Pendant cette année électorale, est revenu dans le débat un événement politique qui était un peu tombé dans les oubliettes de l’Histoire : le référendum de 2005 sur le Traité Constitutionnel Européen.
Aujourd’hui, on se le rappelle parce qu’on s’aperçoit que ce qui a séparé à l'époque les partisans du “oui” et du “non” au traité est toujours présent, voire permet de comprendre comment se restructure le champ politique.
Ok, mais ce débat sur le TCE, moi je ne l’avais pas du tout oublié et pour une autre raison. Je ne l’ai pas oublié parce que depuis 15 ans que je travaille sur les questions numériques, tout le temps je vois ressurgir 2005, comme un moment fondateur. Pour le dire vite, on pourrait dire que c’est la première fois où Internet gagne contre les politiques et les médias.
Si on voulait affiner un peu, on dirait que c’est le moment où les hommes et femmes politiques s’aperçoivent qu’il y a un truc qui s’appelle Internet, dans lequel se fabrique une opinion qui ne va pas forcément dans leur sens. Le moment où les médias s’aperçoivent qu’il y a un truc qui s’appelle Internet dans lequel se produit autrement l’information. Le moment où les gens s’aperçoivent qu’il y un truc qui s’appelle Internet, dans lequel on trouve d’autres informations et dans lequel on peut discuter autrement de politique. En fait, pour le dire vite, j’ai l’impression que notre web politique d’aujourd’hui - celui m’enthousiasme quand il est magnifiquement démocratique, ou qui m’afflige quand il est complotiste ou instrumentalisé par les politiques - j’ai l’impression que ce web politique est né en 2005.
Alors, j’ai eu envie d’y revenir. Notamment parce que je connais le témoin idéal. Un type qui a été au coeur de tout ça. Il s’appelle Benoît Thieulin. C’est une figure du numérique français. Il a 50 ans, a monté une boite qui s’est appelé la Netscouade, qu’il a fini par revendre, il a dirigé le Conseil National du Numérique, et a été un des acteurs majeurs de la campagne de Ségolène Royal en 2007.
En 2005, Benoît était aux premières loges parce qu’il travaillait au SIG, le Service d’Information du Gouvernement. Le SIG est rattaché au Premier Ministre, en gros c’est l’agence de communication du gouvernement, il a 3 missions : informer les citoyens de l’action du Premier Ministre, coordonner la communication du gouvernement - et c’est cette mission qui est centrale pour mon histoire - “analyser l’évolution de l’opinion publique”.
En 2005, Benoit a 37 ans. Il a fait Sces-po, tenté et raté l’ENA, il a travaillé à l’ambassade de France à Djakarta, et ça fait déjà quelques années qu’il bosse au SIG.
Mais je ne sais pas exactement comme ça se passait pour lui. C'est donc par là que je commence la discussion.
L'équipe
- Prise de son : Thomas Langlain
- Mixage : Benjamin Orgeret
- Réalisation : Fanny Bohuon
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