Depuis la pandémie, les villes moyennes ont la cote, et surtout celles sur les côtes. Alors faut-il quitter les grandes villes et s’installer ailleurs ?
Saint Nazaire, Montélimar, Valence, autant de villes moyennes qui attirent de plus en plus d’habitants, quasiment 1% d’augmentation chaque année. Trop bruyantes, trop polluées, trop peuplées, et surtout trop chères, les grandes agglomérations n’ont plus la côte. Alors que les villes moyennes offrent une qualité de vie renouvelée : échelle humain, terrasse voire jardins, véritables commerces de proximité, une heure de pointe dans le métro bien moins insupportable … Le gouvernement encourage d’ailleurs depuis quelques années ces migrations : mise en place dès 2017 du programme « Action Cœur de Ville », soit 5 milliards d’euros pour revitaliser ces villes qui avait perdu de leur attrait au cours des dernières décennies.
Pour l’instant, il est encore complexe de parler d’un véritable exode urbain. Selon un récent sondage, 31 % des habitants des grandes agglomérations souhaitent partir. Pour autant, cette tendance n’est pas nouvelle : dès les années 60, certains veulent quitter les grandes villes. Paris ne se vide pas, et les grandes villes restent attractives. Mais certains villes moyennes deviennent progressivement the place to be, et sont très attractives.
Quoi qu’il s’en soit, cela soulève déjà quelques problèmes : les prix montent, dans les villes, comme à la campagne. En Côte d’or, par exemple, les prix des maisons de campagne ont augmenté de 19%, et 12% pour l’Yonne voisine. On assiste avec le télétravail, à ce qu’on pourrait appeler un « semi exode » une semaine coupée entre ville et campagne. Alors, faut-il quitter les grandes villes ?
Avec nous pour en parler :
- Achille Warnant, doctorant en géographie, spécialiste des villes moyennes ;
- Emmanuel Grégoire, premier adjoint à la Maire de Paris en charge de l’urbanisme ;
- Peio Jorajuria, membre de l'association Alda, qui défend les milieux et quartiers populaires à Bayonne ;
- Valérie Jousseaume, chercheuse en géographie des campagnes, autrice de Plouc Pride, un nouveau récit pour les campagnes (Éditions de l’Aube).
Retrouvez ci dessous des extraits de l'émission
"Je me rappelle du métro que je prenais tous les matins et du bureau gris dans lequel je bossais et j'ai pas du tout envie de retourner dans mon ancienne vie. Je n'ai pas de chef ou de directeur pour me dire quoi faire, c'est moi qui prend les décisions. Je suis complètement indépendante.
J'ai tellement gagné en liberté que les petits inconforts matériels, ça me parait beaucoup moins grave.
(extrait du documentaire "Jeune bergère" de Delphine Détrie)
Emmanuel Grégoire : "Cet exode urbain, on en entend parler depuis longtemps, mais ça n'est pas pour autant que ça se réalise. J'ai en tête un sondage de l'Ifop publié en 1963 qui dit que 65 % des gens vivant dans des villes de plus de 20 millions d'habitants veulent la quitter. Si cela s'était réalisé, ça se saurait aujourd'hui ! […] Il y a un gap entre l'envie et la concrétisation"
Peio Jorajuria : "Ce n'est pas en zone rurale que l'on a une croissance. C'est sur les villes moyennes sur les zones côtières - là où les gens vont aller en vacances.
Maintenant, ils veulent vivre là où avant, ils ne pouvaient qu'aller en vacances".
Emmanuel Grégoire : "L'un des phénomènes inquiétants de la baisse démographique, c'est que ça correspond très factuellement à une baisse du stock de logements disponibles. S'il y a moins de gens qui habitent dans les hyper centres urbains et dans les autres à surfréquentation touristique, comme c'est le cas de la Bretagne, du Pays basque et de la Corse, c'est que des comportements un peu "spoliatifs" (résidences secondaires, investissement locatif touristique...) viennent spolier le marché, le faire diminuer et donc contribue à accélérer l'inflation immobilière. C'est une situation très différente d'une zone rurale qui manque désespérément de dynamique démographique, économique et donc aussi immobilière".
Pour aller plus loin
📚 À lire : Pour en finir avec les grandes villes, Guillaume Faburel, Éditions Le Passager Clandestin (2021)
Programmation musicale
- Visions, Jose Gonzalez (2021)
- Les maisons du sud, Felixita (2021)
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