il lui en reste respectivement 3 et 15. Alors, une hache artisanale à l'épaule, il part chaque matin couper du bois, le brûler pendant deux jours, le faire sécher pendant deux autres jours, avant de le revendre pour l'équivalent de six dollars le sac de vingt kilos. Son village de Jalelo, au nord de la Somalie, était autrefois au coeur de la savane. L'explorateur britannique H.G.C. Swayne raconte dans ses mémoires, fin XIXème siècle, comment il y a traqué et chassé "un grand troupeau d'éléphants". "La forêt à Jalelo est essentiellement composée de l'arbre Guud (acacia NDLR), au bord de la rivière Hembeweina", rapportait alors le chasseur. Mais le dernier éléphant a été tué au nord de la Somalie en 1958, et Swayne pourrait aujourd'hui repérer de très loin le moindre gibier de taille, dans ce paysage rocailleux parsemé d'arbustes bas et de restes d'arbres calcinés. "20% des forêts ont disparu en dix ans. Ce pays se transforme de toute évidence en désert", constate Ahmed Derie Elmi, directeur des forêts au ministère de l'Environnement du Somaliland, l'entité du nord de la Somalie qui a proclamé son indépendance depuis 1991 et compte 3,8 millions d'habitants. "Si la déforestation continue à ce rythme, ce pays sera un désert dans vingt ou trente ans", renchérit Ahmed Ibrahim Awale, directeur de l'organisation non gouvernementale Candlelight, qui fait autorité au Somaliland en matière d'environnement et de santé. La faute aux maladies animales, qui ont poussé les pays du Golfe à interdire pendant neuf ans, jusqu'en 2009, tout bétail venant de Somalie, contraignant les éleveurs à trouver d'autres sources de revenus. La faute plus généralement à la surexploitation des terres, à l'urbanisation et à l'explosion démographique: Hargeisa, la capitale du Somaliland, abrite environ 850.000 personnes, six fois plus que dans les années 70, et consomme quotidiennement 250 tonnes de charbon de bois selon M. Elmi. Le charbon de bois est la seule façon de faire la cuisine, l'électricité étant rare et hors de prix. Autorités impuissantes ======================== Le désastre est le même d'un bout à l'autre de la Somalie. Dans le sud du pays, les islamistes insurgés shebab avaient fait de l'exportation du charbon de bois leur principale source de revenus (25 millions de dollars l'an dernier selon l'ONU) avant de perdre en septembre dernier Kismayo, leur principal port d'exportation. Une des premières mesures du président nouvellement élu de Somalie, Hassan Cheikh Mohamoud, a été de confirmer l'interdiction de toute exportation de charbon de bois, décrétée par l'ONU en février dernier. Mais des témoins ont rapporté à l'AFP que des bateaux chargés de charbon continuaient de quitter Kismayo et les environs. Pour arrêter la déforestation, il faudrait s'attaquer "à ses causes profondes: la pauvreté et le déclin dans la taille des élevages", relève M. Awale. Il faudrait offrir à la population des sources alternatives d'énergie, engager un effort massif de reforestation, reconvertir une partie des nomades à l'agriculture. Mais l'environnement a été loin, à ce jour, d'être une priorité pour les autorités somaliennes. Au Somaliland, "le ministère de l'Environnement a le plus petit budget du gouvernement, qui couvre tout juste les salaires" de ses 187 employés, relève M. Elmi. Dans les campagnes, "tous les arbres âgés ont disparu", ceux qui donnaient le plus de bois, déplore M. Awale. "Autrefois on pouvait obtenir six ou sept sacs de charbon de 25 kgs à partir d'un arbre. Aujourd'hui, peut-être un ou deux". En conséquence, le prix du charbon de bois a doublé en quatre ans au Somaliland pour atteindre 60.000 shillings (10 dollars) le sac. Couper du bois "me laisse un goût de cendre", lâche Hassan Hussein. "L'avenir est très sombre, car bientôt tous les arbres auront disparu". bb/ayv/cac
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