Hubert Védrine l'audacieux

Hubert Védrine l'audacieux
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« Ah si les journaux étaient tenus comme autrefois, ça ne durerait pas une minute. »

Ces mots d’Hubert Védrine, visiblement aussi à l’aise dans les colonnes de la revue d’extrême droite “Éléments“ qu’il ne l’est sur les plateaux de Russia Today, Cnews ou les antennes de Radio France, semblent regretter cet « autrefois » où les journaux étaient « tenus » sans préciser Quand et surtout Par qui, ils étaient « tenus ». 

Parle-t-il de la tenue d’une ORTF aux ordres ou de l’année 1996 où l’ami Hubert publiait dans Le Point un fervent plaidoyer en faveur je cite de « l’audace géopolitique » qui aurait consisté à mettre en place au Rwanda une solution à « deux États distincts, Hutu et Tutsi ». 

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Et ça, je peux vous dire qu’il en fallait de la tenue et de l’audace pour revenir deux ans après le génocide des Tutsis t et proposer la gueule enfarinée un hutuland et un tutsiland, en Apartheid. Ça peut marcher je vous assure, venant d’un des principaux artisans du soutien de la France au gouvernement raciste d’Habyarimana : ça se défend. 

Chez Védrine tout est bon, du moment qu’on ne s’interroge pas sur la responsabilité de la France dans le génocide des Tutsis. 

D’abord en martelant l’idée que la France n’aurait été que l’artisan d’une paix manquée, celle des accords d’Arusha. 

Mais attention, dans un double salto arrière qui ne manque toujours ni d’audace, ni de tenue, Hubert Védrine va plus loin dans les colonnes d’Éléments :

Il réussit l’exploit de présenter la France comme victime. Victime je cite de « fake news ». Et surtout, victime d’une habile campagne médiatique lancée par le Président rwandais contre la France. 

C’est simple quand t’écoutes Védrine t’es à deux doigts de demander des réparations à Kagamé. On finirait presque par se demander ce qu’on attend pour ériger un mémorial en l’honneur de la France victime du Rwanda

Tout ceci ne serait que pathétiquement grinçant si l’argumentaire de ceux qui nient par principe toute responsabilité de l’État français ne s’attachaient pas à nier au passage l’existence des victimes du génocide.

Il n’y aurait pas d’après eux, des Tutsis victimes d’un génocide planifié, organisé, préparé de longue date par des responsables politiques dont bon nombre a été soutenu avant le génocide et reçu pendant et après le génocide par l’État français. Mais… des victimes de « massacres successifs ». Pour le faire un peu trivial, on aurait surtout des noirs qui se foutent sur la gueule. 

A l’instar de la journaliste canadienne Judi Rever, souvent citée par Védrine et qui accuse l’actuel président Kagamé d’avoir tué le Président Habyarimana pour lancer un génocide contre les Hutus. 

Et là tout s’expliquerait, pas question de nier le génocide, il a bien eu lieu en revanche, ce qui change c’est qu’avec Judi Rever ceux que vous prenez pour des victimes sont aussi les bourreaux d’un génocide qui se préparait, celui des Hutus par les Tutsis. Renvoyant dos à dos victimes et bourreaux.

Ça pue le révisionnisme et le complotisme à plein nez mais heureusement, la semaine dernière, la France s’est engagée après 27 années, dans une autre voie, celle de la reconnaissance de sa part de responsabilité. 

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