Charles Nouveau s'adresse aux professeurs ce matin...
Bonjour tout particulièrement aux profs qui nous écoutent ce matin.
Et on sait qu’ils nous écoutent.
Puisque nous sommes sur France Inter, et que eux... ils sont profs.
Des profs, qui pour certains, subissent ces jours-ci les oraux du baccalauréat.
Et j’emploie le verbe « subir » parce que s’il y a bien quelque chose de pire que d’écouter quelqu’un faire semblant d’avoir lu un livre, c’est d’écouter quelqu’un faire semblant d’avoir lu un livre sous 40 degrés.
Ah quand le bac de philo demandait si on pouvait échapper au temps, à mon avis personne ne pensait à la météo.
(Anthony Bellanger a fait sa chronique en short mais je crois que ça s’est pas entendu.)
Des profs qui sont concernés par une nouvelle loi : une loi qui sera manifestement adoptée demain.
Une loi qui subit quelques critiques. Evidemment, puisque nous sommes en France, et que c’est une loi.
Une loi dont la mesure phare semble être le fait de baisser l’âge d’instruction obligatoire à trois ans contre six actuellement. UNE RÉVOLUTION si comme moi vous ignoriez qu’environ 97% des enfants, étaient déjà scolarisés dès l’âge de 3 ans.
Mais aussi une loi qui va obliger les communes à financer les classes préscolaires privées à la même hauteur que les classes publiques.
Ça non plus je ne le savais pas : apparemment, l’école publique se porte tellement bien que les mairies ont du budget pour soutenir l’école privée. Boom. Champagne à la cantine.
Et puisque les établissements publics sont en parfaite santé, ça ne sert logiquement plus à rien de critiquer l’Education Nationale.
En tout cas c’est ce qu’a l’air de proposer cette nouvelle loi puisqu’elle prévoit également la suppression du CNESCO (un organisme indépendant chargé d’évaluer les politiques scolaires). En plus d’interdire aux enseignants de critiquer leur institution ou le gouvernement sur les réseaux sociaux.
Ironiquement, cette loi se fait appeler « loi pour une école de la CONFIANCE ».
La grosse confiance, même.
Si l’Education Nationale continue de fonctionner aussi démocratiquement, la FIFA va bientôt les laisser organiser une coupe du monde de foot.
Et on se demande tous quel livre les Bleus devront faire semblant d’avoir lu.
En tout cas on dirait que le ministère de l’Education nationale semble vouloir faire taire ses critiques. Le genre d’attitude auxquelles il faut faire attention.
Sinon peut-être qu’un jour on vivra dans un pays où les ministres s’en prendront carrément aux humoristes sur France Inter.
Et je sais que (thématiquement) cette chronique donne l’impression que je fais un Vis-Ma-Vie avec Nicole Ferroni à vitesse réduite. Mais on pense peut-être pas assez souvent à ceux dont c’est le boulot de former l’esprit de nos futurs concitoyens et à leur liberté d’expression.
Je terminerai donc en m’adressant à ma prof de français de seconde, dont je tairais le nom, pour lui dire que j’ai énormément mûri depuis 2006, et qu’elle peut envoyer un courrier à Radio France si elle veut qu’on vive enfin cette passion que les lois de la bienséance et de la République nous interdisaient jadis.
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