Où sont les divas du monde arabe ?

France Inter
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Le Billet de Sophia Aram
Le Billet de Sophia Aram
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Cette semaine Mélanie ex-Diams nous revient tout en voile et en paix intérieure depuis qu’elle a cessé de chanter et qu’elle s’est mise à prier.

Un auto-documentaire, Salam, racontant sa quête et son cheminement dans l’Islam depuis que le Coran lui a sauvé la vie en venant combler le vide qu’elle ressentait quand elle rentrait dans des salles pleines…

D’un côté c’est beau comme du Bernadette Soubirous en exil aux Émirats, de l’autre il y a eu cette réponse à la question posée par Augustin Trapenard sur ce qu’elle dirait à ses enfants s’ils souhaitaient se lancer dans la musique :

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“Euh non vraiment je leur souhaite de se construire sur quelque chose qui les impliquera moins que tout ce qui peut toucher aux passions parce que des fois ça peut être très destructeur. “

Franchement, Mélanie élève ses enfants comme elle veut mais interrogeons l’idée de conseiller à ses enfants de se tenir “éloignés de tout ce qui peut toucher aux passions“, parce qu’en termes d’épanouissement de l’enfant, comme conseil éducatif, on est quand même plus proche de l’austérité monastique, que de Françoise Dolto.

C’est quoi cette idée d’éloigner ses enfants de la musique ? Parce que dans mon enfance la musique était partout : Warda, Chikha Remiti, Raymonde, Asmahane, Oum Kalthoum, Najat Aatabou… Fayrouz ...

Pour ceux qui voudraient mesurer l’importance et la puissance de ces chanteuses dans la culture arabe et maghrébine, à côté les Rolling Stones c’est Chantal Goya a capella. Elles étaient tellement puissantes qu’entre le début de l’introduction musicale et leur arrivée sur scène, t’avais le temps de préparer trois tajines.

Mais puisque Diams a l’occasion de témoigner du lien qui existe entre l’Islam et sa paix intérieur, j’aimerais également vous faire part d’une expérience personnelle, je peux ?

Voilà, c’était il y a un an, en revenant de l’exposition Divas à l’institut du monde arabe sur ces chanteuses qui ont bercé mon enfance, je me suis mise à pleurer un peu, enfin de quoi remplir ma baignoire, et tout ça à cause d’une toute petite question :

Je me suis demandée où étaient passées les héritières d’Oum Kalthoum et de Warda…

Il y a bien Souad Massi et quelques autres mais aujourd’hui, là, à l’heure où je vous parle, où sont passées les nouvelles divas du monde arabe et du Maghreb ?!!! Parce que voyez-vous, mon sentiment et c’est ce qui me rend triste ; c’est qu’au fur et à mesure que l’influence de la religion a grandi, la voix de ces femmes s’est éteinte.

Alors c’est vrai qu’au-delà de la joie sincère de voir Mélanie-Diams trouver la paix, je fais le vœu qu’au moment où le souvenir des divas s’amenuise, de nouvelles chanteuses se lèveront et que l’influence grandissante de la religion laissera toute sa place à la musique… parce que la religion et le silence qu’elle impose ne remplaceront jamais la liberté, la beauté, la grâce et la poésie que la musique a toujours porté au cœur de nos vies.

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