La messe est dite

France Inter
vidéo
La messe est dite - Le Billet de Sophia Aram
La messe est dite - Le Billet de Sophia Aram
Publicité

Jusque-là, lorsque l’Église était interpelée sur l’épineux sujet des abus sexuels commis par des prêtres sur des enfants, c’était toujours la même chanson…

Une chanson interprétée ici par le bien nommé Primat des Gaules, à savoir le cardinal Barbarin : 

« Jamais, jamais, jamais… Jamais, jamais, jamais… Absolument jamais… Et certainement pas avec ma connaissance évidemment… »

Publicité

Bien sûr, on peut le regretter ou même s’indigner mais comme le rappelle ce jeune séminariste interrogé au sujet de la solidarité entre prêtes : 

« Et même si on est peu nombreux, voilà, on se sert les couilles… Les coudes ».

Alors oui mon chéri tu as raison et même si ton lapsus pèse une tonne, c’est ça la solidarité entre prêtres, “on se les sert“, ce qui marche aussi avec les coudes, même si bon évidemment, j’imagine que ça tient moins chaud. 

Mais trêve de galéjades, tout le monde savait qu’il y avait un problème de pédo-criminalité dans l’église catholique ET un système de petites lâchetés, de dissimulations organisées voire de franche complicité… qui le rendait possible. 

Et voilà que patatras, depuis le 5 octobre dernier, le rapport de la Commission Indépendante sur les Abus dans l’Église est venu décrire un phénomène qualifié de « massif et de systémique » par le rapporteur de la commission lui-même.

Pour tout vous dire, en lisant les chiffres, avec 330 000 victimes recensées, soit 11 enfants victimes de violences sexuelles par jour le tout sur une période de 70 ans… Pour être sincère, j’ai assez vite perdu l’envie de trouver des vannes… 

Ah je vous assure quand on lit ce rapport, la seule chose qu’on soit capable de chercher c’est un sécateur et encore, vus les volumes il vaudrait mieux travailler à la chaîne…

Parce que là, on est plus près de l’industrie lourde que de l’artisanat paroissial. 

Et puis surtout c’est pas comme si l’Église ne venait pas de passer des années : 

- à nous expliquer ce que c’est que la famille, 

- à nous dire comment on doit faire les enfants et comment on les élève, 

- à nous bassiner avec la Manif pour tous, 

- à combattre le droit des femmes à disposer de leurs corps et celui de tous à mourir dans la dignité, 

- à vomir sa haine de l’homosexualité et de tout ce que l’Église considère comme des relations contre nature… En revanche, violer des enfants, ça visiblement c’est possible, il suffit juste de disposer de deux ressources inépuisables au sein de l’Église, à savoir, de la mauvaise foi, et une organisation entièrement dédiée au pouvoir absolu du clergé. 

Alors voilà si vous ajoutez à ça, les déclarations de Monseigneur Moulin-Beaufort, enfin SonSeigneur, ou le seigneur de qui veut (c’est pas le mien) plaçant les lois de dieu au-dessus des lois de la République il ne reste que deux solutions :

- Dissoudre l’Église catholique en tant qu’organisation criminelle et séparatiste (calmez votre joie dans le studio)

- Ou alors, commencer à réformer un système vérolé de l’intérieur en laissant enfin les catholiques laïcs et parmi eux, les femmes, jouer un autre rôle que celui de tiroir-caisse. 

Mais la seule chose qui ne sera plus possible de faire après que le rapporteur Jean-Marc Sauvé ait courageusement qualifié les violences sexuelles dans l’Église de ”phénomène massif présentant un caractère systémique”, c’est d’espérer une seule seconde, pouvoir noyer le tout dans les pleurs, la prière et le vin de messe. 

L'équipe