"Il ne nous reste que la violence" d'Éric Lange : coup de cœur de Gaudéric Grauby-Vermeil

Couverture de "Il ne nous reste que la violence" d'Éric Lange aux éditions La Martinière
Couverture de "Il ne nous reste que la violence" d'Éric Lange aux éditions La Martinière
Couverture de "Il ne nous reste que la violence" d'Éric Lange aux éditions La Martinière
Couverture de "Il ne nous reste que la violence" d'Éric Lange aux éditions La Martinière
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Le 6 avril dernier, Éric Lange sortait son deuxième roman "Il ne nous reste que la violence" aux éditions La Martinière.

Avec

Gaudéric Grauby-Vermeil est éditeur web à France Inter

Ce roman noir démarre dans un studio de radio où un animateur reçoit chaque soir les témoignages des gens, des sans-voix, des désespérés. Il est le réceptacle de leur colère et de la violence qui en découle. Comme celle de cet ouvrier qui appelle l'antenne. Son usine est délocalisée en Chine. Il annonce que si ses patrons ne cèdent pas aux revendications, il fera tout sauter... Cette confrontation à la violence, le héros s'apprête à la vivre au plus près, au point de l'étreindre personnellement.

Éric Lange décrit dans ce roman noir une société qui a accepté la violence, l'a intégrée. Il fonctionne comme une loupe sur un des traits de l'humanité que nous préférons occulter. Ce n'est pas un hasard d'ailleurs si l'auteur ouvre avec une citation du roman de Joseph Conrad, Au cœur des ténèbres. Et si il situe l'action au début des années 2000, elle fait un écho troublant à notre actualité.

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Après mon premier crime, j’avais commencé à voir notre société différemment. Où que je regarde, le miroir se déformait. Des esclaves fabriquaient nos ordinateurs, des enfants cousaient nos vêtements, les profits des guerres assuraient la rentabilité de notre livret A. Nos bagues de fiançailles brillaient de diamants sanglants, mon voisin perdait son travail, sa vie, pour un actionnaire anonyme. Un vieillard était mort, seul dans une chambre, juste au-dessus de chez moi… On s’offusquait un peu, mais pas tant que ça, parfois pas du tout. On vaquait à nos petites affaires, nos vies allant tranquillement sur ces champs de cadavres. Et on ne la cachait pas, cette violence. Elle était notre environnement naturel. On l’enseignait à nos enfants. Dont acte. Je pouvais tuer une deuxième fois.

"Il ne nous reste que la violence" est édité aux éditions La Martinière. Vous pouvez lire ici les premières pages.