Barrages

Quand François Morel hésite à succéder à Daniel Craig pour le prochain rôle de James Bond
Quand François Morel hésite à succéder à Daniel Craig pour le prochain rôle de James Bond ©Radio France - France Inter
Quand François Morel hésite à succéder à Daniel Craig pour le prochain rôle de James Bond ©Radio France - France Inter
Quand François Morel hésite à succéder à Daniel Craig pour le prochain rôle de James Bond ©Radio France - France Inter
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Ce qui est désespérant, c’est que pour la plupart des électeurs l’année prochaine, la présidentielle n’aura qu’une seule et unique fonction : faire barrage.

Comme d’habitude, vous me direz, ce n’est pas la première fois… Non, je sais bien, vous avez raison, ce n’est pas la première fois… Je dirais même que ça devient une habitude…

Faire barrage à Le Pen en votant Macron ? Comme jadis on a fait barrage à Le Pen en votant Chirac ? Comme les gaullistes en 74 ont fait barrage à Mitterrand en votant Giscard. Comme les gaullistes en 81 ont fait barrage à Giscard en votant Mitterrand ?

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Je suis d’accord avec vous : ce n’est pas gai…. N’importe quel électeur de base est obligé aujourd’hui de se transformer en stratège politique pour faire son choix, un choix qui ne sera donc pas un premier choix mais un deuxième, un troisième choix. Un quatrième choix, exactement.  

Je suis sûr qu’il y a des gens qui vont voter Zemmour pour faire barrage à Le Pen. Qui vont voter Asselineau pour faire barrage à Dupont-Aignan, qui vont voter Dupont-Aignan pour faire barrage à Florian Philippot. Toutes les combinaisons sont possibles comme on dit chez Aubade qui propose de la lingerie pour toutes les occasions : Saint-Valentin, mariages, inhumations.

Et je ne vous parle pas de ceux qui vont voter Fabien Roussel pour faire barrage à Mélenchon. Ou le contraire.

Il y a aussi ceux qui vont voter Michel Barnier pour faire barrage aux anti-européens, sans oublier ceux qui vont voter Michel Barnier pour faire barrage à l’Europe depuis qu’il a dénoncé le piège européen. 

Un barrage, c’est un ouvrage d’art certes. C’est un des grands ouvrages de génie civil. Et puis, vous me direz, il y a toutes sortes de barrages, des barrages en remblai, des barrages voûtes, des barrages à contreforts. Oui, je sais bien (enfin en réalité, je n’en sais rien, j’ai juste taper « barrage » sur Wikipédia) mais c’est quand même du lourd, du béton. Un barrage, il y en a des beaux sûrement…

Mais comme ouvrage d’art, on a le droit d’en préférer d’autres. Par exemple un viaduc, un aqueduc, un pont. 

« Un pont, ça se traverse et c’est beau » chantait Juliette Gréco. Même une passerelle. C’est beau, une passerelle. Ce n’est peut-être pas un ouvrage d’art une passerelle mais quand même ça permet de franchir des obstacles, ça permet la communication entre les hommes. Même un simple arbre couché sur une rivière, un gave, un torrent, ça permet d’aller voir de l’autre côté. Même un petit pont de bois qui ne tenait plus guère que par un grand mystère et deux piquets de bois, ça permet d’aller voir ailleurs si on y est.

Faire barrage c’est voter utile, nous dit-on, alors qu’on voudrait voter futile, on voudrait voter rêveur, léger, frivole, joyeux, confiant…

Ce qu’il faudrait faire, c’est se débrouiller pour faire barrage au barrage.

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