Pour amortir la crise du secteur aérien, des compagnies australiennes et asiatiques proposent des vols qui décollent et atterrissent au même endroit… baptisés "vols vers nulle part".
Après une longue période de confinement, rien de tel qu'un vol vers nulle part pour se dépayser un peu. On fait semblant de voyager : c'est le même principe que pour la air-guitare, à part que là, l'air… tu le pollues. Comme le dit l’adage : « Dans le voyage l'important, ce n'est pas la destination, c’est le taux de CO2 relâché dans l'air ». Même Ryanair n’avait pas pensé à un truc aussi con pour rapporter de la thune !
Tu prends l'avion, puis 7h plus tard tu reviens au même endroit. Jusqu'à présent, ça, ça n'arrivait qu'avec les taxis parisiens ! Mais en Australie les places pour le vol Sydney-Sydney se sont arrachées en 10 minutes ! Les prix s’échelonnent de 480 à 2300 €.
Ca vaut le coût, surtout pour les gens qui habitent à Sydney : 2300 boules pour découvrir Sydney quand t'habites à Sydney, d'après moi c'est une sacrée affaire. D’autant que si tu loupes l’avion, c’est pas un drame : t'as juste gagné 7 heures dans ta vie pour faire autre chose. Faire tourner le moteur de ton 4x4 au point mort pendant une journée, par exemple.
Pour dépenser une telle somme pour un truc aussi débile, il faut aimer énormément l'avion ou haïr énormément l'environnement. Si on devait expliquer le concept à un pangolin, je pense que la bestiole dirait : « Ok, vous savez quoi les gars ? Finalement, bouffez-moi… je veux plus vivre dans ce monde, laissez-moi descendre. »
La question essentielle ici c’est : pourquoi dépenser autant d'argent pour aller nulle part ? Ne pas savoir où on va, c'est déjà notre quotidien : on ne sait pas si on pourra encore aller boire des coups la semaine prochaine, on sait pas si on va être reconfinés, on sait pas si on doit annuler ou pas l’anniversaire surprise organisé le mois prochain, on ne sait même pas si on aura des sapins pour Noël !
En plus pour aller nulle part, en France, c’est gratos : on a voté Macron. J'allais dire c'est moins polluant mais en fait je ne suis pas sûre. Au départ en 2017 on a Macron contre Le Pen et à l’atterrissage cinq ans plus tard on aura… Macron contre le Pen.
Alors quoi ? Il faut venir en aide aux pauvres gens qui étaient habitués à prendre l'avion trois fois par mois et qui ressentent un manque aujourd'hui ? Le fameux manque de rester cloué à un siège devant une barquette en alu ? Après tout, qu’est-ce que c’est que 10 000 litres de kérosène brûlés comparés au plaisir de déguster une mini canette de jus de tomate au-dessus des nuages ?
Quitte à commercialiser des activités absurdes, je propose qu'on commercialise le saut en parachute sans parachute, et comme ça on laisse Darwin opérer le vol.
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