Gavin Bowd est le traducteur en anglais de Michel Houellebecq. Il livre un témoignage inédit sur quelques moments vécus avec l’auteur de « La carte et le territoire ».
Christine Siméone est journaliste culture au pôle web de France Inter.
Le livre de Bowd commence très fort lorsqu’il raconte une soirée chez le prix Goncourt lors de laquelle Houellebecq lâche « Je vais appeler à voter Marine le Pen ».
L’idée ne serait pas sortie de la cuisine de l’auteur si Bowd n'avait pas publié ce livre.
Il commence par cela car c’est le point de départ d’une réflexion sur ses propres engagements. Bowd, dans les années 80, petit Écossais de bonne famille, choisit d’adhérer au Parti Communiste. Il n’a que 14 ans, son père lui rappelle que la famille, pro communiste, a déjà beaucoup souffert des pratiques du Parti. Mais il insiste, le jeune Bowd. Il va à Moscou pour voir cela de près. Il creuse le sillon d’une utopie, qui s’est terminée en désastre.
Sur son parcours d'étudiant et d'intello, il croise la route des adeptes de Guy Debord. Il est beaucoup question de la critique de la Société du Spectacle dans ce livre. Bref, ce pauvre Bowd a dû longtemps accepté son erreur idéologique, supporter la chute du Mur de Berlin comme la fin du communisme, faire le tour des ruines de sa belle utopie socialiste.
C’est une déambulation dans le XXe siècle dont on ressort désabusé.
Son récit fourmille d’anecdotes sur une période enfouie sous les décombres des crises sociales et économiques du monde libéral. Bien souvent on aimerait tirer son auteur par la manche : « Hey Bowd, souviens toi que le jour où tu annonças ton engagement au Parti communiste, tu regardais ta maman remplir la machine à laver. Tu aurais mieux fait ce jour-là, de laver ton linge toi-même, de l’aider dans les tâches ménagères, et là oui, tu aurais vraiment fait ta petite révolution ». C’est ce qui m’est venue à l’idée en refermant ce livre.
Mémoires d’Outre-France, de Gavin Bowd est paru aux éditions des Equateurs.
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