Darmanin promotion !

France Inter
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J’avais conclu mon papier de la semaine dernière par un vif « Darmanin démission », je débuterai ma chronique du jour par de francs et ardents « Darmanin, respect ! », « Darmanin, déférence ! », « Darmanin promotion ! »

Cette chronique ne sera qu’un acte de contrition, une parole de repentir, de regret, de remord, d’excuses plates et piteuses, d’autocritique assumée, un aveu d’insuffisance, l’expression de ma résipiscence. Je me suis perdu. Je me suis fourvoyé. J’ai fait mon malin. Je me suis cru autorisé à faire la leçon alors que je ne suis qu’un piètre élève. Je n’ai pas vérifié mes sources. Je me suis trompé. J’ai fait preuve de légèreté, d’incompétence, d’irréflexion, de désinvolture, de bêtise, de méconnaissance, d’impéritie, d’ignorance. En un mot comme en cent, j’ai chié dans la colle. 

Heureusement, la confrérie que j’évoquais la semaine dernière « cette cohorte de professeurs en retraite, de linguistes, de sémanticiens, de puristes toujours branchés sur France Inter en dépit de sa programmation musicale » m’a écrit, m’a corrigé, m’a justement remis à ma place.

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« « J’eusse aimé », me dit l’un, s’emploie au même titre que « j’aimerais » et que « j’aurais aimé » qui sont des formes du conditionnel. « J’eusse aimé » est en fait le conditionnel passé 2ème forme qui ne s’emploie plus guère. »

« Le conditionnel passé 2ème forme « J’eusse aimé », me dit l’autre, est, bien qu’un peu ampoulé, parfaitement correct pour exprimer une éventualité dans le passé. » 

« Auriez-vous par hasard (me demande un troisième) négligé d’écouter votre institutrice le jour où elle vous parla de Baudelaire et du conditionnel passé 2ème forme « J’eusse aimé vivre auprès d’une jeune géante ? » « Et le célèbre « J’eusse aimé que vous vinssiez seule » de Fernandel dans Fric-Frac » me rappelle un linguiste doublé d’un cinéphile.

« J’eusse aimé que vous consultassiez votre Bescherelle voire votre vieux Bled… » me dit encore un auditeur attentif.

Un monsieur de Saint-Fargeol, (c’est me précise-t-il, au fond de la Combraille) ne peut pas croire que j’ai pu être coupable d’une erreur si grossière. Son indulgence m’oblige. « Vous avez voulu réveiller la « cohorte de professeurs en retraite, linguistes dont je m’honore de faire partie. Vous avez peur que l’on sommeille encore à 8h55 ? J’espère que vous allez crouler sous les protestations, et je vous demande instamment de bien perdre votre temps à toutes les lire. »

De ma chronique de la semaine dernière, je garderai cependant une notation qui ne provoquera pas de reproches, sauf naturellement chez les végans, les végétariens, les végétaliens « le boudin est un aliment merveilleux riche en calcium, protéine et magnésium. »

Je pourrais ajouter, paraphrasant à peu près Jean-Michel Bezzina, multi pigiste ayant couvert l’affaire Grégory « Une connerie, ça fait une pige, plus un démenti ça fait deux piges. »

Sincèrement, la semaine dernière, il eût été préférable que je fermasse ma gueule. 

Quand même, pour le plaisir, parce que mon statut de chroniqueur me permet, si je veux, de faire preuve de mauvaise foi, je conclurai mon papier comme la semaine dernière : « Darmanin démission ».