Monsieur le président, en 2019, 90% des victimes d’armes explosives sont des civils

François Morel
François Morel ©Radio France
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Monsieur le président, je vous fais une lettre que vous lirez peut-être si vous avez deux minutes. Je n’ai pas reçu de papiers militaires pour partir à la guerre vu que je ne veux pas la faire. Comme dit l’autre, je ne suis pas sur terre pour tuer de pauvres gens.

Monsieur le président, si je fais du Boris Vian, c’est que j’ai idée que je ne suis pas non plus sur terre pour me faire tuer comme un lapin de garenne en période de chasse.

Je vous dis ça, monsieur le président, messieurs les présidents, messieurs qu’on nomme grands, parce que, figurez-vous, dans le monde toutes les 24 minutes, un civil est tué ou blessé par une bombe ou une arme explosive visant une zone urbaine. 

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« Moi mon colon celle que je préfère c’est la guerre de 14-18 » chantait un autre pacifiste. Il faut dire que pour le civil, la guerre est devenue de plus en plus menaçante. En 14-18, les civils représentaient 15% des victimes, en 39-45, les civils représentaient 50% des victimes. 

Aujourd’hui en 2019, 90% des victimes d’armes explosives sont des civils comme vous et moi

Des gens qui n’ont pas eu envie de voir mourir leur père, partir leur frère et pleurer leurs enfants, des gens qui n’ont pas eu à refuser de faire la guerre, de donner leur sang puisque la guerre est venue chez eux, à domicile pour les emporter, des gens qui n’ont même pas pu choisir de  devenir déserteur puisque la guerre s’est imposé à eux.

Ces chiffres, messieurs les présidents, ce n’est pas moi qui les invente, c’est Handicap International qui les fournit

Et justement, c’est pour rendre hommage à tous ces milliers d’inconnus que Handicap International nous invite, nous simples citoyens, à nous mobiliser. 

La tombe du soldat inconnu fut inaugurée le 11 novembre 1920 au pied de l’arc de Triomphe. Le 26 septembre 2019, place de la République à Paris a été symboliquement inauguré le premier Monument au Civil Inconnu.

Au cours de la dernière décennie, à Alep, Raqqa, Mossoul, Sana’a, des villes martyres sont devenues des symboles du mépris de la vie des civils. Le monde s’est habitué à voir des combats au cœur des villes, des bombardements intensifs, des destructions d’écoles et d’hôpitaux, de maisons, d’immeubles, de salles des fêtes et de terrains de football, des dispensaires et des maternités. Des lieux de vie, insidieusement,  sont devenus des lieux de mort. 

Le civil et le militaire chantent ensemble des paroles écrites par l’éternel jeune homme que reste Boris Vian. Le civil et le militaire ont une mère qui a tant souffert et qui est dedans sa tombe et se moque des vers et se moque des bombes… On voudrait se moquer des bombes avant d’être dedans sa tombe.

Dès qu'on évoque l'horreur de la guerre, on se fait facilement accuser d'angélisme

Que voulez-vous ? La pluie, ça mouille. La geurre, ça tue. Mais ça sert à quoi la politique sinon à approcher des rêves ?

La pétition sur handicap-international.fr contre les bombardements des zones civiles est toujours d'actualité. La Conférence de Vienne les 1er et 2 octobre prochains a vu naître un projet de déclaration politique internationale contre l'usage des armes explosives en zone peuplées. 

La France, vient tout juste de rejoindre ce processus politique historique. On espère, monsieur le président, que sa parole aura été exigeante et forte. 

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