Pourrir

France Inter
Publicité

Mourir, c’est partir un peu. Pourrir, c’est martyr beaucoup.

Chacun a pu recevoir récemment cet appel à pourrir les journalistes de France Info.

La question est de savoir comment s’y prendre. Quelle marche à suivre ? Comment, de quelle manière pourrir un journaliste de France Info ? J’ai bien dit « pourrir », pas critiquer, contester, contredire, non, « pourrir ».

Publicité

On peut toujours insulter, injurier, invectiver, traiter d’abruti comme c’est devenu courant dans le champ lexical politique. Mais doit-on aller plus loin ?

« Pourrir » d’accord mais c’est vague.

On peut s’en prendre aux affaires, arracher les micros, casser le matériel des journalistes de France Info mais est-ce suffisant ? 

Parce que « pourrir », c’est bien, mais c’est imprécis.

Par exemple, n’aurait-il pas été plus avantageux d’appeler à casser les genoux des journalistes de France Info ? Je pose la question.     Appeler à casser des genoux aurait été un message plus clair, plus explicite. 

Ou peut également envisager, ce sont des idées que je lance dans le débat démocratique actuel, de tondre en public les journalistes de France Info sous prétexte qu’ils sont accusés de se coucher devant Macron.

Parce que pourrir, d’accord, mais comment ?

Surtout qu’il y a énormément de façons de pourrir quelqu’un et les idées ne manquent pas pour peu qu’on fasse preuve d’imagination, de création. 

La question, également que je me posais, car je me pose énormément de questions, c’est de savoir s’il faut pourrir de la même façon le journaliste qui avant de s’intéresser aux comptes de la France Insoumise avait enquêté sur la comptabilité du Front National ou  l’affaire Fillon. 

J’imagine qu’il existe à France Info un vieux journaliste qui avait jadis valeureusement dénoncé le montant des frais de bouches d’un ancien maire de Paris et qui aujourd’hui enquête sur les comptes de  Mediascop.  Comment pourrir équitablement ce parcours qui va de Chirac à Chikirou ? 

Dans ce cas, si par exemple, était organisée une séance de lapidation sur ce vieux journaliste, est-ce qu’on choisirait d’envoyer des cailloux d’abord pas trop gros en souvenir des services rendus dans le cadre de la liberté de la presse et des médias avant d’envoyer des cailloux moins inoffensifs en représailles contre ce régime semi dictatorial où les médias d’état sont à la solde du pouvoir ?

Beaucoup de questions. Le mieux, c’est peut-être encore de s’inspirer de ce qui se fait à l’étranger. 

En 2017, 65 journalistes dans le monde ont été tués, 326 étaient emprisonnés. En 2018, les chiffres risquent d’être plus importants quand on fera le compte de ces journalistes pourris au point de pourrir eux mêmes sous la terre ou dans des prisons.

  • Partir, c’est mourir un peu.
  • Mourir, c’est partir beaucoup.
  • Pourrir, c’est un peu beaucoup.

L'équipe