Vendre un Michel-Ange et sauver 150 emplois

A l'intérieur de la Royal Academy of Arts de Londres
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A l'intérieur de la Royal Academy of Arts de Londres ©Maxppp - Han Yan / Xinhua News Agency/Newscom/
A l'intérieur de la Royal Academy of Arts de Londres ©Maxppp - Han Yan / Xinhua News Agency/Newscom/
A l'intérieur de la Royal Academy of Arts de Londres ©Maxppp - Han Yan / Xinhua News Agency/Newscom/
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La Royal Academy of Arts de Londres, se trouve face à un dilemme commun à beaucoup de musées dans le monde…

Ce musée londonien possède le seul marbre sculpté par Michel-Ange de toute l’Angleterre. Mais s’il le vend, il pourra conserver 150 employés. Question philosophique : notre passé est-il plus précieux que notre présent ? Faut-il brader le passé pour construire l’avenir ? France Télévisions doit-elle vendre Michel Drucker ?

D’ordinaire, quand on a du mal à boucler les fins de mois, on revend ses vieux vinyles dans des vides greniers. C'est le même principe, sauf que ton 33 tours de Johnny, c’est un bas-relief de Michel Ange. Ce morceau de marbre vieux de 500 ans fait-il le poids face à l’avenir de 150 personnes ? Eh bien c’est tout le problème : aucune balance n’a encore été mise au point pour ça.

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Mais… L'œuvre représente la Vierge Marie accompagnée de Jésus et Jean-Baptiste et après tout pourquoi pas, Jésus est mort pour nos péchés, il peut bien être revendu pour nos emplois. D’où cette question : peut-on lutter contre le chômage grâce à l'art ? Ce serait un peu La Victoire de Samothrace contre l'échec du capitalisme. Ou posée autrement : la Vénus de Milo est-elle plus efficace qu’Elisabeth Borne ?

Revenons à Londres, et imaginez la fierté des employés du musée dont le poste serait sauvé par la vente du bas-relief : « C'est Michel-Ange qui a sauvé mon emploi ! » Dans le cas contraire, où le marbre reste au musée, il faut imaginer la rancœur du personnel licencié : « Ouais alors, moi avant j'aimais bien Michel Ange mais depuis qu'il m'a piqué mon job je peux plus le saquer ». Pourtant, au moment où il sculptait cette œuvre, le génie italien ne pensait pas que des siècles plus tard, il ferait de la concurrence à Philippe Martinez. D’ailleurs, si les artistes sont plus efficaces que les syndicats pour sauver des emplois, c'était pas François Hollande qu'il fallait envoyer à Florange, c'était Banksy ! Là-dessus, moi j'ai calculé, avec ce que rapporterait la vente des Tulipes de Jeff Koons, on pourrait financer 15 emplois jeunes pendant 10 ans à la mairie de Paris !

Heureusement, qu’en France une loi protège les œuvres dans les musée, parce que si le gouvernement s'inspirait des anglo-saxons, dans quelques temps on va retrouver la Pyramide du Louvre avec des bandeau fluorescent « TOUT DOIT DISPARAITRE ! LIQUIDATION TOTALE ! Jusqu’à -50% sur toute la collection Egypte antique ». 

Si on commence à revendre des œuvres d'art pour sauver les emplois, il ne restera plus grand chose à voir dans les musées. Mais si on garde les œuvres d’art et qu’on ruine la vie des gens, il ne restera plus grand monde pour les admirer. 

Mais une question pourrait un jour se poser : faut-il vendre "Le déjeuner sur l'herbe" pour éviter de se retrouver sur la paille ? 

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