L'impromptue de l'Odéon

François Morel
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François Morel ©Radio France
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Ce matin, François Morel est accompagné d'Ariane Ascaride...

-   Bonjour. Aujourd’hui, une pièce en un acte intitulée L’impromptue de l’Odéon…

-         Ah oui, je vois, tu vas encore critiquer alors que quand il se passe des trucs bien, t’en parles même pas.

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-         Comment ça?

-         Roselyne, elle est allée à l’Odéon. C’est quand même une sacrée nouvelle et t’en as même pas parlé.

-         Bah…

-         Monsieur fait la fine bouche. Roselyne est allée à l’Odéon, un jour d’occupation du théâtre par des artistes en colère. Faut quand même le faire. C’est courageux, je te ferais dire. Même André Malraux il n’y était pas allé à l’Odéon. Tu vas voir, Roselyne, elle a qu’à écrire un truc aussi connu que La Condition Humaine et tu vas voir qu’elle ne sera pas loin de laisser un souvenir supérieur à André Malraux.

-         Ah peut-être. Mais pourquoi qu’elle y est allée Roselyne à l’Odéon ?

-         Ben, pour dire qu’elle y est allée.

-         Et ça fait quoi ?

-         Quoi, ça fait quoi ?

-         Ben qu’elle y soit allée, ça fait quoi ?

-         Rien. Qu’est-ce que tu veux que ça fasse ? Elle y est allée, point.

-         Ah d’accord. 

-         Mais quand même elle a fait le déplacement, c’est pas rien. Surtout qu’elle a autre chose à faire.

-         Qu’est-ce qu’elle a d’autre à faire ?

-         Tu es vraiment de mauvaise foi, quand tu es ministre de la culture, tu as quand même un sacré agenda.

-         Oui, mais vu que tout est fermé…

-         Ben, je ne sais pas. Gérer l’absence de théâtre, de cinéma, de musée. Tout ça… Diriger le rien, organiser la privation, manager le manque, administrer la carence, c’est pas rien…

-         Et qu’est-ce qu’elle a dit Roselyne à l’Odéon ?

-         Rien.

-         Ben alors, pourquoi qu’elle y est allée Roselyne à l’Odéon si c’est pour ne rien dire.

-         Enfin, rien… Elle a pas rien dit. Elle a dit qu’elle comprenait les inquiétudes.

-         C’est tout ?

-         Et alors ? C’est quand même bien quelqu’un qui comprend les inquiétudes par rapport à quelqu’un qui ne comprend pas les inquiétudes.

-         Oui.

-         Ah ! Par exemple, tu es à l’hôpital, tu souffres, t’es sur ton lit de douleur, t’as des tuyaux partout dans les veines, dans le nez, des électrodes branchés un peu partout, t’as peur d’y passer, tout ça, t’es mal et tu as le grand médecin en chef qui vient te voir personnellement alors que si ça se trouve le grand chef il a une réunion du Lions Club par zoom ou une invitation sur BFM et il vient quand même te voir pour te dire qu’il voit pas ce qu’il peut faire pour toi mais que par contre il pense très, très fort à toi.

-         Oui, eh bien ?

-         Eh bien, ça fait drôlement chaud au cœur…