
Voilà il faut que je vous dise, ce qui semblait aussi peu probable que de tomber sur une pile de l’Huma chez Léa ou une carte de fitness chez Nicolas...
Je suis devenue “l’humoriste de droite de France Inter“.
Aboutissement regrettable d’une succession de glissements coupables pour les uns, sursaut salvateur pour Dominique Seux… peu importe : me voilà de droite. Surtout depuis que la condition pour être de gauche c’est de considérer Mélenchon comme “le grand gagnant de sa défaite“ et Macron comme “le grand perdant de sa réélection“, franchement allez-y sans moi, je vais vous ralentir…
Pour tout dire j’avais même pas compris qu’on pouvait
· gagner une élection sans être au second tour,
· combattre l’extrême-droite par l’abstention,
· qu’une présidentielle se jouait en trois tours
· et que de toute façon on se tamponne du résultat puisqu’on peut toujours gagner dans la rue ce que l’on perd dans les urnes !
Et moi qui jouais au castor alors que pour stopper l’extrême droite, il suffisait de laisser passer Le Pen… Mais comment ai-je pu devenir cette personne alors que j’avais tout pour être de gauche, je cochais toutes les cases :
Issue de l’immigration, d’un père aimant et cuisinier, d’une mère maltraitante et délinquante, élevée dans l’éducation populaire d’une mairie communiste, puis étudiante militante, féministe, altermondialiste… intermittente du spectacle !!!!
J’avais tout bordel. A côté de moi, Manon Aubry c’est Meghan Markel.
C’est simple pour trouver plus prédisposé à gauche que moi, il aurait fallu que Jean-Luc Mélenchon et Annie Ernaux se reproduisent.
Et tout ça pour devenir la Sonia Mabrouk de l’humour !!!
Et le pire c’est que je sais même pas dire pourquoi… Est-ce l’ennui de dénoncer le “racisme d’État“ en Louboutin entre Assa Traoré et Camélia Jordana… la gêne d’entendre les leçons en prolétariat des Lagannerie, Éribon ou Branco… A moins que ce soit parce que comme le dit Mélenchon :
“ La conquête l’hégémonie politique a un préalable : Il faut tout conflictualiser dans un premier temps, comment croyez-vous qu’on transforme un peuple révolté en peuple révolutionnaire“
Ben voilà, ça doit être ça… au fond, je crois autant en ma capacité à “transformer un peuple révolté en peuple révolutionnaire“ qu’à celle de Raquel Garrido de réécrire la constitution. C’est vous dire.
Je trouve ça presque aussi grotesque que de nommer Benalla à la tête de sa sécurité, Darmanin à l’intérieur et Schiappa à l’Académie française.
Puis quitte à devoir terminer ma carrière en faisant des flash mobs entre Clémentine Autain et Ester Benbassa, je ne pense pas qu’investir Taha Bouhafs, condamné en première instance pour insulte à caractère raciste, soit le plus court chemin pour moraliser la vie publique.
Alors voilà, chers camarades, ne perdez plus votre temps à m’expliquer que je suis une “traitre à ma race“ ou “une arabe de service“ spécialisée dans les rapports buccaux génitaux réservés au président susmentionné, puisque visiblement le mépris de classe qui m’habite ne me permet pas de comprendre pourquoi les français s’obstinent toujours à refuser un second tour au représentant du peuple le plus populaire du monde, et à réélire l’homme qu’il est sensé détester le plus. C’est d’ailleurs tellement incompréhensible, que franchement- moi à votre place, si j’étais encore de gauche, je changerais de peuple.
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