Le 11 janvier 2015, la France unie comme un seul homme était Charlie. Et aujourd’hui, où est Charlie ?
Charlie joue sur son téléphone portable. Charlie fait de la trottinette.
Charlie se met le doigt dans le nez. Charlie s’en fout. Charlie n’a plus trop envie d’embrasser un flic. D’ailleurs le flic porte un masque. Et puis Charlie aussi. Charlie s’abonne à Netflix. Charlie ne lit plus beaucoup Charlie.
Le 11 janvier 2015, la France unie comme un seul homme était Charlie. Et aujourd’hui, où est Charlie ?
Charlie à force d’avoir été partout pourrait se retrouver nulle part.
Charlie discute. Charlie digresse. Charlie tergiverse. Charlie s’atermoie. Charlie pense que le sujet est délicat. Charlie joue à se faire peur. Charlie écoute la membre honoraire de l’Académie Goncourt quand elle se pâme devant le désespoir du terroriste. Charlie aime les sensations fortes. Charlie n’a plus le goût à rien. Charlie trouve qu’il y a du pour et du contre. Charlie, comme Dieu selon Topor voit tout, entend tout, confond tout. Charlie s’y perd.
Charlie a des envies de meurtre. Charlie compte ses sous. Charlie s’enferme. Charlie se tait. Charlie aurait pu devenir un emblème. Charlie est malheureux.
Alors dans le chaos, la confusion, le n’importe quoi, une parole forte comme la simplicité, moderne comme le goût des autres, courageuse, juste, vivifiante comme celle de Patrick Pelloux sortant lundi dernier du Palais de Justice:
« On doit faire vivre la démocratie, la liberté d’expression, la liberté de caricaturer, la liberté de blasphémer. C’est un moment qui est solennel, vraiment particuliers, il faut saluer le fait que notre république ne s’effondre pas face au terrorisme. »
Une pensée pour Frédéric, employé de la société Sodexo chargé de la maintenance de l’immeuble, une pensée pour Michel venu en simple visiteur, en simple ami, une pensée pour Franck, policier chargé de la protection de Charb, une pensée pour Ahmed, gardien de la paix, d’une paix si difficile à défendre.
Une pensée pour les blessés, pour les survivants.
Et puis une pensée pour vous, Jean, Stéphane, Elsa, Philippe, Bernard, Bernard, Mustapha, Georges qui ne vous êtes jamais revendiqué Charlie, ce n’était pas la peine, il n’y avait pas de raison, puisque Charlie, c’était vous.
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