Comportements puérils

Il était une fois un pays grand comme le monde où les adultes avaient eu des comportements si puérils que  les enfants, dont ce n’était pas la vocation, avaient une obligation de maturité.
Il était une fois un pays grand comme le monde où les adultes avaient eu des comportements si puérils que  les enfants, dont ce n’était pas la vocation, avaient une obligation de maturité. ©Getty
Il était une fois un pays grand comme le monde où les adultes avaient eu des comportements si puérils que les enfants, dont ce n’était pas la vocation, avaient une obligation de maturité. ©Getty
Il était une fois un pays grand comme le monde où les adultes avaient eu des comportements si puérils que les enfants, dont ce n’était pas la vocation, avaient une obligation de maturité. ©Getty
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Puisque les adultes avaient fait preuve pendant des siècles de paresse, d’inconséquence, d’insouciance, de maladresse, les enfants avaient décidé de reprendre le pouvoir et les choses en main.

C’est le climat qui avait tout déclenché. Dans la cour de récréation, on commençait une partie de chat perché, de gendarmes et de voleurs, de balles au prisonnier et tout de suite on était interrompu par un cataclysme, une tornade, une canicule, un cyclone, un ouragan, une inondation, un glissement de terrain… 

Les enfants sous le préau de l’école se réunirent en ligues, en syndicats, en coalitions et décidèrent calmement que ça ne pouvait plus durer.

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Ils  refusèrent de manger à la cantine scolaire les poulets qui n’avaient pas vécu en plein air, protestèrent contre l ‘élevage intensif, contre les conditions de vie des poussins se retrouvant dès le lendemain de leur naissance dans des hangars sans fenêtres et surpeuplés.

Certains enfants, contre toute attente, réclamèrent plus d’épinards, plus de brocolis et de choux de Bruxelles, se levèrent contre l’alimentation industrielle jugée trop grasse et trop sucrée, se liguèrent contre les frites surgelées.

De loin, derrière les grilles de l’école, les adultes regardaient ces enfants revendicatifs avec la plus grande stupéfaction.

Un enfant, tout de suite soutenu par les autres, prit encore la parole pour dire que désormais, il refuserait d’être accompagné par ses parents dans des voitures individuelles et polluantes.  Tous décidèrent qu’ils privilégieraient dorénavant le vélo et la marche à pied.

Un autre enfant fit un discours sur la société de consommation qu’ils devaient combattre à leur niveau, en refusant notamment d’être les esclaves des marques.

« Nous sommes réduits à devenir les hommes-sandwichs des plus grands groupes capitalistes ! » s’insurgea un jeune militant.

« Les enfants-sandwichs » corrigea un autre.

Ils convinrent que désormais ils se rendraient dans des friperies, accepteraient de porter le chandail du grand frère, les bottines de la grande sœur. 

Au loin, certains adultes, à l’ouïe fine, n’en croyaient pas leurs oreilles nettoyées désormais, sur l’injonction de leur progéniture, par des cotons-tiges entièrement recyclables dont les fibres sont entièrement issues de l’agriculture biologique.

Derrière les grilles de l’école, quelques adultes trouvèrent à redire. D’abord, ils trouvèrent que certains enfants avaient un visage trop rébarbatif et que toute cette mobilisation n’était pas de leur âge. Un parent trouva que la queue de cheval d’une de ces jeunes filles n’était pas spécialement jolie…

Ils jugèrent que ces enfants en faisaient quand même un peu beaucoup. Mais eux-mêmes en avaient fait si peu…

Il était une fois un pays grand comme le monde où les adultes avaient eu des comportements si puérils que  les enfants, dont ce n’était pas la vocation, avaient une obligation de maturité.

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