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Sarkozy ou l’impossible challenger
Retour sur le SOS lancé par Nicolas Sarkozy.
C’est devenu un rituel. A chaque fin de meeting le candidat-président lance dorénavant un appel à l’aide. « Françaises, Français, peuple de France, aidez moi ! ». Nicolas Sarkozy l’a dit pour la première fois à Marseille. Il l’a répété samedi à Bordeaux. Voilà le Nicolas Sarkozy nouveau qui se place du côté du peuple et qui lui demande son soutien, son assistance, non sans le talent de tribun qu’on lui connait.
Les mots sonnent bien, mais ce qu’ils disent ne lui vont pas au teint. Pourquoi ? Parce que depuis des mois, Nicolas Sarkozy a voulu incarner la figure du sauveur. Face à la crise économique en 2008. Face à une Europe en danger de mort en venant au secours de la Grèce, coûte que coûte. Face, enfin, aux risques de faillite de notre pays qui s’est trop endetté en lui imposant deux plans de rigueur successifs. A chaque fois, il joue -ou surjoue c’est au choix-, l’homme volontaire, déterminé qui s’emploie à changer le cours des choses. Seul si nécessaire.
- Et donc de "sauveur", Nicolas Sarkozy a voulu se transformer en "challenger"
Nous verrons ce qu’il en est le 6 mai au soir, mais c’est peut-être la principale erreur de Nicolas Sarkozy dans cette campagne. Cette stratégie ne colle pas à l’image qu’il a tenté de se construire : celle d’un président conquérant, plus habitué à prendre la main qu’à la tendre.
Après la désignation de François Hollande, le Président et son entourage ont pensé que le candidat socialiste allait décrocher très vite dans les sondages. Sauf que la prédiction ne s’est pas réalisée.
Alors, le tir a été rectifié et Nicolas Sarkozy a donc décidé de se glisser dans la peau du Poulidor qui veut réussi un retour jugé improbable.
Sauf que la tactique du sauveur qui veut à son tour être sauvé ne fonctionne pas. Parce que passer de la posture du vainqueur, de l’homme auquel rien ne résiste à celle du n°2 qui veut rester ou redevenir n°1 relève tout simplement de la gageure.
Parce que Nicolas Sarkozy ne peut pas faire oublier qu’il est un président sortant. Une fois n’est pas coutume dans une chronique politique, permettez-moi de vous citer un extrait de « Grandeur de S » -S comme Sarkozy bien sûr- un recueil de poèmes corrosifs du jeune et talentueux Xabi Molia. Voilà ce que le poète fait dire au président élu juste après sa victoire de 2007 : « Je suis impérissable, mes emprunts, mes écarts, mes arguments télévisés, mes costumes trop grands, ma cargaison d’outils rouillés seront oubliés. L’histoire est aux vainqueurs et moi j’ai gagné, j’ai gagné, j’ai gagné ».
L’histoire est aux vainqueurs, dit justement le poète.
Dans l’univers sarkozyste, elle n’appartient pas aux challengers.
Une chronique en partenariat avec l'hebdomadaire L'Express
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