
Ce vendredi, une chronique ambitieuse, une chronique de haute volée, puisque je vous propose un éditorial politique venant concurrencer la parole de Thomas Legrand.
L’avantage que j’ai par rapport à Thomas, c’est que je ne viens qu’une fois par semaine et que j’ai donc eu le temps de peaufiner ma pensée au sujet d’un événement qui a eu lieu il y a cinq jours.
Dimanche dernier, justement, sur TF1, un débat se proposait d’éclairer les français sur l’avenir de l’Europe et les conséquences du vote hexagonal sur le devenir de la communauté européenne puisqu’il s’agissait bien de faire mieux comprendre les tenants et aboutissants d’une élection qui, en France, plus que prévu, avait mobilisé les électeurs au point que nombre de poissons de rivières avaient été reconnaissants vis à vis du personnel politique français de ne pas avoir trop favorisé le parti des pêcheurs à la ligne. Une tanche de mes amies, toute frétillante, me disait encore lundi matin combien elle se réjouissait avec ses copines de ne pas avoir connu un dimanche trop meurtrier et que, l’un dans l’autre, tout bien réfléchi, elle préférait autant être à sa place qu’à celle de Wauquiez ou Mélenchon.
Le débat politique en France ayant été essentiellement accaparé par un face à face entre la République en Marche et le Rassemblement National, chaque téléspectateur était naturellement impatient d’entendre l’échange qui allait avoir lieu entre deux responsables politiques d’envergure, je dirais même de haut-rang : à ma gauche, enfin à la gauche du macronisme, c’est à dire à ma droite, Daniel Cohn-Bendit. A mon extrême-droite, Gilbert Collard.
Monsieur Collard, désireux de situer d’emblée le débat sur le terrain de la pensée, conscient du bouleversement politique qui avait eu lieu suite à la dernière élection présidentielle et soucieux de souligner les connivences plus ou moins avérées entre responsables politiques venus d’horizons différents commença son argumentaire de façon détaillée, de manière franche et déterminée. « Faux-cul de la politique ! Vendu à Macron ! »
Monsieur Cohn-Bendit ne fut pas insensible au raisonnement de monsieur Collard dont il tenta de souligner la fragilité théorique
en lui opposant un vif « Ferme ta gueule, connard ! »
Le débat était lancé et s’annonçait passionnant puisque la nouvelle recomposition politique permettait de mettre en avant les différents enjeux identitaires, sociaux et écologiques des toutes prochaines années.
Monsieur Collard, maître en rhétorique, qui fut jadis engagé à gauche, membre de la SFIO et du Parti Socialiste trouva à redire quant à l’évolution politique de monsieur Cohn-Bendit. « Traître ! Traître » s’égosilla-t-il.
Monsieur Cohn-Bendit fit alors valoir à monsieur Collard qu’il était une « ignoble ordure ».
Joie de la controverse, plaisir de la discussion, enrichissement de la pensée par l’affrontement de points de vue différents, ce débat aura permis de mieux mesurer la distance qui oppose les europhiles convaincus aux nationalistes résolus tout en soulignant les clivages qui risquent de structurer durablement la vie politique française.
Bienvenue dans le nouveau monde qui s’annonce captivant.
L'équipe
- Production
- Chronique